29 mai 2002

Programme d’avertissement montréalais de chaleur accablante : pour prévenir les risques à la santé

Article
Auteur(s)
Norman King
M. Sc., Direction de santé publique de Montréal
Jo Anne Simard
Direction de santé publique de Montréal
Geoffroi Vallée
Direction de santé publique de Montréal

À la suite des nombreux épisodes de canicule survenus l’été dernier, l’unité de Santé au travail et environnementale de la Direction de santé publique de Montréal-Centre planifie pour l’été 2002, la mise en place d’un programme d’avertissement de chaleur accablante. Ce programme s’apparentera dans sa structure au programme Info-Smog, activité instaurée dans la région de Montréal en 1994 pour prévenir la population lors d’épisodes de mauvaise qualité de l’air ambiant.

Les problèmes de santé directement imputables à la chaleur accablante sont de gravité variable. Ils vont des crampes de chaleur qui affectent surtout l’abdomen, les bras et les jambes jusqu’au coup de chaleur en passant par l’épuisement dû à la chaleur qui se manifeste par plusieurs symptômes dont les étourdissements, la faiblesse et la fatigue. On entend par coup de chaleur une incapacité à contrôler la température corporelle qui augmente très rapidement, pouvant atteindre plus de 40ºC. Les symptômes associés au coup de chaleur incluent les céphalées pulsatiles, les étourdissements, les nausées, la confusion et la perte de connaissance. Si le coup de chaleur n’est pas traité rapidement, il peut être fatal.

Les maladies indirectement attribuables à la chaleur accablante sont habituellement reliées à l’exacerbation d’un état chronique, telles les affections cardiovasculaires, cérébrovasculaires, respiratoires, neurologiques et rénales.

Il existe peu de données concernant les excès de morbidité et de mortalité au Québec attribuables à la chaleur accablante. Aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) estiment que 300 décès/an en moyenne y sont directement attribuables (ex. coup de chaleur). Toujours selon les CDC, en période de vague de chaleur intense, cette incidence peut dépasser les 1000 décès/an. Il est cependant impossible d’extrapoler ces données américaines au Québec en raison des différences dans les conditions météorologiques et dans les réactions des deux populations à la chaleur (capacité d’acclimatation, etc.). De plus, la morbidité et la mortalité associées à l’exacerbation de maladies chroniques restent difficiles à quantifier.

L’objectif poursuivi par le programme d’avertissement vise surtout à informer les citoyens montréalais des effets néfastes de la chaleur accablante sur la santé afin qu’ils puissent adopter les comportements préventifs adéquats dans le but de prévenir la morbidité et la mortalité en lien direct avec la chaleur accablante et de réduire la morbidité et la mortalité en lien indirect.

Le programme comporte différents volets opérationnels qui nécessiteront une collaboration entre la Direction de santé publique, Environnement Canada, les CLSC, le Centre de la sécurité civile de la Ville de Montréal ainsi que les groupes communautaires et humanitaires de la région.

Une des bases du programme concerne l’établissement et la diffusion d’un avertissement de chaleur à partir de seuils météorologiques utilisés par Environnement Canada depuis 1996. Ces seuils se situent à ³ 40°C pour l’indice Humidex et à ³ 30°C pour la température de l’air. Aucun avertissement n’a été émis par Environnement Canada en l’an 2000 tandis que le nombre d’avertissements s’est élevé à 5 en 2001.

Le deuxième volet concerne la communication d’informations préventives. Outre le message santé qui sera véhiculé lors des avertissements, une campagne de sensibilisation sera effectuée auprès des Montréalais avec, entre autres, une distribution de dépliants et d’affiches. Cette campagne permettra à la population d’être informée des risques pour la santé associés à la chaleur, de fournir des suggestions de comportements préventifs et d’indiquer les ressources qui pourront leur venir en aide en période de canicule.

Dans une perspective à plus long terme, le troisième et dernier volet tentera d’identifier l’impact sanitaire des périodes de chaleur accablante sur les habitants de l’île de Montréal. En analysant les excès de mortalité et de morbidité selon les indices Humidex et de température observés depuis quelques années, la DSP souhaite identifier les seuils à partir desquels la population montréalaise est à risque et ce, afin d’orienter nos actions préventives pour les années à venir.

Note : Le présent texte est inspiré largement du document suivant: AUGER, N. et T. KOSATSKY 2002. Proposition d'un système de veille / avertissement de chaleur accablante pour la région de Montréal-Centre. Direction de santé publique de Montréal-Centre, Montréal. 32 p. De plus, le site Web des CDC a été consulté: cdc.gov/nceh/hsb/extremeheat