Validité de deux instruments de mesure des caractéristiques des habitations liées à la qualité de l'air intérieur

Les Québécois passent la majeure partie de leur temps à l'intérieur, principalement à leur domicile. Ils y sont donc potentiellement exposés à divers contaminants durant de longues périodes de temps. Parmi les agents qui peuvent être observés en milieu résidentiel intérieur, la présence de moisissures et l'humidité excessive sont ceux les plus fréquemment signalés aux directions de santé publique et aux municipalités. Or, ceux-ci ont été associés à l'apparition ou à l'aggravation de divers problèmes de santé, dont les allergies et l'asthme.

Dans ce contexte, il est apparu qu'une meilleure connaissance de la situation au Québec permettrait d'apprécier l'ampleur et les caractéristiques du problème et ainsi, d'identifier des pistes d'action possibles. Cependant, bien que de l'information parcellaire soit disponible, les données existantes s'avèrent insuffisantes pour dresser un portrait précis de la situation pour l'ensemble des habitations québécoises. La possibilité de réaliser une enquête à l'échelle populationnelle afin d'établir ce portrait a donc été explorée. Des difficultés méthodologiques diverses ont cependant été identifiées, le choix d'un instrument de mesure à la fois valide et pratique s'étant avéré particulièrement complexe.

Ce projet-pilote a donc été réalisé afin de déterminer l'instrument de mesure à privilégier entre le questionnaire téléphonique et la visite d'inspection. L'objectif de l'étude était de vérifier la validité de convergence de ces deux instruments de mesure, c'est-à-dire leur capacité de produire des résultats similaires, ainsi que d'évaluer les coûts et les contraintes liés à leur utilisation.

L'étude préliminaire a été menée auprès de la population de l'agglomération de Longueuil en raison de la grande variété de profils démographiques et socioéconomiques de sa population. Un total de 50 répondants était requis pour vérifier la reproductibilité des instruments de mesure pour chacun des types d'habitations. Les participants devaient répondre à un questionnaire téléphonique portant essentiellement sur les caractéristiques de leur résidence ainsi que sur la présence de moisissures. Ils devaient aussi accepter que des inspecteurs visitent leur domicile pour observer la même série de caractéristiques.

Le projet auquel 49 personnes ont participé, dont 25 habitant une résidence unifamiliale et 24, un logement, a été réalisé en avril 2004. Les résultats obtenus font ressortir une bonne concordance entre les deux instruments seulement pour les caractéristiques techniques des résidences telles que le milieu environnant, le type et l'âge de construction, le type de chauffage, etc. De plus, en ce qui concerne les caractéristiques liées à l'humidité excessive ou aux moisissures, la concordance observée entre les résultats obtenus à l'aide des deux instruments de mesure est nulle pour la majorité des variables étudiées. Seule la variable indiquant s'il y avait présence ou non de moisissures concordait faiblement (kappa = 0,279, p ≤ 0,05) alors qu'aucune concordance n'était observée dans les situations où les surfaces déclarées étaient importantes (≥ 5 pi2, entre 5 et 9 pi2 ou ≥ 10 pi2).

Ce projet-pilote n'a donc pas permis d'établir la validité des deux outils à l'étude pour mesurer les moisissures dans les résidences. D'autres outils ou d'autres méthodologies devront être utilisés si un portrait provincial devait être dressé.

De plus, des difficultés importantes de recrutement ont été mises en évidence. Des stratégies de recrutement plus intensives, possiblement associées à des incitatifs, devront donc être mises en place si une éventuelle étude visant à établir un portrait à l'aide de ce type d'approche était menée.

Il faut cependant réévaluer la pertinence de réaliser un tel portrait. En effet, la publication d'avis scientifiques sur les risques pour la santé associés aux moisissures et de la ligne directrice de Santé Canada sur les moisissures a contribué à faire évoluer notre compréhension de la situation, dans une perspective de santé publique. Ainsi serait-il à propos de se questionner quant à la pertinence d'obtenir un portrait plus précis de la contamination des habitations québécoises par les moisissures comme étant préalable à une éventuelle action de santé publique.

Auteur(-trice)s
Linda Pinsonneault
Direction de santé publique de l'Estrie
Jean-Marc Leclerc
M. Sc., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-54320-6
ISBN (imprimé)
978-2-550-54319-0
Notice Santécom
Date de publication