Des gains encore possibles en sécurité routière : perspective de santé publique

Les représentants de l’INSPQ présentaient le 2 mars dernier à Québec un mémoire dans le cadre de la consultation La sécurité routière : ça nous concerne tous!,  menée par la Société de l’assurance automobile du Québec et le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports. Selon le Dr Pierre Maurice, chef de l’unité scientifique Sécurité, prévention de la violence et des traumatismes, « le bilan routier québécois s’est certes beaucoup amélioré depuis les années 70; toutefois, il est encore possible de faire des gains en sécurité routière, et cela au profit de l’ensemble de la population ».

Pour l’Institut, il est souhaitable de renforcer les mesures de sécurité routière déjà en place, car les acquis sont fragiles, comme en font foi certaines données récentes. On assiste en effet à un plafonnement des progrès en matière d’alcool au volant. La vitesse demeure également un facteur de risque important puisque 70 % des infractions entraînant des points d’inaptitude entre 2010 et 2014 étaient liées à des excès de vitesse.

De plus, d’autres juridictions obtiennent un meilleur bilan routier. De 2012 à 2014, le taux de décès par traumatisme routier était de 3,9 par 100 000 habitants au Québec comparativement à 3,5 en Ontario, 3,4 aux Pays-Bas et 2,8 en Suède et en Grande-Bretagne. « Durant cette période, si le Québec avait eu un taux de décès égal à celui de l’Ontario, cela aurait permis d’éviter 39 décès, en moyenne, chaque année, pour passer de 377 à 338 décès », estime le Dr Pierre Maurice.

Agir au-delà du Code de la sécurité routière

Pour améliorer le bilan routier, l’Institut recommande d’investir davantage aux plans des transports collectifs et actifs, de manière à réduire la dépendance à l’automobile solo. « Une diminution du nombre total de kilomètres parcourus par les véhicules motorisés entraîne une baisse du risque de décès et de blessures pour tous les usagers du réseau routier », croit le docteur Maurice.

En outre, l’Institut propose une approche intégrée de planification des systèmes de transports et de l’aménagement du territoire, en particulier dans les grands centres urbains. L’approche favoriserait une prise en compte de l’ensemble des enjeux qu’il s’agisse de sécurité routière, de pollution de l’air, du bruit, de la sédentarité, de la fluidité des déplacements et du développement économique. À son avis, la mise en place d’une structure de gouvernance intersectorielle s’inscrirait tout à fait en cohérence avec la Politique gouvernementale de prévention en santé adoptée récemment.  

« L’augmentation de la capacité routière par le développement de nouvelles infrastructures n’est pas une solution aux problèmes de mobilité et de sécurité, constate Pierre Maurice. Il est démontré qu’une telle augmentation ne fait que remettre à plus tard les problèmes de congestion sur le réseau routier. »  

En plus de l’augmentation de l’offre de moyens de transport collectif et actif, l’Institut propose dans son mémoire plusieurs mesures devant être renforcées au chapitre des comportements des usagers et des infrastructures. Ces mesures ont fait l’objet de recherches démontrant leur efficacité. Elles concernent notamment l’alcool au volant, la vitesse, la sécurité des cyclistes et des piétons ainsi que la réduction des points de conflits entre les usagers du réseau routier. « Les mesures touchant les infrastructures sont particulièrement efficaces et ont l’avantage d’entraîner des changements durables pour tous les usagers de la route », conclut le docteur Pierre Maurice.

Pour consulter le mémoire.

Pour consulter l'allocution.

2 mars 2017