6 avril 2007

Risques à la santé associés à la pratique du tatouage

Article
Auteur(s)
Michèle Tremblay (1953-)
Direction de santé publique de Montréal
Marc Rhainds
Institut national de santé publique du Québec
Jean-Louis Benedetti
Institut national de santé publique du Québec

Introduction

À l’instar du perçage des oreilles et du perçage corporel, la pratique du tatouage a gagné en popularité depuis une vingtaine d’années, particulièrement auprès des adolescents et des jeunes adultes. Au Canada, l’augmentation considérable du nombre de boutiques spécialisées dans ces pratiques témoigne d’ailleurs de cette réalité1. Au Québec, une enquête menée dans une école secondaire de l’Outaouais (n = 2 180) a montré que 8 % des élèves arboraient un tatouage permanent2.

Il semble que les gens choisissent de se faire tatouer pour diverses raisons : identification à un groupe, esthétisme, rituel religieux, etc. Le tatouage demeure d’ailleurs encore aujourd’hui un élément culturel très important dans certaines communautés. De plus, il semble encore associé à certains groupes de personnes, tels les marins, les prisonniers ou les utilisateurs de drogues injectables.

Cet article dresse un survol des risques à la santé associés au tatouage. Les risques infectieux sont les plus fréquemment observés et les mieux documentés. Les risques non infectieux, associés tant aux tatouages permanents que temporaires, moins bien connus, sont aussi brièvement abordés dans cet exposé.

RISQUES INFECTIEUX

Michèle Tremblay

Le tatouage est une pratique à l’origine de divers risques infectieux potentiels. Le risque de transmission d’agents pathogènes est attribuable aux multiples plaies et ouvertures créées pendant l’intervention proprement dite. Ces agents pathogènes peuvent provenir d’une autre personne (soit le tatoueur lui-même, ou une personne tatouée précédemment) ou être transmis par des objets contaminés (notamment les encres, les aiguilles et les buses). Ils peuvent aussi se retrouver sur la peau de la personne qui reçoit le tatouage et pénétrer dans le derme lors du perçage de la peau. Enfin, le risque d’infection est toujours présent durant la période de cicatrisation à la suite du tatouage.

Pratique du tatouage

Pendant le tatouage, le praticien dépose des pigments dans la peau à une profondeur de 1 à 2 millimètres de manière à créer l’empreinte d’un dessin. L’artiste peut préparer le dessin à la main ou, le plus souvent, suivre le modèle au pochoir copié sur la peau avant le tatouage. Après avoir dessiné les contours du motif désiré sur la peau du client, le tatoueur utilise un dermographe, appareil électrique faisant vibrer un groupe de fines aiguilles plusieurs centaines de fois par minute, créant ainsi une série de perforations dans la peau. L’encre est ainsi incrustée dans le derme grâce à ce mouvement de frappe.

Autrefois3, les tatoueurs utilisaient leur salive, leur urine ou de l’eau non stérile au cours du tatouage pour retirer le sang, accélérer la guérison, diminuer la douleur initiale ou encore mélanger avec des pigments secs pour la préparation de l’encre. Même si en théorie ces pratiques ne sont plus utilisées aujourd’hui, il demeure cependant possible que les mesures d’asepsie reconnues ne soient pas toujours respectées par les tatoueurs professionnels, et encore moins par les tatoueurs amateurs, qui pratiquent le tatouage dans des endroits généralement dépourvus d’instruments et de matériel sécuritaires (par ex. domicile, prison). Plusieurs infections ont été associées au tatouage sur le plan épidémiologique ou de façon plus anecdotique. Il s’agit principalement d’infections bactériennes et virales.

Infections bactériennes

Des infections bactériennes parfois sévères (gangrènes, amputations, infections locales sévères) voire même létales sont régulièrement survenues au 19e siècle et au début du 20e, alors que les conditions d’asepsie étaient largement déficientes3. Aujourd’hui, les infections locales sont surtout liées à un soin inadéquat de la plaie. Ces infections sont surtout de l’impétigo, de l’érysipèle (causée par la bactérie Streptococcus pyogenes), des furoncles (causés par la bactérie Staphylococcus aureus) et de l’ecthyma. Des cellulites locales ont aussi été rapportées4 ainsi que des abcès5. L’impétigo a été observé moins souvent chez les personnes tatouées par un professionnel que chez celles tatouées par un amateur3.

