Protection de la santé des occupants lorsqu’une contamination fongique est mise en évidence
De façon générale, il n’est pas fréquent que les occupants doivent quitter les lieux lors de la découverte d’une contamination fongique. Toutefois, lorsque c’est le cas, la décision de retirer les occupants du milieu contaminé est prise en considérant les informations clés présentées ci-dessous, c’est-à-dire sur une base individuelle, selon les données médicales concernant la sensibilité et l’état de santé des occupants (4), ainsi qu’à la lumière des données à propos de l’exposition potentielle des occupants.
Sensibilité et état de santé des occupants
En raison de leur sensibilité ou de leur état de santé, certaines personnes doivent faire l’objet d’une attention particulière lorsqu’une contamination fongique est mise en évidence dans un bâtiment, en particulier celles qui peuvent être affectées plus sévèrement ou voir leur condition s’aggraver par une exposition aux moisissures. Ce groupe inclut les personnes sensibilisées aux moisissures et/ou à d’autres contaminants présents dans le bâtiment investigué, et qui sont susceptibles d’avoir une réaction importante lorsqu’elles y sont exposées (ex. : par la manifestation de symptômes associés à l’asthme, à la rhinosinusite chronique, etc.). Il inclut également les nourrissons et les jeunes enfants, les aînés, les personnes ayant des problèmes respiratoires (asthme, tuberculose, maladie pulmonaire obstructive chronique [MPOC], fibrose kystique, etc.), ainsi que les personnes ayant un système immunitaire affaibli (avec le virus de l’immunodéficience humaine [VIH], en chimiothérapie, patients greffés, etc.) (4,47,48,60).
Ainsi, la présence de personnes sensibles dans le bâtiment requiert une approche plus conservatrice à l’égard de leur protection. Par ailleurs, les occupants qui ont des préoccupations par rapport à leur santé ou qui présentent des symptômes potentiellement associés à l’état des lieux devraient être confiés à un médecin (8,18,27,49). Il pourrait être justifié de retirer une personne de l’environnement contaminé si le médecin a des motifs de croire qu’elle souffre de problèmes de santé possiblement liés à l’état du bâtiment (18). L’University of Connecticut Health Center ajoute qu’une relocalisation devrait également être mise de l’avant dans les cas où la condition de santé semble s’aggraver, particulièrement si elle peut être irréversible (ex. : asthme, pneumopathie d’hypersensibilité) (61).
Pour de plus amples informations :
Le document Tests cliniques disponibles pour l’évaluation des effets potentiels de l’exposition aux contaminants de l’air intérieur sur les symptômes respiratoires reliés à l’asthme chez l’enfant présente une description sommaire de ces tests ainsi que les recommandations des groupes d’experts (INSPQ, 2010).
La Clinique interuniversitaire de santé au travail et de santé environnementale (CISTE) de Montréal facilite l’accès à des ressources spécialisées dans ce domaine. Les médecins de cette clinique peuvent aider à vérifier s’il existe un lien entre les symptômes ressentis par un patient et son environnement (incluant le milieu de travail).
L’article du BISE Médecine du travail et de l’environnement : de la pratique clinique à la santé publique présente davantage d’information sur cette clinique ainsi que sur la discipline de médecine du travail et de l’environnement (INSPQ, 2008).
Exposition potentielle aux moisissures ou à d’autres contaminants
L’évaluation de l’exposition potentielle des occupants peut être complexe. En effet, elle est influencée par divers facteurs qui doivent être examinés afin de prendre une décision éclairée concernant la protection de la santé des occupants. Ces facteurs sont notamment :
- l’ampleur des surfaces atteintes par la contamination fongique. Plus l’étendue de la surface contaminée est importante, plus le potentiel d’exposition des occupants augmente (23). Par exemple, la présence d’un peu de moisissures sur le rebord des fenêtres ne constitue pas une situation inquiétante, mais indique néanmoins que des mesures correctives devraient être apportées (ex. : nettoyer adéquatement les surfaces atteintes, abaisser le taux d’humidité à l’intérieur, changer les fenêtres désuètes ou de mauvaise qualité) (10). À l’inverse, de grandes surfaces contaminées par des moisissures représentent une préoccupation importante de santé publique, en plus de causer des dommages aux matériaux atteints (7). Par exemple, une contamination généralisée des lieux (ex. : contamination importante de plusieurs pièces) milite en faveur d’un retrait des occupants. Ainsi, l’étendue des surfaces affectées par la contamination fongique est un facteur à considérer pour estimer l’importance du problème à l’égard de la santé publique et, possiblement, décider du retrait des occupants du milieu (8).
- le potentiel de dispersion de la contamination vers les espaces occupés, en tenant compte, par exemple, des différences de pression dans le bâtiment, de la proximité des occupants de la zone de contamination, des déplacements d’air par le réseau de ventilation et du degré de confinement de la contamination. À titre d’exemple, la présence d’une contamination fongique à proximité d’une grille ou à l’intérieur des conduits de ventilation peut favoriser sa propagation vers les espaces occupés. Dans ce dernier cas, il est recommandé que des mesures soient prises immédiatement pour éviter la dispersion (ex. : ne pas actionner l’appareil; procéder au nettoyage des conduits) (7). Une contamination fongique dissimulée derrière un mur (non visible lors d’une inspection visuelle non intrusive) est une situation qui peut aussi représenter un risque d’exposition pour les occupants (18), dont l’importance varie selon les circonstances (ex. : selon l’ampleur des surfaces affectées, les différences de pression dans le bâtiment, les activités des occupants, les types de matériaux de construction et leur assemblage, la présence d’orifices, etc.) (13,14).