Symptômes dépressifs

Patient Health Questionnaire – 9 items (PHQ-9)

Le PHQ-9 est l’instrument que recommande le comité d’experts pour estimer, à partir d’une enquête, les symptômes de dépression (Fiche 3, Questionnaire 2). Il permet de recueillir de l’information sur la présence et l’intensité (sévérité) des symptômes dépressifs au cours des deux dernières semaines. Une revue de la littérature a permis d’estimer des propriétés psychométriques acceptables lorsque le seuil standard de 10 est utilisé (version anglophone de l’instrument) (Pettersson et al., 2015). Il est le seul instrument recommandé par les auteurs de cette revue de la littérature pour le dépistage de cas; c’est le MINI qui est recommandé pour émettre un diagnostic de dépression (Pettersson et al., 2015).

Il existe une version à 2 items (PHQ-2), qui permet seulement de dépister la dépression sans aucune indication sur la sévérité des symptômes. Cette version à 2 items donne de bons résultats, mais elle permet plutôt d’identifier avec une plus grande certitude ceux qui ne souffrent pas de dépression (sensibilité jusqu’à 97 %, spécificité jusqu’à 67 %, VPP1 de 38 %, VPN2 de 93 %) (Maurer, 2012). Ainsi, il est préférable de continuer le questionnaire avec la version à 9 items lorsque le répondant répond positivement aux 2 premières questions.

Une version pour adolescents, le PHQ-A, est aussi disponible. Similaire au PHQ-9, il présente un vocabulaire adapté à la clientèle cible (11 à 17 ans). Le PHQ-A n’a pas été traduit en français. Toutefois, le PHQ-9 est souvent utilisé chez les adolescents, et des études ont démontré de bonnes qualités métrologiques lorsqu’il est utilisé chez les adolescents (Maurer, 2012; Richardson et al., 2010). Le PHQ-9 est fréquemment utilisé conjointement avec le GAD-7, qui estime l’anxiété. Le PHQ-9 est maintenant l’instrument qui est utilisé pour estimer la dépression dans les enquêtes sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) depuis le cycle 2015-2016 (Tableau 4), ce qui permet d’obtenir des statistiques pour le Québec.

Center for Epidemiologic Studies – Depression Scale (CES-D)

Le CES-D est un autre outil fréquemment utilisé dans les enquêtes, et il compte 20 items (Fiche 4, Questionnaire 3). Il existe plusieurs versions, dont la version révisée en 2004 (CESD-R), qui est encore très peu utilisée, et une version courte (CES-D10), qui comprend 10 des 20 items de la première version. Les articles scientifiques les plus récents commencent à remettre en considération l’utilisation de cet instrument, entre autres à cause de critiques sur la structure optimale des facteurs, sur le contenu des items (Carleton et al., 2013) et sur la sensibilité et la spécificité de l’instrument (Pettersson et al., 2015). Le seuil standard de 16 est reconnu pour avoir une grande proportion de faux positifs (Smarr et Keefer, 2011). Ainsi, les chercheurs ont essayé d’adapter le seuil, et il existe maintenant plusieurs seuils d’interprétation qui diffèrent selon la langue d’administration, la population à l’étude et le sexe. Le PHQ-9 est de plus en plus recommandé, comparativement au CES-D, en raison de sa capacité à mesurer la sévérité de l’épisode dépressif, de son plus petit nombre d’items et de l’interprétation plus simple des scores (Obbarius et al., 2017).

Mini-International Neuropsychiatric Interview (MINI)

Le MINI, comme décrit précédemment, est un instrument qui pourrait être utilisé pour de plus petites enquêtes, puisqu’il doit être réalisé lors d’une entrevue structurée par un interviewer entraîné, ce qui est généralement plus coûteux qu’un questionnaire autorapporté (Fiche 5) (Sheehan et al., 1998). Le MINI permet d’évaluer 17 problèmes de santé mentale, incluant les épisodes de dépression majeure. Cet instrument permet d’émettre un diagnostic lorsqu’il est utilisé en respectant les critères d’administration. Il mesure une absence ou une présence de maladie, souvent basée sur des critères sévères qui répondent à ceux du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). Il est donc différent des outils de dépistage, dont l’échelle en continu permet d’estimer différents niveaux de symptômes.

Le module qui permet de diagnostiquer un épisode de dépression majeure peut être utilisé seul (indépendant des autres modules du MINI) et contient 9 items. Une revue de la littérature a permis d’estimer une sensibilité moyenne de 95 % et une spécificité moyenne de 84 % (version anglophone de l’instrument) (Pettersson et al., 2015). C’est un des deux instruments de type « entrevue » qui est recommandé par les auteurs de la revue de la littérature pour émettre un diagnostic de dépression (Pettersson et al., 2015). Puisque cet instrument est protégé, il faut obtenir une licence d’utilisation. La licence est souvent gratuite pour la version anglophone, alors que les versions traduites peuvent être payantes selon le profil de l’utilisateur. Ainsi, puisque l’instrument est protégé et qu’il est mis à jour à chaque nouvelle version du DSM (la plus récente version du MINI est la 7), les questionnaires ne sont pas joints à cette boîte à outils (Sheehan et Lecrubier, 2018).

  1. Valeur prédictive positive.
  2. Valeur prédictive négative.

Citation suggérée : Canuel, M., Gosselin, P., Duhoux, A., Brunet, A., et Lesage, A. (2019). Boîte à outils pour la surveillance post-sinistre des impacts sur la santé mentale. Institut national de santé publique du Québec. Repéré à https://www.inspq.qc.ca/publications/2523.