Les risques de transmission d'infection liés à la présence de seringues et d'aiguilles à des endroits inappropriés

Même si la littérature indique que le risque de contracter une hépatite ou encore le VIH suite à une piqûre survenue avec une seringue/aiguille laissée dans l’environnement est très faible en comparaison du risque encouru par les travailleurs de la santé, exposés à des piqûres accidentelles, cette problématique suscite d’importantes préoccupations pour les populations exposées à un tel risque. Malgré le faible risque de contamination à partir de seringues laissées à la traîne dans un lieu public, les conséquences émotionnelles et les coûts associés aux soins de santé engendrés par ce genre d’accident justifient à eux seuls qu’on se penche sur cette question. Cet avis doit permettre de préciser ce risque et émettre un avis en fonction des données disponibles et d’un point de vue de santé publique.

Notons que, dès l’implantation des premiers sites d’échange de seringues, le principal argument invoqué en opposition à ces programmes était la crainte de retrouver des seringues usagées dans l’environnement. Malgré le fait que ces programmes soient reconnus pour leur efficacité dans la prévention de la transmission du VIH et du VHC et que des données qualitatives et quantitatives indiquent que ces programmes ne font pas augmenter le nombre de seringues laissées à la traîne, les responsables du Centers for Diseases control (CDC) estiment qu’ils représentent tout de même un danger potentiel d’infection pour les membres d’une communauté.

Synthèse

En résumé, rappelons qu’un seul cas de transmission d’infection liée à une piqûre accidentelle avec une seringue/aiguille laissée dans l’environnement a été rapporté chez un jeune enfant en 1997. Il s’agissait d’un cas d’hépatite B et ce, malgré le fait que le cas index était connu VIH positif et en l’absence de toute intervention. Toutefois, il est probable que ce genre d’incident soit sous-rapporté. D’ailleurs, aucune mesure précise n’encadre la déclaration des piqûres accidentelles qui surviennent à l’extérieur d’un cadre de travail et les seringues souillées trouvées dans les lieux publics ce qui rend ce phénomène difficilement quantifiable.

Notons que toutes les données sur les risques de transmission portent sur les travailleurs de la santé et qu’aucune étude similaire n’a été réalisée auprès de personnes exposées aux seringues à la traîne dans l’environnement. Par ailleurs, les études réalisées auprès des travailleurs de la santé montrent que la profondeur de la blessure et la présence de sang frais sont des facteurs importants dans la transmission. Autrement, les risques sont peu élevés, et ce, même chez les travailleurs de la santé exposés à des objets tranchant ou piquant sans blessure profonde. De plus, il faut noter que les accidents avec des seringues trouvées dans l’environnement impliquent généralement des blessures superficielles. Il importe toutefois de rappeler que les études portant sur le sujet demeurent limitées en nombre.

En conclusion, bien que les risques soient très faibles en ce qui concerne le VIH et faible en ce qui concerne les hépatites B et C, la littérature nous invite à être prudent. D’ailleurs, même s’il n’y a pas de position précise sur les seringues à la traîne dans l’environnement, cette préoccupation est omniprésente dans les documents préparés par le Conseil national australien sur le sida, l’hépatite C et les infections associées et dans la stratégie des quatre piliers de la ville de Vancouver. Il faut tenter de mieux documenter la situation et prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que des seringues soient laissées dans des endroits inappropriés, quelque soit la provenance de ces seringues, puisqu’elles représentent une nuisance publique et expose les travailleurs autres que ceux des établissements de santé à des piqûres accidentelles. Même si tous les cas ne nécessitent pas de prophylaxie, tous les cas nécessitent un « counselling » et un suivi sérologique. Ces mesures sont coûteuses et génèrent stress et attente chez ceux qui se blessent.

Recommandations

  • Intensifier les mesures afin que toutes piqûres accidentelles sur des seringues trouvées dans l’environnement fassent l’objet d’une attention particulière quant au « counselling », à la prophylaxie post-exposition lorsque indiquée, au suivi et au dénombrement des cas;
  • S’intéresser aux personnes diabétiques qui génèrent une portion importante d’aiguilles/seringues et qui en disposent souvent dans les déchets domestiques;
  • Explorer la faisabilité de mettre en place des mesures qui permettent la récupération sécuritaire de toutes les seringues quelque soit leur usage ou leur provenance afin de réduire le risque d’accident.
Type de publication
ISBN (imprimé)
2-550-44063-3
Notice Santécom
Date de publication