Influenza aviaire : transmission et tableau clinique
Agent causal
Les virus de l’influenza
Les virus de l’influenza (grippe) sont des virus à ARN de la famille des Orthomyxoviridae. Quatre (4) types de virus de l’influenza sont connus : A, B, C et D. On classifie les sous-types de virus de l’influenza A, selon deux protéines retrouvées à la surface du virus :
- L’hémagglutinine (H), dont il existe 18 sous-types ET
- La neuraminidase (N), dont il existe 11 sous-types.
La combinaison de ces différents sous-types permet de classifier les virus de l’influenza A (p. ex.: influenza A H1N1 ou H5N1). Chaque sous-type (p. ex.: H1N1) peut par la suite être subdivisé en différents clades et sous-clades.
Influenza saisonnière : Des virus de l’influenza de type A et B circulent chez l’humain chaque année. Ces virus sont transmissibles d’un humain à l’autre et évoluent régulièrement par des mutations progressives.
Influenza zoonotique : Des virus de l’influenza A circulent chez les animaux (oiseaux, porcs, etc.). Bien que ceux-ci puissent occasionnellement être transmis à l’humain à la suite d’un contact étroit avec un animal infecté, ils sont difficilement transmissibles d’humain à humain. Les virus de l’influenza zoonotique sont surveillés car ils peuvent, par recombinaison avec d’autres virus de l’influenza zoonotique ou saisonnière, générer des virus d’influenza pandémique.
Influenza pandémique : Les virus de l’influenza pandémique surviennent quand des virus de l’influenza zoonotique se recombinent entre eux ou avec des virus de l’influenza saisonnière. Ces réassortiments peuvent se produire chez l’animal ou chez l’humain, et donner lieu à un nouveau sous-type de virus, transmissible d’humain à humain. Comme la population n’est pas immune à ce nouveau virus, il peut se répandre rapidement. Cela a été le cas, par exemple, lors de la pandémie de sous-type H1N1 en 2009.
Les hôtes
Les virus de l’influenza zoonotique sont habituellement nommés en relation avec l’espèce d’animal qu’ils infectent principalement : influenza aviaire, influenza porcine, influenza équine, etc.
Les oiseaux sauvages aquatiques sont le réservoir naturel pour la plupart des virus de l’influenza aviaire. Par exemple, certaines espèces de canards peuvent excréter du virus dans leurs intestins et leurs voies respiratoires sans être très symptomatiques. Puisque souvent il s’agit d’oiseaux migrateurs, ils peuvent disséminer assez rapidement le virus d’un endroit à l’autre. Ces virus sont contagieux et peuvent ainsi rendre malades et tuer d’autres espèces d’oiseaux, notamment la volaille. On classe la pathogénicité des clades de l’influenza aviaire (hautement pathogène (IAHP), faiblement pathogène (IAFP)) selon la sévérité de la maladie et la létalité chez la volaille. Cette pathogénicité n’est pas corrélée à la pathogénicité chez l’humain.
Les virus de l’influenza aviaire peuvent aussi infecter d’autres animaux (par exemple des mammifères) qui se nourrissent d’oiseaux sauvages ou dont l’environnement est contaminé par les excréments de ceux-ci.
La suite de ce chapitre sera consacrée uniquement aux virus de l’influenza zoonotique de type aviaire.
Transmission
Transmission oiseaux-humains
La transmission du virus de l’influenza aviaire des oiseaux aux humains est rare, puisque le virus se transmet difficilement à l’humain.
La transmission se fait habituellement par :
- Contact direct : contact avec un animal vivant ou mort, comme lors de l’abattage, le plumage, la manipulation des carcasses, la préparation pour la consommation de la volaille;
- Contact indirect : contact avec l’environnement contaminé par les oiseaux. Par exemple, des particules virales soulevées dans l’air durant le balayage du sol contaminé avec des déjections d’oiseaux;
- Contamination alimentaire : Quelques cas anecdotiques ont été associés à la consommation de sang cru de volaille contaminée. La cuisson des aliments éliminerait les risques.
Transmission entre animaux
Au cours de l’épizootie d’influenza aviaire IAHP H5N1 du clade 2.3.4.4b qui sévit depuis 2020, de nombreux mammifères ont contracté la maladie. Des mammifères tant terrestres (ratons laveurs, ours, loups, lynx, coyotes, etc.) que marins (loutres, phoques, dauphins, etc.) ont été contaminés. En 2024, plusieurs bovins ont été contaminés dans des fermes laitières aux États-Unis.
Transmission mammifères-humain
Bien que rare, la transmission à l’humain du virus de l’influenza aviaire est également possible via les mammifères infectés. Quelques cas humains ont été rapportés sur des fermes bovines américaines en 2024.
Par ailleurs, le virus de l’influenza aviaire A H5N1 a été détecté par test d’amplification des acides nucléiques (TAAN) dans plusieurs produits laitiers de vache aux États-Unis en 2024. Cependant le virus détecté a été considéré non viable par la Food and Drug Administration (FDA). La pasteurisation serait donc efficace pour inactiver le virus. Le virus n’a pas été retrouvé dans la viande de bovins. En date de septembre 2024, le virus n’a pas été retrouvé dans les fermes bovines ni dans le lait au Canada.
Transmission interhumaine
La transmission interhumaine de l’influenza aviaire est excessivement rare. Quelques grappes de transmission interhumaine ont été rapportées parmi les membres de familles vivant sous le même toit mais aucune transmission interhumaine soutenue n’a été documentée. Par ailleurs, aucune transmission interhumaine du clade 2.3.4.4b de l’IAHP H5N1 n’a été documentée jusqu’à maintenant. Cependant, tel que mentionné précédemment, les virus de l’influenza aviaire peuvent subir des modifications génétiques et acquérir la capacité de se transmettre de façon soutenue entre humains ce qui pose un risque de pandémie.
Tableau clinique
La présentation clinique de l’influenza aviaire chez l’humain est variable. Chez certaines personnes, l’infection est asymptomatique. D’autres personnes présenteront une conjonctivite ou un syndrome grippal, qui se traduit par de la fièvre, de la toux, un mal de gorge, des douleurs musculaires ou articulaires et/ou des symptômes gastro-intestinaux. Des complications peuvent survenir, comme une pneumonie pouvant mener à une hospitalisation, et même parfois au décès. Des présentations sévères et inhabituelles ont été rapportées, notamment des myocardites et des encéphalites.
Le traitement de l'infection comprend les soins de support et les traitements antiviraux. Ces derniers sont utilisés selon la sévérité clinique.