En 2004-2005, les Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) ont rapporté 34 cas d’infections à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), reliées au tatouage, aux États-Unis6.Ces personnes, sans problèmes de santé apparents, avaient toutes été récemment (de 4 à 22 jours auparavant) tatouées par des tatoueurs dont les pratiques préventives étaient déficientes (l’infection au SARM touche habituellement des personnes âgées ou très malades qui séjournent dans des hôpitaux; or, actuellement le SARM est observé dans des populations non hospitalisées). Des lésions cutanées positives au SARM ont été observées à proximité ou au site du tatouage. Des cellulites, des lésions pustuleuses, des abcès et des bactériémies ont également été signalées.

La pénétration de bactéries (Streptococcus pyogenes, Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa) lors du tatouage peut causer, bien que rarement, des infections qui provoquent la dissémination plus étendue de bactéries dans l’organisme, entraînant alors des arthrites septiques (atteinte des articulations à proximité7, des fasciites nécrosantes (atteinte et destruction des muscles et de leur enveloppe)4, des septicémies (circulation et multiplication des bactéries dans le sang8), ainsi que des chocs toxiques (circulation et multiplication des bactéries dans le sang, causant un choc, par baisse de la tension artérielle)4,9. Lorsque de telles infections sont survenues dans les dernières années, les conditions d’asepsie et la pratique de tatouages effectués par des non-professionnels ont toujours été mises en cause4.

Des cas d’infections cutanées à Mycobacterium tuberculosis (agent responsable de la tuberculose), inoculé lors du tatouage, ont surtout été observés au début du 20e siècle, mais aussi récemment. De plus, des infections à mycobactérie atypique10, à Mycobacterium leprae (agent responsable de la lèpre), ainsi que quelques cas de chancroïde et de tétanos ont été rapportés, toujours reliés à des problèmes d’asepsie3.

Infections mycotiques

Des cas isolés de sporotrichose cutanée11,12 et de zygomycose13 ont été rapportés.

Syphilis

La transmission de la syphilis lors de la pratique de tatouage a été signalée pour la première fois vers 1853. Par la suite, quelques cas et éclosions ont été documentés au cours des années14. Les sujets développaient des lésions caractéristiques de la syphilis primaire au niveau des sites de tatouage, entre deux à treize semaines après l'application et développaient par la suite la maladie. Les expositions survenaient à la suite de l’exposition à la salive infectée du tatoueur qui avait des lésions orales syphilitiques. Il arrivait en effet que le tatoueur, tenant l’aiguille à proximité de sa bouche, soufflait à l’intérieur afin d’y retirer les résidus de pigments, humidifiait les aiguilles ou humectait les encres avec sa salive afin de les liquéfier. Cependant, aucune étude épidémiologique ayant étudié ce phénomène n’est actuellement disponible2.

Infections virales

Des infections virales transmissibles par le sang ont été régulièrement associées au tatouage.

Hépatites B et C

Les marqueurs de l’hépatite B (VHB) étant détectables depuis plusieurs décennies, ce type d’hépatite a été le premier à être potentiellement associé au tatouage. Il est d’ailleurs probable que plusieurs cas anecdotiques survenus depuis les années 1950, faisant état d’un lien entre un tatouage récent et la présence d’une hépatite, aient été des cas d’hépatites B aigues. De plus, plusieurs cas anecdotiques et éclosions d’hépatite B aigue et d’hépatite C (VHC) ont fait ressortir un lien possible entre l’infection observée et la présence d’un tatouage fait récemment1,14,15.

En fait, plusieurs études établissant la séroprévalence de marqueurs du VHB ou du VHC dans différentes populations ont identifié le tatouage comme facteur de risque présent chez les individus infectés au moment de l’étude ou antérieurement3,14. Dans ces études, d’autres facteurs de risque étaient aussi soulevés, sans que le risque associé à chacun d’entre eux n’ait été isolément quantifié. Les tableaux 1 et 2 présentent les principales études ayant documenté ce phénomène.

