Utilisation du Dominique Interactif à des fins de dépistage de masse des problèmes de santé mentale des enfants de 6 à 11 ans

Pour Jean-Pierre Valla et son équipe, l’utilisation de l’instrument Dominique interactif s’inscrit à l’intérieur d’un projet d’ensemble visant la réduction de la détresse psychologique des enfants, lequel projet fait appel à leur participation, ainsi qu’à celle du milieu scolaire et de la communauté. Dans leur projet, ils souhaitent proposer un continuum d’actions de promotion de la santé mentale et de prévention, d’interventions précoces et d’interventions curatives. Ils désirent remplacer l’approche individuelle en aval des problèmes par une approche communautaire intersectorielle en amont centrée sur l’environnement, sans exclure les interventions individuelles auprès des enfants qui présentent des problèmes de santé mentale.

La proposition de Valla et ses collaborateurs s’inscrit également dans le contexte des préoccupations actuelles au Québec de mieux répondre aux besoins des enfants et des jeunes et de prévenir qu’un nombre croissant d’entre eux ne développent des problèmes de santé mentale. D’après l’Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans, plus de 20 % des enfants de ce groupe d’âge présenteraient des problèmes de santé mentale (Valla et coll, 1994).

Cet avis discutera de la pertinence, d’un point de vue de santé publique, du dépistage de masse des problèmes de santé mentale chez les enfants par l’utilisation du Dominique interactif. Tout d’abord, il présentera l’intérêt de privilégier les interventions de promotion de la santé mentale, notamment par le renforcement des stratégies intersectorielles comparables à ce que préconisent Valla et ses collaborateurs.

Les chercheurs et les intervenants en santé mentale croient de plus en plus nécessaire de renforcer la prévention par des activités de promotion de la santé mentale dans les divers milieux de vie (Barry, 2001; Desmarais et coll., 2000; Mrazek, 1998). « La promotion de la santé mentale vise l'accroissement du bien-être personnel et collectif en développant les facteurs de robustesse et les conditions favorables à la santé mentale. Son action porte sur les déterminants de la santé plutôt que sur les facteurs de risque, et vise la population générale ou des sous-groupes particuliers » (Blanchet et coll., 1993).

Les activités de promotion de la santé mentale sont non seulement nécessaires et bénéfiques à l’ensemble de la population, mais elles permettent aussi d’accroître les effets favorables des activités de prévention, de traitement et de réadaptation. De nombreuses études rapportent une diminution significative de plusieurs problèmes psychosociaux comme la dépression, le suicide, la délinquance, l’abus de substances, le décrochage scolaire, l’absentéisme, la violence, la grossesse à l’adolescence lorsque les programmes mettent l’accent sur la promotion de la santé mentale (International Union for Health Promotion and Education, 2000; Tilford, Delaney and Vogels, 1997; Health Promotion Wales, 1996; Pransky, 1991).

Beaucoup de travail reste à faire en matière de promotion de la santé mentale. Il faudra notamment renforcer les collaborations entre les secteurs de la recherche, de l’intervention et des politiques publiques pour assurer le développement, l’implantation et l’évaluation de pratiques de promotion de la santé mentale pour l’ensemble de la population ou certains groupes, en particulier les jeunes.

Quant au dépistage de masse des problèmes de santé mentale, et quel que soit le groupe d’âge auquel il s’adresse, on ne retrouve pas dans la littérature scientifique d’expériences solidement évaluées. L’Institut national de santé publique du Québec ne peut donc pas appuyer la mise en oeuvre, au Québec, d’un programme de dépistage de masse des problèmes de santé mentale chez les enfants de 6 à 11 ans.

Type de publication
ISBN (imprimé)
2-550-38943-3
Notice Santécom
Date de publication