25 mars 2014

Regard sur les composés BTEX dans les habitations canadiennes

Résumé scientifique
Le texte qui suit est le résumé d’une publication scientifique (ou d’une étude) n’ayant pas été réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec. Cette analyse critique ne peut donc pas être considérée comme la position de l’Institut. Son objectif est de porter à l’attention des lecteurs des éléments récents de la littérature scientifique, et ce, sous un éclairage critique découlant de l’expertise des auteurs du résumé.
Auteur(s)
Jean-Marc Leclerc
M. Sc., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec

CONTEXTE

Les BTEX forment un groupe de composés organiques volatils (COV) qui comprennent le benzène, le toluène, l’éthylbenzène et les xylènes (m-p-xylènes et o-xylène). Ces composés proviennent de diverses sources (peinture, gaz d’échappement et d’évaporation de véhicules, fumée de combustion du tabac, de l’énergie fossile, matériaux de construction, etc.) et constituent des contaminants de l’air intérieur couramment rencontrés en milieu résidentiel.

À l’instar d’autres composés qui font partie de la famille des COV, l’exposition aux BTEX est susceptible d’engendrer des effets sanitaires de type aigu ou chronique. Alors que les effets issus d’une exposition aigue (irritation des muqueuses du nez, des yeux et de la gorge, étourdissements, tremblements, vomissements) ne s’observent généralement qu’en milieu de travail, les effets sanitaires potentiels associés à une exposition chronique (atteintes au système nerveux, développement de tumeurs cancéreuses, leucémie) sont théoriquement susceptibles de survenir en milieu résidentiel. En dépit des effets sanitaires pouvant être engendrés par les BTEX, peu d’organismes ont développé des lignes directrices concernant la présence de ces composés dans l’air intérieur.

Dans ce contexte, et compte tenu de la prévalence élevée des BTEX en milieu résidentiel, des chercheurs de Statistique Canada ont entrepris une évaluation des concentrations de BTEX ainsi qu’une détermination de leurs prédicteurs dans des résidences canadiennes. Les lignes qui suivent résument les principaux résultats de ces travaux (Wheeler, A.J., Wong, S.L., Khoury, C. et Zhu, J. 2013. Prédicteurs des concentrations intérieures de composés BTEX dans les immeubles résidentiels au Canada. Statistique Canada. Rapports sur la santé, vol. 24., no 5, p.12-9).

MÉTHODOLOGIE

L’approche méthodologique a été initialement articulée à partir de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), de 2009 à 2011, et plus spécifiquement, sur la composante de l’air intérieur. Au final, les auteurs ont procédé aux analyses de 5 191 volontaires, provenant de 3 857 habitations, qui avaient accepté d’installer un échantillonneur d’air dans leur domicile sur une période de 7 jours. Les concentrations moyennes des composés constituant les BTEX mesurées, de même que les variables associées aux milieux intérieurs dont elles sont issues (type de logement, configuration du garage, etc.), ont fait l’objet d’analyses statistiques dans le but d’élaborer des hypothèses concernant les principales sources de BTEX en milieu résidentiel.

RÉSULTATS

Les concentrations moyennes des composés constituant les BTEX obtenues lors de l’analyse des échantillons étaient pour le benzène, le toluène, l’ethylbenzène, le m-p-xylène et l’o-xylène, de 1,95 µg/m3, 19,17 µg/m3, 4,09 µg/m3, 14,42 µg/m3 et 4,16 µg/m3 respectivement. Les variables, significativement corrélées à la présence de BTEX dans l’air intérieur des logements échantillonnés, se sont avérées être la présence d’un garage attenant à la propriété, la consommation régulière de tabac à l’intérieur, la réalisation de travaux de rénovation au cours du dernier mois, le nombre d’occupants, l’utilisation récente de décapant à peinture ainsi que l’utilisation récente de fragrance et de parfum.

INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS ET CONCLUSION

Globalement, les résultats issus de cette étude témoignent que les concentrations de BTEX sont généralement faibles dans l’air intérieur des habitations investiguées; en outre, toutes les valeurs obtenues pour le toluène (2,28 à 73,6 µg/m3 – 10e au 95e centile) se sont avérées largement inférieures à la ligne directrice de 2,3 mg/m3 (2 300 µg/m3) pour une exposition à long terme au toluène (seule valeur guide disponible pour les BTEX à Santé Canada). En ce qui concerne le benzène, Santé Canada (2014) recommande de maintenir les concentrations dans l’air intérieur aussi basses que possible.

Par extension, cette étude suggère que ces observations devraient prévaloir dans l’ensemble du parc immobilier résidentiel canadien. En comparant les résultats obtenus dans la présente étude aux concentrations moyennes de BTEX, évaluées en 1991, dans un échantillon de résidences comparables, les auteurs font ressortir que l’exposition de la population canadienne aux BTEX, par l’entremise de l’air intérieur, aurait diminué au cours des dernières années. Les informations concernant les sources potentielles de BTEX identifiées dans cette étude pourront être notamment mises à profit pour élaborer des messages et des moyens visant à diminuer l’exposition des Canadiens à ce type de COV.

RÉFÉRENCES

Santé Canada, 2014. Lignes directrices sur la qualité de l’air intérieur résidentiel. (www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/air/in/res-in/index-fra.php).