Tableau 1. Rapports de cote ajustés de l’association entre le tatouage et l’hépatite B

Tableau 2. Rapports de cote ajustés de l’association entre le tatouage et l’hépatite C

a Rapport de cote et intervalle de confiance non fournis dans l’étude
b Intervalle de confiance non fourni dans l’étude
c Tatouage pratiqué par des amis ou des connaissances

Selon une recension bibliographique effectuée par Santé Canada1, certaines études relatives au VHC et au VHB peuvent toutefois être critiquées, puisqu’on y relève plusieurs lacunes, soit :

  • qu’elles ne portent pas spécifiquement sur les risques associés au tatouage;
  • que les personnes qui complètent les questionnaires identifient elles-mêmes les facteurs de risque potentiels, tels le tatouage, l’usage de drogues ou autres;
  • que peu d’entre elles sont représentatives des populations canadiennes;
  • qu’elles ne précisent pas si le tatouage précédait ou succédait l’infection observée.

De plus, plusieurs études portant surtout sur le VHB impliquent des tatouages faits dans des conditions qui ne sont plus conformes à la réalité d’aujourd’hui (ex. rites culturels ou tatouages datant de plusieurs décennies) et ce, même lorsque le tatouage est pratiqué par un amateur. Certaines données ne sont donc pas comparables à la situation prévalant actuellement au Québec et au Canada. Il n’en demeure pas moins que des tatouages établis comme facteurs de risque (surtout pour le VHC) chez les utilisateurs de drogues injectables (UDI), les jeunes de la rue et les prisonniers, sont souvent pratiqués par des amateurs.

Virus de l’immuno-déficience humaine (VIH)

La transmission du VIH à la suite d’un tatouage est théoriquement possible, bien qu’elle n’ait pas été clairement démontrée à ce jour. Plusieurs études de séroprévalence, réalisées à travers le monde, ont noté la présence d’un tatouage de façon plus fréquente chez des personnes infectées par le VIH que dans la population non infectée. Cependant, ces résultats sont difficiles à interpréter compte tenu de la présence de variables confondantes (comme l’utilisation de drogues injectables) qui n’ont pas été considérées dans plusieurs de ces études.

Verrues

Des cas de verrues vulgaires, verrues planes et autres verrues non spécifiées, sont survenus à la suite d’un tatouage, avec des délais d’apparition compatibles avec la période d’incubation des infections virales. Les encres utilisées ou les aiguilles contaminées seraient mises en cause3.

Autres lésions reliées au tatouage

Des auteurs ont aussi relié le tatouage à des vasculites de la rétine causées par la phagocytose et la lyse des pigments39, à des Lupus vulgaris40 et à du psoriasis41.

En résumé, la pratique du tatouage présente un risque potentiel de transmission infectieuse bactérienne et virale, principalement pour les virus des hépatites B et C, dû notamment à une asepsie souvent déficiente. C’est pourquoi des mesures d’hygiène de base (voir encadré) doivent être appliquées afin d’éviter la transmission croisée possible entre le tatoueur et son client ou par auto-contamination de ce dernier.

Mesures d’hygiène et de prévention

La meilleure protection contre les maladies et les infections consiste à choisir soigneusement le studio de tatouage. Il faut également éviter de faire tatouer une partie de la peau sur laquelle il y a une coupure, de l’acné, des verrues ou autres anomalies de la peau. Les principales conditions à examiner au studio sont la propreté des lieux, les habitudes d'hygiène du praticien, l'utilisation d'instruments stériles, etc. Des soins personnels à apporter après la procédure (ex. lavage de la zone tatouée, surveillance des infections) doivent également être considérés. Une liste exhaustive des mesures d'hygiène à prendre en considération est disponible sur le site Web de Santé Canada à www.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/life-vie/tat_f.html.

