Surveillance des souches de Neisseria gonorrhoeae résistantes aux antibiotiques dans la province de Québec - Rapport 2001

Le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) offre aux établissements du réseau de la santé des programmes de surveillance de laboratoire ciblant, entre autres, les infections causées par le méningocoque, le pneumocoque, la salmonelle, le streptocoque β-hémolytiques du groupe A, Escherichia coli O157:H7, Haemophilus influenzae et Listeria monocytogenes, ainsi que la tuberculose, la gonorrhée, la grippe et autres infections respiratoires virales, la maladie de Lyme et le VIH, le tout en collaboration avec les laboratoires des centres hospitaliers.

Le programme de surveillance a permis, en 2001, de mettre en évidence les points suivants:

  • Parmi les 104 laboratoires à qui nous avons envoyé un questionnaire mensuel, 61 ont indiqué avoir eu au moins un cas de Neisseria gonorrhoeae en 2001, nous permettant d'établir le nombre total à 829 souche-patients.
  • De ces 61 laboratoires, 48 nous ont fait parvenir 454 souches (54,8 %) des 829 cas signalés pour fins d’analyse de sensibilité aux antibiotiques dont une large proportion est résistante à la pénicilline (33 %) et/ou la tétracycline (37 %).
  • On constate que la grande majorité des laboratoires participants font caractériser les souches qui présentent un certain degré de résistance. Dans les faits, seulement 28 (6,2 %) des 453 souches analysées au LSPQ en 2001 se sont avérées sensibles à tous les antibiotiques testés.
  • Parmi les points importants, notons la progression du nombre global de cas d’infections à N. gonorrhoeae et ce pour la deuxième année consécutive. Si la proportion des souches productrices de β-lactamase est à la baisse, on note cette année une augmentation de la résistance à la ciprofloxacine avec 24/453 souches analysées trouvées résistantes comparativement à 4/488 en 2000. Dix de ces souches sont également productrices de β-lactamase alors que 6 montrent aussi une résistance plasmidique à la tétracycline (4 NGPP et 2 non-NGPP). Ceci nous amène à constater l’apparition de nouveaux profils de multirésistance non observés au Québec jusqu'à présent.

La détermination de la résistance à la ciprofloxacine demeure primordiale pour tout isolat de Neisseria gonorrhoeae issu d’un patient qui aurait acquis l’infection lors d’un voyage dans des endroits où l’incidence de la résistance aux quinolones est élevée (1,5,6,8,11,12,13). Cette précaution est de mise compte tenu de l’utilisation, par certains laboratoires, de l’amplification génique (PCR, LCR) comme technique de détection du gonocoque, ce qui empêche l’accès à ces souches pour fins de détermination de la résistance aux antibiotiques.

Dans le contexte où le profil de la résistance des souches de Neisseria gonorrhoeae évolue constamment, il demeure opportun de favoriser l’utilisation de la culture. Les laboratoires qui effectuent déjà, en pratique courante, des épreuves de sensibilité pour Neisseria gonorrhoeae devraient déterminer la sensibilité à la ciprofloxacine (2,3,4,9,10). Heureusement, toutes les souches caractérisées jusqu'à présent au LSPQ demeurent sensibles à la ceftriaxone et par le fait même, à la céfixime.

Auteur(-trice)s
Type de publication
ISSN (électronique)
1921-670X
ISSN (imprimé)
1714-5368
Notice Santécom
Date de publication