Vaccination contre la COVID-19 chez les jeunes âgés de 5 à 11 ans au Québec

L’objectif de cet avis scientifique est d’évaluer la pertinence de la vaccination des enfants de 5-11 ans contre la COVID-19 en analysant le fardeau de la maladie, les caractéristiques du vaccin (immunogénicité, efficacité et sécurité), l’impact potentiel de la vaccination pour les jeunes et les autres groupes d’âge, de même que l’acceptabilité, la faisabilité et les aspects éthiques reliés à une telle vaccination.

Considérations

  • Le fardeau sanitaire de la COVID-19 chez les jeunes de 5-11 ans n’est pas élevé en termes d’hospitalisations et de décès. Deux cent huit hospitalisations avec la COVID-19 (dont 64 pour la COVID-19) ont été constatées et aucun décès n’a été rapporté au Québec parmi les presque 78 000 cas confirmés dans ce groupe d’âge depuis le début de la pandémie, en date du 12 mars 2022.
  • Le syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant (SIME) peut survenir chez les enfants qui ont fait la COVID-19, quoiqu’il demeure rare (incidence cumulée de 2 à 7 cas pour 100 000 enfants).
  • La COVID-19 longue a été décrite chez les jeunes enfants, mais son incidence n’est pas connue.
  • La COVID-19 et les interventions de prévention et de contrôle associées peuvent avoir des conséquences psychosociales importantes chez les jeunes de 5 à 11 ans et leurs familles (fermetures scolaires, isolement, absentéisme, problèmes de santé mentale, etc.).
  • Le vaccin à ARN messager (ARNm) contre la COVID-19 de Pfizer-BioNTech a été autorisé au Canada le 19 novembre 2021 pour les 5 à 11 ans avec un dosage pédiatrique réduit (10 µg au lieu de 30 µg). Le vaccin à ARNm contre la COVID-19 de Moderna a été autorisé au Canada le 17 mars 2022 pour les 6 à 11 ans avec un dosage réduit (50 µg au lieu de 100 µg).
  • Dans les essais cliniques, l’efficacité à court terme de deux doses des vaccins pédiatriques de Pfizer-BioNTech (10 µg) et de Moderna (50 µg) a été d’environ 90 % pour prévenir la COVID19 chez les 5-11 ans, dans une période de dominance du variant Delta. Cette efficacité est plus faible en présence du variant Omicron.
  • La fréquence des réactions locales et systémiques chez les jeunes enfants était globalement plus élevée avec le vaccin de Moderna qu’avec celui de Pfizer-BioNTech, mais cette différence est difficile à interpréter étant donné les devis différents des deux études.
  • Il n’y a pas eu de cas de myocardite ni de SIME rapporté chez les enfants de 5 à 11 ans vaccinés pendant les essais cliniques des deux vaccins à ARNm. Des données émergentes indiquent un risque plus faible de myocardite chez les enfants de 5-11 ans que chez ceux de 12 ans et plus, et lorsqu’un intervalle allongé entre les deux doses est utilisé. Une incidence plus élevée de myocardites a été observée avec le vaccin de Moderna par rapport au vaccin de Pfizer-BioNTech chez les 12 ans et plus. On ne peut exclure que cette différence soit aussi présente chez les enfants de moins de 12 ans.

Recommandations

  • Le CIQ recommande que la vaccination contre la COVID-19 soit offerte à tous les jeunes âgés de 5 à 11 ans qui ne présentent pas de contre-indication.
  • Le CIQ recommande d’utiliser un intervalle allongé de 8 semaines ou plus entre les deux doses prévues de vaccin à ARNm.
  • Le CIQ recommande de privilégier l’utilisation du vaccin de Pfizer-BioNTech dosé à 10 µg chez les enfants de 5 à 11 ans. Les parents d’un enfant de 6 à 11 ans qui voudraient le vaccin de Moderna dosé à 50 µg pourraient se prévaloir de cette possibilité, après qu’ils aient été informés qu’on ne peut exclure un risque légèrement plus élevé de myocardite avec ce vaccin. L’utilisation du vaccin de Moderna pourrait notamment être considérée pour certains enfants immunosupprimés étant donné l’excellente réponse immunitaire humorale qu’il procure et la possibilité d’une efficacité vaccinale plus élevée avec ce vaccin.
  • Il sera primordial de communiquer clairement les justifications sur lesquelles s’appuient les recommandations et d’informer adéquatement les parents sur les avantages et les risques potentiels associés à la vaccination pour une décision éclairée. Il conviendrait d’éviter de pénaliser un jeune de 5 à 11 ans sur la base de son statut vaccinal.