La violence conjugale : portrait et pistes d’action

Un rapport de l’INSPQ sur les décès survenus au Québec dans un contexte de violence conjugale jette un éclairage révélateur sur les circonstances de ces décès. Au cours de la période à l’étude, soit entre 2008 et 2018, 165 personnes sont décédées dans un contexte lié à la violence conjugale dont 82 étaient des victimes directes, 27 étaient des victimes collatérales et 56 étaient les agresseurs. En moyenne, il s’agit donc de 16,5 décès par an liés à la violence conjugale, ce qui correspond à plus d’un décès par mois. Au-delà des conjoints directement impliqués, la dynamique de violence a aussi des conséquences néfastes sur l’entourage immédiat, en particulier chez les enfants d’âge mineur qui constituent la majorité des victimes collatérales. Il est important de noter que seuls les décès pour lesquels l’investigation par un coroner était terminée ont fait l’objet de cette étude, ce qui explique que des données plus récentes ne figurent pas dans ce rapport. Derrière ces chiffres préoccupants se dessinent toutefois des pistes de solution.

Un phénomène qui touche particulièrement les femmes et les enfants

Le type de décès le plus fréquent en situation de violence conjugale est l’homicide de la victime et de son enfant. Il survient généralement dans les cas où l’agresseur cohabite avec la victime, lorsque celui-ci présente des antécédents de violence conjugale envers sa partenaire actuelle ou lorsque le couple a connu une séparation récente. En outre, les femmes constituent le groupe le plus vulnérable en contexte de violence conjugale puisque la quasi-totalité (98 %) des victimes de violence conjugale décédés se compte parmi elles, et que leurs agresseurs sont généralement des hommes.

Des signaux d’alarme

Les décès surviennent souvent dans les relations où il y a des antécédents connus de violence conjugale, rappelant que la violence conjugale compromet la sécurité des victimes. Dans environ 1 cas sur 10, la victime ou l’agresseur avait demandé ou reçu des services sociaux ou de santé avant le décès. Par ailleurs, un quart des victimes de violence conjugale avait été en contact avec des policiers concernant des événements de violence. On peut y lire des signaux avant-coureurs auxquels il vaudrait la peine de s’attarder dans une perspective de prévention.

Des pistes de solution

À travers ce portrait, il est possible d’identifier des pistes d’action pour réduire les décès liés à la violence conjugale au Québec. Celles-ci reposent notamment sur la prévention de la violence conjugale qui passe entre autres par la mise en place d’initiatives ciblant la réduction des inégalités de genre et des stratégies de sensibilisation à la violence conjugale, afin de diminuer la banalisation et la tolérance sociale à la violence. De plus, la violence conjugale et les situations à risque d’homicide et de suicide doivent faire l’objet de détection précoce. Ceci implique de mettre à profit les différents intervenants des services publics comme les policiers, les professionnels de santé et de services sociaux ainsi que les organisations œuvrant auprès des parents ou ex-conjoints lors d’une séparation. Enfin, le développement des connaissances concernant les facteurs de risque et de protection est aussi essentiel en vue d’une prise en charge du problème en amont.

Les services de police sont les premiers répondants dans les situations de violence conjugale de nature criminelle. Les policiers et les policières sont formés pour intervenir rapidement auprès des victimes et des personnes violentes selon des techniques d’approche qui permettent de sécuriser les personnes, de calmer la situation ou de maîtriser une personne dangereuse. En cas de doute, n’hésitez jamais à faire le 9-1-1. Au besoin, vous pouvez aussi faire appel à SOS Violence conjuguale disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, en composant le 1 800 363-9010.

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14 mai 2021