Définitions

Suicide

L’OMS définit le suicide comme un acte qui consiste à se donner délibérément la mort [1]. Depuis quelques années, à l’échelle internationale, plusieurs rapports sur le sujet ont parlé de « suicide complété » pour identifier les décès par suicide. Cette expression a remplacé celle de « suicide réussi », qui est actuellement considérée comme inappropriée puisqu’on ne veut pas qualifier un décès par suicide de réussite. Aujourd’hui, on a tendance à utiliser simplement le mot « suicide » ou les mots « mort par suicide » au lieu de « suicide complété ».

Tentative de suicide

Le terme « tentative de suicide » désigne tout comportement suicidaire non mortel et tout acte d’auto-intoxication, d’automutilation ou d’autoagression, avec intention de mourir ou pas [1]. Il s’agit d’une définition dont la portée est plus large que celle utilisée dans un grand nombre de recherches, qui distinguent souvent l’automutilation avec intention de mourir de celle sans cette intention. Dans les faits, les recherches en Europe ont davantage tendance à regrouper tout comportement autodestructeur sous la rubrique « deliberate self-harm » (c’est-à-dire des conduites automutilatrices ou blessures auto-infligées). En Amérique du Nord et dans d’autres pays, les recherches divisent généralement ces comportements en deux catégories, soit l’automutilation sans intention suicidaire et les tentatives de suicide. Dans le présent chapitre, nous adoptons l’approche nord-américaine, qui différencie les tentatives de suicide et les comportements d’automutilation sans intentions suicidaires.

Idéations suicidaires

Les idéations suicidaires réfèrent aux pensées (cognitions) ou à l’intention de s’enlever la vie. Les recherches indiquent que ce sont les idéations « sérieuses » qui sont davantage associées au risque de tentative de suicide et de suicide. Certaines recherches incluent une gamme de comportements et de pensées suicidaires sous la rubrique « comportements suicidaires », qui peuvent inclure les idéations suicidaires, la planification du suicide, la tentative de suicide et le suicide.

Comprendre les liens entre le suicide et la violence

Selon Freud (1917), les comportements suicidaires constituent une façon d’exprimer des pulsions destructrices, qui peuvent être exprimées envers autrui ou envers soi-même [3,4]. Dans cette perspective, les individus qui adoptent des comportements de violence envers autrui auraient moins tendance à être suicidaires, les personnes suicidaires exprimant leurs pulsions destructrices envers elles-mêmes. Cependant, en général, les recherches n’appuient pas nécessairement la théorie de Freud, plus particulièrement dans les pays de l’Ouest où Freud a formulé ses théories.

En effet, à partir des principales recherches qui ont analysé la corrélation entre les taux de suicide et les taux d’homicide, la force et le sens de l’association sont variables selon les études et les régions comparées. Nous pouvons conclure qu’en Europe un plus haut taux d’homicide est associé à un plus haut taux de suicide, mais cette relation n’est pas présente dans plusieurs autres parties du monde. Certaines recherches ont même démontré une relation inverse entre les taux de suicide et d’homicide dans les régions de l’Asie-Pacifique et des Amériques. Notons cependant que dans ces études, il y a toujours un risque d’erreur écologique : en effet, les corrélations entre ces données populationnelles n’indiquent pas si les individus avec comportements suicidaires sont ceux qui sont plus ou moins à risque de commettre des homicides, et vice-versa.

Par ailleurs, les recherches indiquent que les personnes incarcérées ont un risque suicidaire plus élevé que la population en général [5,6]. En outre, les études qui comparent les prisonniers qui font des tentatives ou qui meurent par suicide à ceux qui n’ont pas de tels comportements indiquent que les premiers ont plus de comportements associés à la violence envers autrui [7,8]. À l’opposé, le fait d’être victime de violence dans la population en général est un facteur de risque de suicide [5,9,10]. En somme, les recherches indiquent que tant les auteurs que les victimes de violence sont plus à risque suicidaire, et que le suicide est plus présent dans les milieux de vie où il y a plus de violence [11,12].