Analyse des données probantes sur le travail en ambiance chaude et ses effets sur les issues de grossesse

Par l'analyse et la synthèse des données scientifiques publiées, ce document investigue l'association entre le travail en ambiance chaude et les issues défavorables de grossesse chez les travailleuses exposées à cette contrainte.

Les données de physiologie et les recensions d'études chez l'animal ont été révisées. Les études épidémiologiques chez les femmes enceintes qui travaillent en ambiance chaude ont été consultées ainsi que celles chez les femmes enceintes exposées à d'autres sources exogènes de chaleur (canicule, utilisation de saunas, de baignoires à remous, de couvertures chauffantes ou de lits d'eau chauffés). Les données sur les femmes enceintes exposées à de la chaleur endogène (fièvre) ont également été répertoriées.

Les issues défavorables de grossesse recherchées ont été : les anomalies congénitales, les avortements spontanés, les accouchements avant terme, les faibles poids de naissance, les insuffisances de poids pour l'âge gestationnel et les mortinaissances.

La qualité méthodologique des études a été évaluée afin de déterminer les résultats de validité acceptable. Les conclusions ont ensuite été établies par l'utilisation d'un schème méthodologique pour la classification des niveaux d'évidence, développé par le Groupe de référence grossesse-travail.

Des données sur le coup de chaleur chez les femmes enceintes, ainsi que les recommandations d'organismes réglementaires et officiels en matière de santé et sécurité au travail ont également été recherchées.

Sur la base des données de physiologie et des études chez l'animal, il existe une plausibilité biologique d'un effet de la chaleur sur les issues défavorables de grossesse.

Sur sept études portant sur l'exposition des travailleuses enceintes à la chaleur, quatre ont été jugées acceptables du point de vue méthodologique. Leurs résultats orientent vers la suspicion qu'il n'y a pas d'augmentation du risque de faibles poids de naissance chez les enfants de mères ayant travaillé en ambiance chaude. Pour les autres issues de grossesse, vu le nombre restreint d'études ou la divergence des résultats, on dispose de données insuffisantes pour conclure.

Treize études ont été identifiées sur l'impact d'autres expositions à la chaleur exogène. Neuf de ces études se sont avérées acceptables du point de vue méthodologique. Leurs résultats orientent vers la suspicion qu'il n'y a pas d'augmentation du risque d'accouchements avant terme chez les femmes enceintes exposées. Pour les autres issues de grossesse, vu la divergence des résultats, on dispose de données insuffisantes pour conclure.

Les études sur l'effet de l'hyperthermie maternelle d'origine endogène (fièvre) étaient plus nombreuses et les résultats d'une méta-analyse publiée récemment ont été utilisés. Selon notre analyse de ses résultats, il existe une évidence suffisante d'une augmentation du risque d'anomalies congénitales du système nerveux central (défauts de fermeture du tube neural). Des réserves s'imposent toutefois quant à l'extrapolation des études sur la fièvre à la travailleuse en ambiance chaude. Dans l'hyperthermie d'origine endogène (fièvre), on ne peut exclure la contribution d'autres facteurs sur l'effet étudié : action directe de l'agent infectieux sur le fœtus, perturbations métaboliques maternelles liées au processus infectieux, changements nutritionnels secondaires à l'infection ou prise de médicaments.

En résumé, les études actuelles ne permettent pas de conclure à un effet du travail en ambiance chaude sur les issues défavorables de grossesse, bien que les études sur l'effet de la fièvre maternelle présentent une évidence suffisante du potentiel tératogène de cette exposition.

Par ailleurs, en consultant les publications des organismes réglementaires ou officiels, nous n'avons identifié aucun seuil limite de température ambiante devant s'appliquer aux travailleuses enceintes, explicitement appuyé sur des principes physiologiques. Sur la base de la «nbsp;pénibilité ou de la dangerositénbsp;», la Suisse a légiféré sur un niveau de 28 ºC à ne pas dépasser chez les femmes enceintes qui travaillent à l'intérieur. Des mesures générales de prévention existent pour la prévention du coup de chaleur pour l'ensemble des travailleurs. Elles représentent un minimum à appliquer pour éviter le coup de chaleur chez les travailleuses enceintes.

ISBN (Digital)
978-2-550-53771-7
ISBN (Print)
978-2-550-53770-0
Santecom Number
Date de publication