Traquer les facteurs de risque

La recherche des facteurs de risque est un concept-clé dans la lutte aux ITSS au Québec puisqu’elle permet un dépistage efficace et une intervention préventive adaptée. Ce fait est bien connu en théorie. Or, un questionnement pratique demeure : comment effectuer une recherche efficace de facteurs de risque chez un individu?

Pour dépister les différentes ITSS, une partie de votre rôle consiste à évaluer le risque de transmission. Les données épidémiologiques indiquent que certains groupes sont plus à risque de contracter certaines ITSS. Votre évaluation doit s’appuyer à la fois sur les caractéristiques sociodémographiques des personnes qui vous consultent et sur la recherche de comportements à risque tels que relations sexuelles non protégées, partenaire anonyme, usage d’alcool, de drogue par injection, relations sexuelles entre hommes, etc. Alors que l’identification des premiers éléments peut être assez simple, l’investigation des seconds peut présenter certains défis. Voici quelques pistes pour les relever.

Aller au-delà du visible

Il n’est pas rare qu’une personne ignore ses propres facteurs de risque ou qu’elle ne ressente aucun symptôme lié à une ITSS. Pour ces raisons et parce que les facteurs de risque ne sont pas étiquetés chez les gens, le professionnel de la santé se doit de questionner toute personne sexuellement active qui le consulte.

Cette évaluation systématique des facteurs de risque maximise l’orientation vers un test de dépistage et la mise en place d’un suivi médical pour toute personne qui en a besoin. Le tableau ITSS à rechercher selon les facteurs de risque décelés disponible dans le Guide québécois de dépistage des ITSS vous guide dans cette évaluation.

Établir une relation de confiance

Pour favoriser le dévoilement des facteurs de risque, le professionnel de la santé devrait s’assurer de faire son évaluation dans un esprit d’ouverture et de non jugement. Certains des comportements à risque sont marginalisés, jugés défavorablement ou réprimandés dans notre société, ce qui peut entraîner une stigmatisation.  Ainsi, alors que certaines personnes n’éprouvent aucune gêne à dévoiler leurs comportements, d’autres peuvent être très réticentes à le faire.

En étant proactif dans la recherche de facteurs de risque et l’offre de dépistage des ITSS, vous pouvez favoriser le diagnostic et le traitement précoce des ITSS, ce qui contribue grandement à briser la chaîne de transmission et à combattre l’Épidémie silencieuse.

Outils devant guider la recherche de facteurs de risque

Guide québécois de dépistage des ITSS

Les personnes engagées de près ou de loin dans le dépistage, la prévention, le counseling et le traitement liés aux ITSS peuvent compter sur une mise à jour du Guide québécois de dépistage des ITSS et des outils d’aide à la pratique clinique.

Outre le Guide de dépistage, cette importante refonte concerne le Supplément - Dépistage du VIH dans les points de service à l'aide de trousses de dépistage rapide ainsi que les nombreux outils d'intervention préventive relative aux ITSS, dont l’estimation du risque associé aux activités sexuelles, le tableau des prélèvements et des analyses de laboratoire recommandés chez les personnes asymptomatiques et le tableau des ITSS à rechercher selon les facteurs de risque décelés.

Produit par le Service de lutte contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang (SLITSS) du MSSS, ce nouveau guide est le fruit des efforts de très nombreux experts, dont les membres du Comité ITSS (CITSS), du Comité sur les analyses de laboratoire en lien avec les ITSS (CALI), du Groupe de travail sur la criminalisation de l'exposition au VIH et du Groupe de travail chargé de la refonte de ce guide.

L'épidémie silencieuse. Les infections transmissibles sexuellement et par le sang

Quatrième rapport national sur l’état de santé de la population du Québec. Ce document a été élaboré conjointement par la Direction du développement des individus et de l’environnement social du ministère de la Santé et des Services sociaux et l’Institut national de santé publique du Québec, sous la direction d’Alain Poirier et d’André Dontigny.

Thème

On pouvait croire les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) contrôlées, elles reviennent pourtant en force. Très répandues, parfois lourdes de conséquences, sous-estimées, souvent banalisées, parfois ignorées, les ITSS constituent un problème important de santé publique priorisé dans ce quatrième rapport national sur l’état de santé de la population.

Ce rapport dévoile la situation des ITSS au Québec ces dernières années et invite le réseau de la santé et des services sociaux et ses partenaires à se mobiliser pour mener ou accentuer différentes actions ciblées visant à renverser la tendance.

Public cible

Le rapport s’adresse d’abord aux acteurs de santé publique et plus largement, aux acteurs du système de santé et de services sociaux, à leurs partenaires ainsi qu’à la population en général. Le document constitue une source pertinente d’information et d’inspiration sur l’action à entreprendre, tant pour les décideurs et les gestionnaires que pour les professionnels et les intervenants.

De lecture facile, le rapport est accessible à un public de non-initiés. Il se veut aussi un instrument de mobilisation de la collectivité et des individus, tous concernés à divers degrés par la lutte contre les ITSS.

Faits saillants

Les ITSS ont connu une importante recrudescence au cours des dix dernières années. Le rapport signale qu’environ 40 000 Québécois, surtout des jeunes, ont reçu en 2010 un diagnostic d’ITSS (chlamydiose, gonorrhée, syphilis, VIH, virus du papillome humain et herpès) et que si rien n’est fait, l’histoire pourrait se répéter l’an prochain. Les conséquences des ITSS peuvent être aussi graves que l’infertilité, la cirrhose du foie, une déficience immunitaire chronique et divers types de cancer.

Le présent rapport insiste sur l’exigence, au bénéfice de la santé de la population, de se préoccuper des groupes les plus touchés :

  • les jeunes;
  • les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes;
  • les personnes utilisatrices de drogues par injection;
  • les Autochtones;
  • les personnes originaires d’un pays où l’infection est endémique;
  • les personnes incarcérées;
  • les travailleurs du sexe.

Ces groupes sont, pour la plupart, sans voix et sans demande de services. Les rejoindre représente un réel défi pour les acteurs de la santé et des services sociaux. Il est nécessaire d’élaborer pour eux des interventions appropriées de promotion de la santé, de prévention des infections et d’organisation de services adaptés.

Si le rapport souligne les gains réalisés jusqu’à maintenant dans la lutte contre les ITSS grâce à l’engagement des acteurs de différents secteurs, il exhorte également à revoir les façons de faire et à créer une interdépendance accrue entre les acteurs en cause. En suivant sept stratégies bien identifiées, il invite à faire plus et mieux pour prévenir, dépister et traiter les ITSS.

Rédigé par
Marie-Claude Drouin, coordonnatrice du Comité sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang (CITSS)
Sujets :
Date de publication : 10 octobre 2011