RISQUES NON INFECTIEUX

TATOUAGES PERMANENTS

Marc Rhainds

Les encres utilisées pour la réalisation des tatouages sont généralement bien tolérées par la peau. Le principal phénomène observé en phase aigüe est une réaction inflammatoire en lien avec la blessure causée au tissu cutané par l’appareil de tatouage et l’injection de colorant dans la peau. Cette réaction disparaît habituellement dans les deux à trois semaines suivantes. Des réactions cutanées diverses associées au tatouage peuvent se produire au-delà de cette période telle que rapportée dans la littérature médicale à partir d’études de cas43. La United States Food and Drug Administration (FDA) invite d’ailleurs la population et les professionnels de la santé à signaler les problèmes associés au tatouage et au maquillage permanents afin de documenter la question. À titre d’exemple, la FDA a répertorié plus de 150 rapports faisant état de problèmes de santé associés à des maquillages permanents44. L’organisme américain accentue présentement ses efforts pour caractériser la cinquantaine de pigments utilisés (voir encadré à la page suivante) ainsi que les solutions qui servent de matrice. Ces connaissances pourraient éventuellement conduire à de nouvelles recommandations visant la protection de la santé publique.

Les principaux effets secondaires rapportés en lien avec le tatouage sont décrits ci-dessous.

Réactions allergiques

Des réactions allergiques ont été rapportées lors de tatouages effectués à l’aide d’encre noire ou bleue. Dans ce dernier cas, le chlorure de cobalt entrant dans la composition de l’encre, serait responsable d’une réaction d’urticaire de contact non reliée à un mécanisme immunologique.

Réactions granulomateuses, lichenoïdes

Il s’agit de nodules sous-cutanés qui sont formés parce que les pigments qui composent le tatouage sont perçus par l’organisme comme un corps étranger. Ce type de réactions est observé lors d’une exposition à différents pigments rouges. Les sels de mercure (cinabre), le sulfure de cadmium et les colorants inorganiques azoïques (c'est-à-dire comprenant un groupe nitrogène) ont été identifiés comme agents causals.

Lésions malignes

Plusieurs formes de lésions malignes de la peau ont été observées au site même du tatouage incluant le carcinome basocellulaire, le carcinome spino-cellulaire et le mélanome malin.

Autres problèmes cutanés

Les personnes atteintes de psoriasis peuvent développer de nouvelles plaques érythémateuses directement dans la zone où a été réalisé le tatouage (réaction de type Koebner). Par ailleurs, il a été démontré lors de plusieurs études in vitro que le dioxyde de titane, un pigment utilisé dans les tatouages, avait des propriétés photoxiques et photogénotoxiques. On a également rapporté des cas de pseudo-lymphome, de lymphadénopathie et de sarcoïdose.

Complications associées à des examens d’imagerie en résonance magnétique

Des cas de gonflement et de brûlures aux sites même du tatouage ou du maquillage permanent chez des patients ayant récemment subi un examen de radiologie en résonance magnétique sont décrits dans la littérature. Cependant, cet effet serait rare et de courte durée. D’autres rapports indiquent que ces tatouages pourraient causer une interférence de lecture de l’image par résonance magnétique. Une interaction entre les composantes métalliques de l’encre est examinée comme hypothèse44.

Risques associés à la suppression d’un tatouage

Le retrait des tatouages se fait au moyen d’un traitement au laser. L’application de ce traitement provoque une fragmentation des pigments qui génère des produits de décomposition inconnus. Ces petites particules de pigments, susceptibles de contenir des composés chimiques, peuvent alors pénétrer par le derme dans le système de circulation sanguine ou le système lymphatique.

Composition chimique de quelques pigments utilisés pour le tatouage

Source : Site Web Chemistry About chemistry.about.com/od/medicalhealth/a/tattoocarrier.htm

TATOUAGES TEMPORAIRES

Jean-Louis Benedetti

De par leur caractère indolore, leur persistance limitée et leur résultat esthétique, les tatouages temporaires sont de plus en plus populaires auprès du public, particulièrement chez les jeunes. Ils sont en général pratiqués par des artis­tes de la rue, lors de manifestations festives (foires, festivals, etc.) ou sur les plages et sont surtout offerts aux touristes, notamment dans les pays où leur pratique est établie depuis longtemps (Moyen-Orient, Maghreb, etc.).

Tatouages temporaires au henné naturel

Les tatouages temporaires pratiqués avec du henné naturel ou pur, extrait de la plante Lawsonia inermis, fournissent une coloration dans la gamme du jaune – rouge – brun, selon la région où cette plante est cultivée. Hormis quelques très rares cas de réactions allergiques, généralement rencontrées lors de l’utilisation professionnelle de cette teinture (coiffure), ces tatouages au henné naturel sont bien tolérés. Leur application sur la peau nécessite cependant un temps de séchage assez long (de l’ordre de plusieurs heures).

Tatouages temporaires au henné noir ou de couleur noire

Le henné naturel est fréquemment mélangé avec d’autres substances pour en diminuer le temps de séchage, notamment la paraphénylènediamine (PPD), un colorant synthétique. Le mélange du henné naturel avec la PPD offre aussi l’avantage de permettre l’obtention d’une couleur noire appréciée des personnes qui désirent faire réaliser des dessins corporels. La PPD, dont la concentration est règlementée dans les teintures capillaires, se retrouve de façon illicite dans ces teintures corporelles et surtout à des concentrations élevées. Elle peut entrainer des réactions allergiques eczémateuses au niveau de l’application du dessin, aux pourtours ou même à distance.

Comme il s’agit d’une substance provoquant une sensibilisation permanente, il y a risque de réactions ultérieures. Ces réactions peuvent être généralisées et très sévères. Elles nécessitent un traitement et parfois une hospitalisation, lors du contact tant avec des substances contenant de la PPD (teintures capillaires, vêtements de couleur sombre, etc.) qu’avec des substances possédant une sensibilisation croisée (filtres antisolaires, anesthésiques locaux, etc.).

Quelques mesures élémentaires de prévention

  • Ne pas se faire appliquer des tatouages temporaires dont le temps de séchage annoncé est court (inférieur à deux heures).
  • S’abstenir de se faire appliquer des tatouages temporaires avec une teinture de couleur foncée, principalement de couleur noire.
  • Consulter un professionnel de la santé en présence d’une réaction cutanée résultant de l’application d’un tatouage temporaire.

Le lecteur intéressé trouvera davantage d’information sur les tatouages temporaires dans le document suivant : Risques toxicologiques liés au henné et à ses produits associés dans les teintures à usage corporel (www.inspq.qc.ca/pdf/bulletins/toxicologie/Information Toxicologique_22_1.pdf).

Conclusion

Le tatouage, qu’il soit permanent ou temporaire, semble être un phénomène en croissance, particulièrement auprès des jeunes. Il appert toutefois que cette pratique revêt un certain nombre de risques pour la santé. Les membres du groupe de travail de la Commission européenne sur la sécurité des tatouages et du perçage corporel ont souligné à juste titre qu’il existe toujours de nombreuses inconnues en ce qui a trait aux conséquences réelles de cette pratique sur la santé. Outre des histoires de cas rapportées dans la littérature médicale, l’ampleur réelle de ce phénomène et de ses effets demeurent peu documentés sur le plan de l’épidémiologie et de l’évaluation du risque en santé publique. Des organismes de protection du public formulent cependant certaines craintes. Par exemple, l’origine et la structure chimique des pigments qui sont utilisés pour la réalisation d’un tatouage sont très peu connues. Les pigments peuvent être contaminés par des microorganismes ou contenir des impuretés. De plus, il n’est pas exclu que les métaux qui composent les différents types de pigments utilisés pour le tatouage puissent être absorbés de manière systémique, alors que plusieurs d’entre eux ont des propriétés toxiques et allergènes reconnues sur le plan scientifique.

Le corps médical et les autorités de santé publique doivent demeurer vigilants face à l’émergence du phénomène associé au tatouage chez les jeunes. Un premier effort devrait se tourner vers la surveillance en termes de vigie sanitaire afin de mieux documenter les effets indésirables reliés au body art. Un meilleur encadrement des milieux où s'effectuent ces pratiques devrait également être envisagé de manière à mieux contrôler les types de produits utilisés de même qu’à rendre plus sécuritaires les techniques de tatouage. L’ensemble de ces recommandations devrait aussi s’appliquer à d’autres pratiques à la mode, par exemple celle du perçage corporel (body percing). Des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes adolescents seraient également à envisager.

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