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Un plan de lutte intégrée contre les changements climatiques représente un outil de planification qui énumère à la fois les mesures d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Il rassemble les diverses mesures à prioriser, les raisons et les moyens proposés pour leur mise en œuvre, de même que leurs effets anticipés. Le plan peut inclure des mesures de santé publique comme la sensibilisation, la promotion, le développement de connaissances, la formation, la santé au travail, l’évaluation, les politiques publiques et la surveillance.
Bon à savoir
Un plan peut inclure une seule facette de la lutte contre les changements climatiques, il constituera alors un plan d’adaptation ou un plan d’atténuation. Le plan de lutte intégrée peut aussi se nommer « plan climat ».
Pour l’adaptation, une appréciation des risques climatiques devrait précéder l’élaboration du plan afin de justifier et d’orienter la sélection des mesures. Dans le cas de l’atténuation, un inventaire des gaz à effet de serre (GES) et une analyse du potentiel de réduction des émissions devraient s’effectuer avant son élaboration, afin de pouvoir déterminer les sources les plus émettrices et les interventions les plus porteuses.
Les plans de lutte intégrée peuvent viser plusieurs horizons temporels, échelles géographiques et éléments d’intérêts, comme les populations, les infrastructures ou les écosystèmes. Ces composantes doivent correspondre à celles identifiées lors des étapes de l’appréciation des risques pour assurer la continuité, la cohérence et la pertinence des mesures.
À quoi ça sert?
Le plan de lutte intégrée vient structurer une démarche de lutte contre les changements climatiques pour faciliter sa mise en œuvre et maximiser ses résultats. Ceux-ci incluent la réduction des émissions de GES et des conséquences du climat changeant ainsi que l’amélioration de la résilience. Le plan signale les intentions des parties prenantes et les engage à l’action. Il aide aussi à mieux comprendre leurs attentes, leurs choix et les effets prévus à court et plus long termes des actions envisagées. Enfin, ce document peut servir d’outil de sensibilisation et de transparence auprès de la population ou des autorités. Le plan de lutte intégrée doit être conçu selon les bonnes pratiques (voir la section plus bas) pour en assurer la pertinence et éviter des mesures mal adaptées au contexte.
Étapes de réalisation
Les étapes de réalisation d’un plan de lutte intégrée contre les changements climatiques varient selon les guides, les cadres ou les normes utilisés. Toutefois, plusieurs étapes se répètent parmi ces outils, comme il est montré au tableau 1. L’appréciation des risques climatiques constitue une étape préalable et indispensable à la sélection des mesures et au plan lui-même.
Des balises à suivre
Le ministère de l’Environnement de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs publiera sous peu des lignes directrices destinées aux ministères et aux organismes avec des balises à suivre pour toute démarche d’appréciation ou de gestion des risques.
Étapes générales | Sous-étapes |
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Réaliser les étapes préliminaires |
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Planifier et cadrer le plan |
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Collecter les données et les informations |
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Évaluer les effets potentiels des mesures d’atténuation ou d’adaptation |
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Élaborer un plan de mise en œuvre |
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Évaluer les mesures et mettre à jour le plan |
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Même si elles sont présentées en séquence, les étapes du tableau 1 peuvent se chevaucher, s’effectuer en parallèle et exiger plusieurs itérations, à l’exception des étapes préliminaires qui doivent absolument être complétées en amont. Certaines actions, comme la concertation avec les acteurs pertinents et la gestion des biais ou de l’incertitude, devraient s’intégrer dans tout le processus.
Plusieurs méthodes quantitatives, qualitatives et mixtes existent pour sélectionner et prioriser les mesures d’adaptation ou d’atténuation, dont l’analyse multicritères, l’analyse par scénario et l’analyse coûts-efficacité ou coûts-avantages. Dans la majorité des cas, des critères de sélection devront être établis par les parties prenantes. L’efficacité, l’efficience, l’équité et la faisabilité font partie des critères souvent cités. D’autres comme la flexibilité, le degré de négligence, le niveau de certitude des résultats et les avantages associés (ou cobénéfices) figurent aussi dans la liste des critères potentiels.
Bonnes pratiques
Les bonnes pratiques pour réaliser un plan de lutte intégrée s’apparentent à celles de l’appréciation des risques climatiques, bien que celles pour le plan « atténuation » puissent différer.
Qualité | Description |
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Adapté | Il comporte des objectifs, un processus, un contenu et une forme adaptés aux contextes politique, organisationnel et géographique, aux publics cibles ainsi qu’aux informations et aux ressources disponibles. |
Complémentaire | Il ajoute de l’information à celle existante ou en développement et ne dédouble pas le travail déjà effectué ou à venir. |
Équilibré et réaliste | Il trouve le bon compromis entre les ressources disponibles, l’échéancier, la complexité du problème, la représentativité des résultats et l’adéquation au contexte. |
Itératif | Il intègre des boucles de rétroaction entre les étapes et une mise à jour périodique de ses composantes en fonction des leçons apprises, dans une logique d’amélioration continue. |
Multipartite et interdisciplinaire | Il intègre des acteurs pertinents de plusieurs organisations avec différentes capacités, expertises et intérêts. Il réunit également les savoirs local, autochtone et scientifique. |
Multidimensionnel | Il inclut une diversité de composantes (p. ex. aléas, populations, mesures d’adaptation), en tâchant de faire les liens entre elles. |
Pertinent et opportun | Il comporte des objectifs répondant aux besoins et prévoit les moyens pour les satisfaire à un moment ou d’une façon où les résultats serviront au maximum. |
Prospectif | Il inclut des projections du climat et de la vulnérabilité et comporte plusieurs scénarios pour montrer l’étendue des possibilités. |
Rigoureux et transparent | Rigoureux et transparent Il emploie des informations et des méthodes de qualité minimisant les biais et explique sa méthodologie, ses sources de données et ses limites tout en exposant fidèlement ses résultats et leurs nuances. |
L’intégration systématique des synergies ou des antagonismes entre les mesures d’adaptation et celles d’atténuation pourrait s’ajouter à cette liste (p. ex. les infrastructures vertes réduisent les concentrations de GES dans l’air en plus de réduire les effets sur la santé de la chaleur). Les mesures du plan et leur évaluation devraient aussi considérer simultanément les deux facettes de la lutte contre les changements climatiques, soit l’adaptation et l’atténuation, plutôt que de les diviser.
Pour en savoir plus
À propos des plans d’adaptation
- Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs – Guide de quantification des émissions de gaz à effet de serre (2022)
- Organisation mondiale de la Santé – Cadre opérationnel pour renforcer la résilience des systèmes de santé face au changement climatique (2015)
- Ouranos – Élaborer un plan d’adaptation aux changements climatiques. Guide destiné au milieu municipal québécois (2010)
- Ouranos, ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et ministère de la Sécurité publique – Fiches synthèses régionales d’adaptation aux changements climatiques