Baromètre de l’action climatique 2022
Il n’y a pas si longtemps, on considérait encore les changements climatiques comme un enjeu lointain. Or, l’enquête du Baromètre de l’action climatique 2022 indique qu’au Québec, près de deux personnes sur trois (63 %) ont déjà vécu au moins une perturbation liée aux changements climatiques et cette tendance est à la hausse.
Chercheuse à l’Institut national de santé publique du Québec et corédactrice du rapport, Maxime Boivin souligne que cette nouvelle édition fait aussi ressortir les effets délétères de la crise climatique sur la santé mentale et le bien-être de la population. Par exemple, près de 3 personnes sur 4 (73 %) vivent de l’écoanxiété, une forme d’inconfort psychologique et parfois physique en lien avec les changements climatiques, et ce, parfois à des niveaux élevés. Cette écoanxiété, marquée notamment par des sentiments d’inquiétude, de détresse, d’impuissance et de découragement, est une réaction normale, bien qu’elle affecte négativement le bien-être.
Une action climatique insuffisante
Malgré ces constats, les Québécoises et Québécois demeurent peu nombreux à percevoir les changements climatiques comme une menace élevée pour eux-mêmes (20 %), pour leur famille (24 %) et pour leur localité ou leur municipalité (27 %). Pourtant, 68 % de la population du Québec estime que les changements climatiques représentent une menace élevée pour le monde.
« Les impacts financiers, sanitaires et infrastructurels recensés dans la population en lien avec les changements climatiques sont bien documentés. Pourtant, l’action climatique demeure lente et insuffisante pour freiner la hausse des émissions de gaz à effets de serre. constate Maxime Boivin. Une distance psychologique perdure, les gens ont de la difficulté à comprendre les liens entre leur vécu et les changements climatiques. »
À travers le sondage, on constate que plus les actions sont engageantes sur le plan personnel, moins l’implication et l’acceptabilité sociale sont élevées. Par exemple, même si les gens affirment agir pour le climat de différentes manières (recyclage, consommation responsable, minimisation de la quantité d’énergie utilisée), l’auto solo reste le moyen de transport privilégié lors des déplacements quotidiens et l’implication citoyenne environnementale demeure limitée.
Pourtant, les attentes envers l’engagement environnemental sont élevées. En effet, la grande majorité croit que les entreprises (84 %), le gouvernement fédéral (76 %), le gouvernement provincial (76 %), les individus (76 %) et les municipalités et MRC (70 %) doivent en faire plus en matière d’action climatique.
Oui aux mesures d’adaptation
La population se montre aussi extrêmement favorable à plusieurs mesures d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques comme le verdissement urbain (94 %), l’amélioration de l’offre d’aliments sains à coûts abordables dans les communautés défavorisées (90 %), le renforcement des réseaux de la santé et de la sécurité publique pour mieux les préparer aux catastrophes climatiques (90 %), et plusieurs autres, particulièrement pour protéger les populations les plus vulnérables. Elle tend aussi à croire que le Québec a la capacité d’agir efficacement contre les changements climatiques (80 %).
Le Baromètre de l’action climatique 2022 regorge de plusieurs autres informations pertinentes pour promouvoir l’adoption de mesures d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques au sein de la population.
Pour consulter le rapport complet
Maxime Boivin est chercheuse à l’INSPQ et professeure associée au Département d’information et de communication de l’Université Laval. Elle détient un doctorat en communication publique, où elle s’est intéressée aux changements de comportements relatifs aux problématiques de santé publique. Elle travaille sur la réduction des impacts sociosanitaires des changements climatiques. Ses projets de recherche portent sur l’écoanxiété, le verdissement urbain et la communication des changements climatiques.
Le Baromètre de l’action climatique 2022, publié par le groupe de recherche sur la communication marketing climatique de l’Université Laval, sonde les dispositions des Québécoises et Québécois envers les défis climatiques.