15 juin 2011

Exposition aux microorganismes environnementaux et asthme chez l’enfant

Publication

Bon nombre d’études rapportent que l’exposition à une large gamme de microorganismes environnementaux chez les enfants qui grandissent dans des fermes traditionnelles leur offre une certaine protection contre le risque de développer de l’asthme ou de l’atopie[1]. Des chercheurs européens ont comparé, à partir de deux études transversales d’envergure, les enfants vivant à temps plein dans des fermes familiales aux enfants d'un groupe témoin en ce qui concerne la prévalence de l’asthme et de l’atopie ainsi que la diversité de leur exposition à des microorganismes. Ege et coll. ont publié leurs résultats dans The New England Journal of Medicine, 2011, vol. 364(8). Exposure to environmental microorganisms and Childhood asthma. Les deux études transversales sont désignées sous les acronymes PARSIFAL (Prevention of Allergy Risk Factors for Sensitization in children Related to Farming and Anthroposophic Lifestyle) et GABRIELA (Multidisciplinary Study to Identify the Genetic and Environmental Causes of Asthma in the European Community Advanced Study). La première incluait 6 843 enfants provenant de zones rurales et suburbaines de Bavière (sud de l’Allemagne) entre 2000 et 2002 et la seconde, 9 668 enfants, de zones rurales d’Autriche, d’Allemagne et de Suisse, en 2006-2007. Dans l’étude PARSIFAL, les auteurs ont analysé la présence de bactéries dans la poussière des matelas au moyen de l’ADN bactérien (provenant de microorganismes vivants ou non) tandis que dans l’étude GABRIELA, ce sont les bactéries et les moisissures viables retrouvées dans la poussière de la chambre qui ont été analysées, cette fois par culture, microscopie et coloration Gram.

Dans les deux études, les enfants vivant dans les fermes avaient des prévalences d’asthme et d’atopie plus faibles que les enfants des groupes témoins : PARSIFAL : RC=0,49 (IC95%= 0,35-0,69) pour l’asthme et 0,24 (IC95%= 0,18-0,34) pour l’atopie ; GABRIELA : RC=0,76 (IC95%= 0,65-0,89) pour l’asthme et 0,51 (IC95%= 0,46-0,57) pour l’atopie, et étaient exposés à une plus grande variété de microorganismes. La diversité de l’exposition aux microorganismes s’est avérée inversement liée au risque d’asthme : RC=0,62 (IC95%= 0,44-0,89) dans l’étude PARSIFAL et RC=0,86 (IC95%= 0,75-0,99) dans l’étude GABRIELA. De plus, la présence de certaines expositions plus circonscrites étaient aussi inversement liées au risque d’asthme, dont l’exposition au taxon fongique Eurotium (RC ajusté, 0,37 ; IC95%= 0,18-0,76) ainsi qu’à un ensemble d’espèces bactériennes, incluant Listeria monocytogenes, des bacilles, des Corynobactéries et autres (RC ajusté : 0,57 ; IC95%= 0,38-0,86). Ces résultats soutiennent notamment l’hypothèse que l’exposition à une grande diversité microbienne explique en bonne partie la relation inverse entre l’asthme et la croissance d’enfants vivant à la ferme, et vont ainsi dans le sens de l’hypothèse hygiéniste. Soulignons néanmoins que cette théorie fait toujours l’objet d’un débat scientifique. [JML]

 

[1] Tendance héréditaire de certaines personnes à développer des réactions allergiques.