Proposition d'indicateurs aux fins de vigie et de surveillance des troubles de la santé liés à la chaleur

Les données scientifiques s’accumulent : le climat change, principalement en raison de l’activité humaine, et cette situation met directement en péril la santé des individus. De fait, le réchauffement progressif de la planète et les événements météorologiques extrêmes qui en découlent s’attaquent aux fondements de la santé publique, puisqu’ils peuvent avoir des répercussions sur des éléments aussi cruciaux pour la santé que l’air, l’eau, les denrées alimentaires, le logement ou l’absence de maladie. En outre, les changements climatiques s’arriment de plus en plus à l’expérience quotidienne de monsieur et madame Tout-le-monde, si bien qu’au Québec 24 % des 5 088 personnes interrogées lors d’un sondage téléphonique en 2005 disaient déjà que les événements météorologiques extrêmes altéraient leur état de santé de façon modérée ou majeure.

L’une des grandes conséquences du changement climatique sera la hausse très probable de la fréquence et de la durée des vagues de chaleur. Certes, ces événements ont été rares jusqu’à présent au Québec. S’y préparer demeure, malgré cela, d’une grande importance, car la survenue d’une vague de chaleur peut avoir des conséquences sanitaires particulièrement graves, même dans un contexte de pays développés. À titre d’exemple, en trois semaines, le nombre de décès dus à la vague de chaleur de 2003 en Europe s’est chiffré à 14 802 personnes en France, 7 000 en Allemagne, 4 200 en Espagne, 4 000 en Italie, 2 045 en Grande-Bretagne, 1 400 aux Pays-Bas, 1 300 au Portugal et 150 en Belgique. Plus près de nous, la vague de chaleur ayant frappé l’état de la Californie du 15 juillet au 1er août 2006 a entraîné 16 166 visites aux urgences et 1 182 hospitalisations en excès comparativement aux quelques semaines en amont et en aval de la canicule.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2009b), l’une des principales démarches à entreprendre pour prévenir ou atténuer les effets sanitaires néfastes liés aux événements météorologiques extrêmes, comme les vagues de chaleur, est le développement d’un système de veille sanitaire (vigie) et d’un système de surveillance continue de l’état de santé et de ses déterminants. Le développement de tels systèmes constitue justement l’axe 1 du volet santé du Plan d’action sur les changements climatiques (PACC) actuellement mis en place par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) à la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Ces systèmes d’information seront accessibles dans chacune des régions sociosanitaires, dans le but de les soutenir, si elles le désirent.

Le présent rapport contribue à l’axe 1 du PACC. Il vise principalement à proposer un ensemble d’indicateurs à intégrer au système de veille et d’avertissement précoce lors de chaleur accablante (vigie) et au système de surveillance des troubles de la santé liés à la chaleur. Il est composé de trois sections. La première section présente succinctement la méthodologie utilisée pour la revue de la littérature, quelques définitions, puis des précisions sur la façon de regrouper les indicateurs dans ce texte. La deuxième section rapporte les principaux résultats issus de la recension des écrits, en plus de proposer quelques éléments de réflexion. Quant à la troisième section, elle conclut brièvement l’ensemble de ce travail et présente quelques recommandations.

Auteur(-trice)s
Fassiatou O. Tairou
Institut national de santé publique du Québec
Diane Bélanger
Ph. D., Institut national de la recherche scientifique et Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Québec
Pierre Gosselin
M.D., MPH, Institut national de santé publique du Québec, Institut national de la recherche scientifique
ISBN (électronique)
978-2-550-58748-4
ISBN (imprimé)
978-2-550-59706-3
Notice Santécom
Date de publication