Hospitalisations et complications attribuables à l'influenza : rapport de l'étude 2011-2012

L'impact de la circulation du virus de l'influenza sur la morbidité hospitalière annuelle est mesuré traditionnellement par l'analyse des cas d'influenza et de pneumonies recensés à l'aide des fichiers administratifs d'hospitalisations et de mortalité et des données de laboratoire de circulation de l'influenza. À partir de ces chiffres, on estime les cas qui sont attribuables à l'influenza. Ces mesures indirectes de la morbidité et de la mortalité liées à l'influenza ne sont cependant pas spécifiques, car elles ne tiennent pas compte de la circulation simultanée d'autres virus respiratoires qui peuvent donner des tableaux cliniques similaires. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a mandaté l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) d'estimer l'excès d'hospitalisations et de complications dues à l'influenza selon les meilleures méthodes disponibles, avec l'objectif de mesurer l'impact annuel de l'influenza au Québec de façon plus exacte. Dans le cadre de cette démarche, il a été jugé nécessaire de conduire une étude prospective avec confirmation virologique chez les patients hospitalisés pour un syndrome d'allure grippale (SAG) dans les hôpitaux de soins aigus. Le présent rapport fait le bilan de la première année de l'étude (2011-2012) chez les patients adultes hospitalisés dans 4 hôpitaux participants, soit l'Hôpital de Chicoutimi, le Centre hospitalier régional de Trois-Rivières, l'Hôpital de la Cité-de-la-Santé de Laval et l'Hôpital du Haut-Richelieu.

Dans le cadre de l'étude, les spécimens obtenus par prélèvement nasal lors d'un dépistage systématique de l'influenza pendant le pic de la saison de l'influenza étaient acheminés au Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) où un test d'amplification d'acides nucléiques en multiplex était utilisé. Cette technique a permis de rechercher simultanément un ensemble de virus respiratoires (le virus de l'influenza A (H1 saisonnier et H3) et B; le virus respiratoire syncytial (VRS); les coronavirus (229E, OC43, NL63, HKU1); les virus parainfluenza 1, 2, 3, et 4; le métapneumovirus humain (hMPV), l'adénovirus, l'entérovirus, le rhinovirus et le bocavirus humain).

Pendant les 10 semaines du pic de la saison influenza 2011-2012 (du 19 février au 28 avril 2012), 402 patients âgés de 18 ans et plus qui présentaient un SAG et qui ont été hospitalisés 24 heures ou plus dans un des hôpitaux participant à l'étude ont eu un dépistage systématique pour le virus de l'influenza; 306 patients ont été inclus dans l'analyse. La médiane de l'âge des patients était de 69 ans, avec une étendue entre 19 et 94 ans. Plus d'un tiers (38 %) des patients avaient 75 ans ou plus; la grande majorité (85 %) présentait au moins une maladie sous-jacente (MSJ). Un virus influenza a été identifié chez 23 % des patients; un autre virus respiratoire a été identifié chez 24 % des patients. La proportion de détection de l'influenza diminuait chez les patients plus âgés, alors que la proportion de détection d'autres virus respiratoires augmentait avec l'âge. Cette tendance de détection de l'influenza restait inchangée après l'ajustement pour le délai de prélèvement, les MSJ et la vaccination contre l'influenza. Les patients avec un virus de l'influenza identifié ne présentaient pas de maladie plus sévère que les autres patients.

L'étude de cette année a démontré la possibilité d'estimer le fardeau de l'influenza et de sa sévérité par rapport à d'autres virus pendant le pic de la saison, la possibilité d'estimer l'efficacité du vaccin saisonnier contre l'influenza à prévenir les hospitalisations, ainsi que la faisabilité d'un mécanisme de vigie en temps réel. La poursuite de l'étude en 2012-2013 permettra d'obtenir un meilleur portrait du fardeau de l'influenza au Québec, notamment en ajoutant la population pédiatrique et conséquemment, d'ajuster les programmes de surveillance et de prévention.

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ISBN (Digital)

978-2-550-67116-9

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