Maladie de Lyme
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Agent causal et transmission
La maladie de Lyme (ML) est causée par une bactérie spirochète, appartenant au complexe Borrelia burgdorferi sensu lato, qui se transmet par la piqûre d’une tique infectée. Plusieurs espèces de Borrelia sont à l’origine de la ML, notamment : Borrelia burgdorferi sensu stricto, Borrelia afzelii et Borrelia garinii. La première espèce est responsable des cas de ML en Amérique du Nord, tandis que les deux dernières sont principalement responsables de ceux en Europe et en Asie.
Bien que plusieurs espèces de tiques aient été répertoriées en Amérique du Nord et partout dans le monde, on estime que quatre espèces du genre Ixodes sont reconnues responsables de la transmission de la bactérie qui provoque la ML, soit I. scapularis au nord-est de l’Amérique, I. pacificus au nord-ouest de l’Amérique, I. ricinus en Europe et I. persulcatus en Asie.
L’Ixodes scapularis, communément appelée tique à pattes noires ou tique du chevreuil, est de loin le vecteur principal de la ML au Québec. La ML est endémique dans les états du nord-est et du centre-nord des États-Unis. La ML a également été recensée en Asie, en Chine et au Japon, mais les données sont parcellaires, voire manquantes dans de nombreux pays. Les données étant imprécises, la ML ne figure plus dans la section Recommandations par pays du Guide d’intervention santé voyage. Les sites des Gouvernements du Canada et du Québec, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis et l’European Center for Disease Control and Prevention (ECDC) en Europe ont cependant des ressources utiles pour les cliniciens.
Les tiques ont trois stades de développement : larve, nymphe et adulte. À chacun des stades, la tique doit se nourrir sur un animal ou un humain pour passer au stade suivant. La larve ne peut pas transmettre la ML. Les régions boisées, les forêts de feuillus et les herbes hautes avec climat tempéré et sol humide constituent l’habitat usuel des tiques. Les climats tropicaux ne seraient pas propices à la transmission de la ML.
Tableau clinique
Les premiers symptômes de la ML apparaissent généralement entre 3 et 30 jours après la piqûre d’une tique infectée. Le symptôme le plus fréquemment rapporté est l’érythème migrant, une rougeur habituellement indolore qui apparait quelques jours après la piqûre, qui s’étend progressivement sur plusieurs jours (critère le plus spécifique) et dont la taille est de 5 cm de diamètre ou plus en général. Des complications articulaires, cardiaques ou neurologiques peuvent parfois survenir si la personne n’est pas diagnostiquée et traitée précocement.
Diagnostic et traitement
Des Outils de transfert de connaissances pour l’aide au diagnostic et au traitement de la maladie de Lyme sont disponibles sur le site de l’Institut national d’excellence en santé et des services sociaux (INESSS) du Québec.
Risques en voyage
Le risque pour le voyageur est généralement faible. Les personnes qui se rendent dans les régions où la maladie de Lyme est endémique, en particulier les campeurs et les randonneurs, sont à plus haut risque d’être exposés et doivent appliquer des mesures de prévention strictes contre les piqûres de tique.
Prévention
Immunisation
Actuellement, il n’y pas de vaccin disponible contre la maladie de Lyme pour les humains. Plusieurs vaccins sont en développement. Pour plus d’informations, voir https://www.niaid.nih.gov/diseases-conditions/lyme-disease-vaccines.
Prévention des piqûres de tiques et de la ML
- Éviter de s’exposer dans les environnements favorables aux tiques (les herbes hautes, les couverts de feuilles mortes dans le bois, etc.) en demeurant sur les sentiers aménagés.
- Utiliser un insectifuge approprié lors des activités à risque.
- Porter des vêtements longs, amples et de couleur pâle. Pour une meilleure protection, les manches devraient être fermées aux poignets, la chemise entrée dans les pantalons et les bas par-dessus les pantalons.
- Effectuer une inspection visuelle de la peau, après une activité extérieure, visant à détecter la présence d’une tique afin de procéder à son extraction, le cas échéant. L’utilisation de pinces fines est habituellement recommandée pour l’extraction des tiques. Il y a avantage à retirer la tique le plus tôt possible, idéalement en dedans de 24 heures après la piqûre. Pour le retrait de la tique, veuillez consulter la page web de Quebec.ca.
- Consulter un médecin en présence de lésions cutanées compatibles avec un érythème migrant. Si une rougeur apparait à l’endroit d’une piqûre de tique moins de 48 heures suivant la piqûre, il s’agit probablement d’une réaction d’hypersensibilité. Ces réactions disparaissent généralement en 24 à 48 heures en appliquant des compresses froides. Il faut considérer l’érythème migrant si la lésion ne disparaît pas et s’agrandit.
Par ailleurs, les vêtements imprégnés de perméthrine sont maintenant disponibles au Canada.
Prophylaxie post-exposition
Dans certaines circonstances, une prophylaxie post-exposition (PPE) pour prévenir la ML pourrait être offerte après une piqûre de tique. La PPE s’applique dans le cas d’un patient asymptomatique avec une histoire de piqûre de tique survenue dans un secteur géographique où la ML est endémique. Les critères à respecter sont décrits dans l’Outil d’aide à la décision développé par l’INESSS.
Quand faut-il envisager une prophylaxie post-exposition
- Piqûre d’une tique en provenance d’un secteur géographique endémique.
- Tique accrochée à la peau plus de 24 h.
- Délai entre le retrait de la tique et la prise de la PPE de moins de 72 h.
- Absence de symptômes évocateurs de la ML.
Le voyageur devrait être avisé de consulter localement s’il croit répondre aux critères de la PPE ou en présence d’un érythème migrant. Même si une PPE a été reçue, la surveillance des symptômes est primordiale principalement dans les 30 premiers jours suivant une piqûre de tique, quoique les symptômes puissent prendre plus de temps à apparaître. L’outil de surveillance des symptômes peut être remis au patient (feuille de suivi-INESSS).
Autres maladies transmises par les tiques
Il faut garder en tête que d’autres pathogènes (fièvres récurrentes, Anaplasma, Babesia, encéphalites virales, etc.) peuvent être transmis par les tiques et qu’une référence en infectiologie peut être recommandée si un patient est symptomatique suite à une piqûre de tique, notamment au retour d’un voyage international.
Références
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Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs