1 novembre 2012

Formation, information et pratiques des médecins généralistes en santé environnementale

Résumé scientifique
Le texte qui suit est le résumé d’une publication scientifique (ou d’une étude) n’ayant pas été réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec. Cette analyse critique ne peut donc pas être considérée comme la position de l’Institut. Son objectif est de porter à l’attention des lecteurs des éléments récents de la littérature scientifique, et ce, sous un éclairage critique découlant de l’expertise des auteurs du résumé.
Auteur(s)
Claire Laliberté
M. A., M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec

Les risques pour la santé qui sont associés à la dégradation des conditions environnementales font quotidiennement la manchette des médias, sensibilisant médecins et patients (et la population dans son ensemble) à ces enjeux, faisant naître de nombreuses interrogations de part et d’autre. Au Québec comme en France, les médecins généralistes agissent auprès de leurs patients comme clinicien et souvent comme acteur de prévention des risques sanitaires liés à l’exposition environnementale.

Quelles sont les préoccupations des patients adressées à leur médecin généraliste? Quelles sont les réponses fournies par ces derniers? Ces médecins sont-ils préparés à leur répondre adéquatement? Comment eux-mêmes perçoivent-ils ces problématiques souvent émergentes?

Dans son édition d’avril 2012, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) répond à plusieurs de ces questions. Faisant suite aux résultats obtenus lors du Baromètre médecin de 2010, l’article de Ménard, Léon et Benmarhnia, présente plus spécifiquement les résultats obtenus par sondage téléphonique du volet santé et environnement obtenus auprès de 752 médecins généralistes français. En voici les points saillants.

Perception des risques et des nuisances

Les risques environnementaux identifiés par les répondants sont nombreux. Spontanément, les médecins généralistes sont en mesure de citer entre trois et huit de ces risques. Du bilan établi, il ressort que la pollution en général (35 %), la pollution de l’air extérieur (33 %), les risques alimentaires (22 %) et la pollution de l’air intérieur (19 %) retiennent principalement leur attention.

Du côté des nuisances pouvant affecter la santé de leurs patients, les médecins évoquent la pollution de l’air (52 %), l’habitat précaire (53 %) et un environnement bruyant (35 %). La présence d’ambroisie (herbe à poux), même si elle n’est citée que par 28 % des répondants, est considérée comme un facteur de risque important pour la santé des patients.

Formation initiale et continue

Du côté de la formation initiale, seuls 5 % des médecins ont reçu une formation en santé environnementale. En revanche, 21 % ont déclaré avoir participé par la suite à une activité de formation continue sur le sujet.

De fait, pour répondre aux questions de leurs patients, les médecins semblent assez mal préparés. Seuls 6 % se disent tout à fait en mesure de le faire, alors qu’à l’autre extrême, 3  % déclarent ne pas du tout le faire. Les principales thématiques pour lesquelles les médecins évoquent des difficultés sont les ondes électromagnétiques, les risques liés à la pollution atmosphérique et les risques en milieu de travail. Pour 96 % répondants, on reconnaît d’ailleurs l’existence de nombreuses incertitudes sur les causes environnementales de plusieurs pathologies. Pour s’informer, la presse médicale est jugée comme un bon support d’information, mais plus de 60 % des médecins considèrent l’information insuffisante sur ces sujets.

En pratique

Bien que peu formé dans le domaine, les médecins généralistes accordent du crédit important à la santé environnementale : 93 % sont d’accord avec le fait que le médecin un rôle important à jouer dans l’information de ses patients et 58 % déclarent souvent leur donner des conseils.

Pour 31 % des médecins répondants, il est estimé qu’environ 6 % des pathologies de leurs patients aurait l’environnement comme facteur causal, favorisant ou aggravant. Toutefois, près de 9 médecins sur 10 sont d’accord avec l’idée qu’il est difficile d’associer une pathologie et son origine environnementale. Par ailleurs, en présence de troubles allergiques, 66 % des médecins effectuent une recherche d’une cause environnementale. Les demandes très diverses des patients témoignent par ailleurs de la confiance en leur médecin généraliste.

Des stratégies à mettre en œuvre

À la lumière des résultats obtenus, les auteurs proposent trois axes stratégiques à mettre de l’avant afin d’améliorer l’information des médecins généraliste et faciliter de leur part une meilleure prise en compte des questions de santé environnementale. Le premier suggère d’intégrer de la formation en santé environnementale dans le cursus universitaire des étudiants en médecine générale.

Le deuxième aspect soulève l’importance d’avoir accès à une information valide et adaptée pour les professionnels de la santé qui porterait sur de l’information mais aussi sur des conseils utiles à leur pratiques professionnelle. Un portail santé environnement dédié aux médecins est suggéré afin de favoriser le transfert des connaissances par la diffusion de données probantes et de documents synthèse par exemple.

Finalement, il est suggéré de faciliter le travail en réseau afin de développer la médecine environnementale.

Référence :

Ménard, C., L.on, C., Benmarhnia, T. Médecins généraliste et santé environnement. Évolutions No 26- Avril 2012.

Lecture complémentaire suggérée:

Gauthier, A. (sous la direction) Baromètre santé médecins généraliste 2008. Saint-Denis : Inpes, coll. Baromètre santé, 2011, 264p. www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1343.pdf