Bulletin d'information toxicologique (juin 2018)

Volume 34, Numéro 1

5 juin 2018
Pierre-André Dubé, Anne-Éricka Vermette-Marcotte

Un toxidrome est un regroupement de signes et de symptômes qui caractérisent une intoxication par une classe spécifique de substances toxiques. Suivant l’examen physique complet d’un patient intoxiqué, le clinicien sera peut-être en mesure d’identifier un toxidrome et potentiellement la substance ou la classe de substances causant le plus probablement la symptomatologie. Cet éditorial décrit les principaux toxidromes classiques ainsi que les toxidromes Hazmat (produits dangereux). 

5 juin 2018
Isabelle Bilodeau, Olivier Jacques-Gagnon, Pierre-André Dubé

Le syndrome sérotoninergique résulte d’une toxicité sérotoninergique. Il est souvent causé par la combinaison de médicaments ou d’autres substances agissant sur la synthèse ou le métabolisme de la sérotonine ou encore sur sa relâche ou sa recapture au niveau de la synapse. Quoique la plupart des cas rapportés se résolvent simplement par le retrait des agents en cause, certains agents peuvent entraîner de graves complications, voire le décès du patient, si le problème n’est pas rapidement diagnostiqué et pris en charge. C’est pourquoi il importe que les professionnels de la santé soient au fait des symptômes à surveiller chez leurs patients et de la façon optimale de prendre en charge ce type de toxicité. Les deux cas de syndrome sérotoninergique dont il est question dans le présent article ont été suivis par le Centre antipoison du Québec.

5 juin 2018
Roseline Miron Pichet, Daniel Chouinard, Ann-Sophie Maltais, Mireille Gagnon-Gervais, Lenode Gracia

Le traitement initial usuel du syndrome cholinergique comprend l’administration d’atropine intraveineuse. Le présent article fait toutefois état d’un cas de syndrome cholinergique traité temporairement par du tropicamide dans une région isolée d’un pays en développement. Ainsi, un enfant de 6 ans présentant un syndrome cholinergique s’est rendu dans un centre de santé d’Haïti. L’affection avait tout d’abord été traitée comme un sepsis, puis après quatre heures d’intervention, le diagnostic de syndrome cholinergique a été posé. En l’absence d’atropine, l’équipe de soins a administré au jeune patient 13 ml d’une solution ophtalmique de tropicamide de 1 % par voie intrarectale. L’amélioration initiale de la condition de l’enfant a permis son transfert dans un centre de soins plus avancés. Par la suite, une dose d’atropine lui a été administrée en raison de la réapparition des symptômes. Toutefois, 18 heures après l’administration du tropicamide et peu de temps après l’administration de l’atropine, l’enfant est décédé. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce décès, dont un probable effet de vieillissement et l’inefficacité de l’atropine utilisée. Par ailleurs, il faut noter que le cas décrit dans cet article est le premier cas de syndrome cholinergique traité par une médication ophtalmique anticholinergique rapporté dans la littérature scientifique. De fait, lorsque les ressources sont limitées, ou dans l’éventualité où se produirait un incident comportant un grand nombre de victimes et que l’atropine intraveineuse serait insuffisante ou indisponible, l’usage de cette solution de rechange pourrait être indiqué.

5 juin 2018
Madeleine Genest, Éric Villeneuve

Les médicaments anticholinergiques sur ordonnance ou en vente libre entraînent un nombre important d’intoxications nécessitant parfois une prise en charge par de nombreux intervenants. Les toxidromes causés par ces médicaments peuvent parfois être réfractaires aux mesures de soutien et aux benzodiazépines; dans certains cas, l’administration de la physostigmine est inappropriée considérant le contexte clinique et les effets indésirables potentiels de ce produit. Pour cette raison, l’emploi d’autres agents thérapeutiques pourrait être indiqué. D’ailleurs, Cowan et collab. ont publié une série de cas concernant l’utilisation de la dexmédétomidine lors de la survenue de toxidromes anticholinergiques. Pour contrôler l’agitation, le délirium ou les hallucinations réfractaires, les équipes soignantes ont donné une infusion de 0,5 mcg/kg/h de dexmédétomidine aux deux patients dont il est question dans cette publication. Dans les deux cas, les symptômes ont été maîtrisés dans les 30 minutes suivant le début de l’infusion. Il faut mentionner que les auteurs n’ont rapporté aucun effet indésirable. Toutefois, malgré les effets bénéfiques potentiels de l’emploi de la dexmédétomidine pour traiter un toxidrome anticholinergique, seuls quelques rapports de cas ont été publiés dans la littérature scientifique à ce propos, et la présence d’un biais de publication ne peut être exclue. Par ailleurs, l’utilisation de la dexmédétomidine nécessite une prise en charge par une équipe multidisciplinaire, une surveillance étroite ainsi qu’une hospitalisation dans une unité de soins intensifs.

Le Bulletin d’information toxicologique (BIT) est une publication conjointe de l’équipe de toxicologie clinique de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et du Centre antipoison du Québec (CAPQ). La reproduction est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite. Les articles publiés dans ce bulletin d'information n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs et non celle de l'INSPQ ou du CAPQ.

ISSN : 1927-0801