Le test sanguin de prolifération lymphocytaire au béryllium (BeLPT) : de la théorie à la pratique

Un premier cas de bérylliose chronique attribuable à une exposition professionnelle a été découvert en 1998 dans la province de Québec. À la suite de cet événement, le réseau québécois de la santé et des services sociaux, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et leurs partenaires ont entrepris la mise en place d’interventions visant l’identification des établissements où on retrouve du béryllium et l’évaluation des expositions des travailleurs dans ces établissements. Les résultats préliminaires de cet inventaire révélaient qu’il existe plusieurs établissements au Québec où des travailleurs sont exposés ou potentiellement exposés au béryllium. Ce constat a alors amené la CSST et ses partenaires à mettre en branle des interventions de réduction de l’exposition à la source et a soulevé la question du bien-fondé d’implanter un programme de dépistage de la bérylliose chronique afin d’identifier précocement les travailleurs asymptomatiques affectés par cette maladie.

C’est dans cette foulée que l’Institut national de la santé publique a été mandaté pour faire une revue de littérature concernant le test sanguin de prolifération lymphocytaire au béryllium (BeLPT). Le présent document fait une synthèse des principaux éléments permettant de se positionner sur la pertinence d’utiliser le BeLPT dans le cadre d’un programme de dépistage. Cette publication s’inscrit dans une démarche de documentation de la problématique du béryllium au Québec qui se poursuit encore aujourd’hui.   

À la lumière de cette revue de littérature et sur la base des critères du National Screening Committee et de Halperin et Frazier, on peut conclure que, selon l’état actuel des connaissances, on ne peut recommander l’implantation d’un programme de dépistage de la bérylliose.

Quelle que soit la méthode utilisée, nous avons constaté que plusieurs critères requis avant d’implanter un programme de dépistage n’étaient pas totalement satisfaits et que, par voie de conséquence, on ne peut recommander l’implantation d’un programme de dépistage de la bérylliose chronique avec le BeLPT. Les éléments qui nous imposent une certaine réserve sont ceux ayant trait aux performances du test de même qu’à l’absence de démonstration du bénéfice du retrait de l’exposition sur l’évolution de la maladie et de l’efficacité d’un traitement précoce. Cette dernière exigence peut être remplacée par l’utilité de l’utilisation du test pour la prévention primaire chez d’autres personnes exposées. Nous désirons cependant souligner que, même si ces effets bénéfiques ne sont pas démontrés, ils sont plausibles et on n’a pas fait la démonstration qu’ils n’existaient pas. Compte tenu des effets positifs présumés du traitement précoce et du retrait de l’exposition chez les personnes sensibilisées, le BeLPT devrait être disponible sur une base individuelle. En effet, il est bon de rappeler que l’utilisation d’un test de dépistage sur une base individuelle n’a pas besoin de répondre à tous les critères dans la mesure où le processus respecte l’autonomie du travailleur dans son choix de passer ou non le test après un counselling qui lui permettra de prendre une décision éclairée. Ainsi, on doit renseigner le travailleur sur l’existence de ce test, ses contraintes, les effets bénéfiques de son utilisation dans un contexte individuel de même que des conséquences négatives qui pourraient en résulter.

Les connaissances évoluent, des efforts ont été faits pour améliorer les performances du test et nul doute que l’avenir pourrait être prometteur pour l’utilisation du test BeLPT à l’intérieur d’un programme de dépistage.

Par ailleurs, même si les critères nécessaires à l’implantation d’un programme de dépistage ne sont pas tous rencontrés, le BeLPT a démontré son utilité comme outil de diagnostic et il est beaucoup plus facile maintenant de différencier les cas de bérylliose chronique des cas de sarcoïdose.

Pour le moment, la recension des écrits supporte encore l’avis que nous avions donné en avril 2002. Il faudra être très alerte pour surveiller l’évolution des connaissances dans le domaine et ne pas hésiter pour mettre à jour cet avis selon les circonstances. 

Auteur(-trice)s
Maurice Poulin
Institut national de santé publique du Québec
Sylvie Ricard
Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (imprimé)
2-550-42623-1
Notice Santécom
Date de publication