Bulletin d'information toxicologique (novembre 2015)

Volume 31, Numéro 4

25 novembre 2015
Magali Labadie, Sandra Sinno-Tellier, Jamel Daoudi, Ingrid Blanc, Patrick Nisse

Les expositions domestiques à l’eau de Javel, aux polychloroisocyanurates présents dans les produits ménagers ainsi qu’à leurs produits de dégradation en milieu acide ou ammoniaqué sont fréquentes, mais elles sont peu évaluées. Une étude rétrospective concernant les cas d’exposition à ces produits enregistrés par les Centres Antipoison et de Toxicovigilance (France) sur une période d’un an a été réalisée. En 2011, 5 452 cas d’exposition ont été répertoriés (57 % de ces cas étaient symptomatiques), et l’âge médian des personnes exposées était de 25 ans. L’exposition était accidentelle dans 93 % des cas, dont 70 % concernaient une ingestion. Dans 33 % des cas, l’exposition concernait des enfants de moins de 5 ans; les symptômes les plus fréquents notés pour ces enfants étaient : des vomissements (59 %), de la toux (10 %) et de l’irritation oropharyngée (8 %), toutefois aucune séquelle n’a été rapportée. Chez les personnes exposées âgées de plus de 5 ans, les symptômes les plus souvent notés étaient : des douleurs et de l’irritation oropharyngées (41 %), de la toux (26 %) et des vomissements (13 %). En tout, 74 cas graves (1,3 %) ont été identifiés (70 % d’origine accidentelle et 30 % attribuables à une conduite suicidaire), néanmoins aucun décès n’a été rapporté.

25 novembre 2015
Pierre-André Dubé, Pierre Olivier Monast

Jusqu’à maintenant, les nouveaux anticoagulants oraux n’avaient aucun antidote spécifique dans le cas d’un surdosage ou de la présence de saignements, ou encore pour renverser leur effet anticoagulant lors d’une chirurgie urgente. Cet article présente les données disponibles à ce jour sur le premier antidote du dabigatran récemment commercialisé, c’est-à-dire l’idarucizumab. Selon les données recueillies au cours de la rédaction de la présente revue de la littérature portant sur cet antidote, il ne semblait pas justifié à ce moment d’en recommander d’emblée l’administration aux patients se présentant en centre hospitalier en raison de la prise intentionnelle de surdoses de dabigatran ou d’une exposition non intentionnelle à ce médicament lorsqu’il n’y a pas de saignement majeur. L’idarucizumab est particulièrement intéressant pour renverser le plus rapidement possible l’anticoagulation suivant la prise de dabigatran étexilate chez les patients devant subir une chirurgie d’urgence ou encore présentant des saignements majeurs. Toutefois, des études avec des résultats cliniques sont nécessaires, car, pour l’instant, les études chez l’humain ne rapportent que des résultats analytiques.

25 novembre 2015
Éric Villeneuve, Sophie Gosselin

L’utilisation de la physostigmine à titre d’antidote est controversée depuis plusieurs années. Watkins et collab. ont entrepris une analyse rétrospective d’une base de données afin d’évaluer l’utilisation de la physostigmine lors d’intoxications par des substances ayant des effets anticholinergiques. Le recours à la physostigmine en thérapie unique diminue la fréquence d’intubation. Cependant, il y aurait augmentation de la rhabdomyolyse lorsque la physostigmine est utilisée seule ou en combinaison avec des benzodiazépines ou d’autres traitements. Antérieurement, la physostigmine était surtout employée lors d’intoxications par des agents à effets mixtes comportant une composante anticholinergique. Son utilisation devrait demeurer restreinte à un groupe de patients bien déterminé.

25 novembre 2015
Monique Dorval, Olivier Jacques-Gagnon

Deux récents cas de décès répertoriés par le Centre antipoison du Québec suivant l’ingestion volontaire de colchicine soulèvent des questions quant aux dangers reliés à la plus grande disponibilité de cette molécule. En effet, la quantité de comprimés remis au patient est souvent suffisante pour causer la mort lorsqu’elle est ingérée en une seule fois. La publication cette année d’une méta-analyse soulignant l’efficacité de la colchicine dans le traitement de la péricardite fait craindre une augmentation de l’incidence des cas d’intoxication aiguë par cet alcaloïde. Le but de cet article est de résumer les éléments importants reliés à la toxicité de la colchicine tout en sensibilisant les médecins et les pharmaciens à la possibilité de limiter la disponibilité de cette molécule à domicile.

25 novembre 2015
Amélie Cossette-Côté, Pierre-André Dubé

Le rôle des thérapies d’épuration extracorporelle (ECTR) demeure incertain pour les cliniciens dans le traitement des intoxications en raison de l’absence d’évidences solides dans la littérature. Ce constat a conduit le groupe de travail EXtracorporeal TReatments In Poisoning (EXTRIP) à se donner pour mandats notamment la réalisation de revues systématiques sur l’utilisation des ECTR dans le traitement des intoxications et, toujours en ce qui concerne les cas d’intoxication, la formulation de recommandations quant aux indications et au choix d’une ECTR, et à l’établissement de critères visant l’arrêt de ce type de thérapie. De janvier 2014 à juillet 2015, des lignes directrices ont été publiées par ce groupe qui recommande notamment le recours à une ECTR sous certaines conditions lors d’intoxications graves par l’acétaminophène, les barbituriques, la carbamazépine, le lithium, la metformine, le méthanol, la phénytoïne, les salicylates, la théophylline et l’acide valproïque. Toutefois, il recommande de ne pas entreprendre d’ECTR lors d’intoxications par les antidépresseurs tricycliques. Ces différentes lignes directrices d’EXTRIP peuvent orienter les cliniciens dans la prise en charge de leurs patients intoxiqués.

Le Bulletin d’information toxicologique (BIT) est une publication conjointe de l’équipe de toxicologie clinique de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et du Centre antipoison du Québec (CAPQ). La reproduction est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite. Les articles publiés dans ce bulletin d'information n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs et non celle de l'INSPQ ou du CAPQ.

ISSN : 1927-0801