Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik 2004 : prévalence et nature de la violence sexuelle au Nunavik

Nombreux sont les membres de la communauté inuite à s’être montrés préoccupés par le taux d’agression sexuelle au Nunavik. L’objectif de l’Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik de 2004 était, entre autres, de recueillir de l’information sur la prévalence de l’agression sexuelle au Nunavik ainsi que sur les caractéristiques des victimes. Au total, 856 adultes ont répondu aux questions de la section sur l’agression sexuelle du questionnaire confidentiel d’où sont tirés les présents résultats.

Les résultats de l’enquête révèlent qu’un adulte sur trois a été victime d’agression sexuelle au cours de son enfance et une personne sur cinq à l’âge adulte. Environ une femme sur deux affirme avoir été soumise à une activité sexuelle forcée, ou une tentative d’activité sexuelle forcée, alors qu’elle était mineure. Une femme sur quatre a vécu la même situation à l’âge adulte. La prévalence de l’agression sexuelle chez les hommes pendant l’enfance et l’âge adulte est aussi importante : un homme sur cinq rapporte avoir été victime d’agression sexuelle pendant l’enfance et un sur huit rapporte avoir été forcé ou confronté à des avances en vue d’une activité sexuelle forcée à l’âge adulte.

La violence sexuelle au sein de la famille est très fréquente au Nunavik. L’agression sexuelle par un membre de la famille (autre que le/la conjoint(e)) touche un tiers des hommes et des femmes victimes d’agression sexuelle pendant l’enfance ou l’âge adulte. La violence familiale, exprimée sous forme d’agression sexuelle de la part d’un conjoint actuel ou antérieur, est aussi préoccupante. Le tiers des femmes victimes d’agression sexuelle ont été agressées par leur conjoint ou ex-conjoint et un homme sur six a été victime d’agression sexuelle de la part de sa conjointe ou ex-conjointe. L’agression sexuelle ne se limite pas au contexte familial ou à celui du couple. De nombreux adultes affirment avoir été victimes d’agression sexuelle de la part d’amis, de collègues ou d’étrangers au cours de leur enfance ou à l’âge adulte.

La communauté du Nunavik est aux prises avec un important problème d’agression sexuelle qui touche tant les enfants que les adultes ; des gens de tous les âges ont été victimes d’agression sexuelle pendant l’enfance ou l’âge adulte. Les chiffres confirment que le problème s’étend à toutes les périodes de la vie et qu’aucun groupe d’âge n’y est à l’abri. Les femmes et les hommes ne sont cependant pas touchés de la même façon par l’agression sexuelle lorsqu’on pense à l’agression de la part d’un conjoint ou de la part d’étrangers, d’amis, de connaissances.

Confrontée à cette situation, la communauté inuite désire établir une tradition de prévention et d’intervention pour aborder le problème de l’agression sexuelle. Lors de l’enquête de 2004, les résidents du Nunavik ont été amenés à suggérer des solutions à ce problème, solutions qui ont été regroupées en quatre catégories: 1) l’adoption d’une approche communautaire pour aborder le problème de l’agression sexuelle, 2) la nécessité pour la victime de parler de l’agression, 3) le mérite de sanctions, comme outil préventif, à la suite d’une agression sexuelle, et 4) la nécessité pour les parents d’assumer un rôle de guide et de protecteur auprès de leurs enfants.

Auteur(-trice)s
Louis Rochette
Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
Notice Santécom
Date de publication