20 mai 2013

Évaluation du risque à la santé en lien avec l’incident nucléaire de Fukushima

Brèves d'actualité

Le séisme et le tsunami qui ont successivement frappé le Japon le 11 mars 2011 ont entrainé d’importants dommages à la centrale nucléaire Daiichi de la Tokyo Electric Power Company de Fukushima, ce qui a favorisé la dispersion de contaminants radioactifs dans l’environnement. Le rejet de tels contaminants constitue une source de préoccupation significative en raison des effets sanitaires associés à leur exposition. En effet, les incidents survenus antérieurement témoignent que le rejet accidentel ou incontrôlé de substances radioactives dans l’environnement devrait faire l’objet d’une évaluation de risque rigoureuse. Lorsqu’un tel événement se produit, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’instar de certains organismes impliqués dans la gestion du risque radiologique, s’est vu confier le mandat d'évaluer la situation et de palier aux risques susceptibles d’affecter la santé publique. En accord avec ce mandat, l’OMS a préparé un document portant sur l’incident de Fukushima, dont les principaux éléments sont présentés ci-dessous.

L’évaluation de risque à été réalisée par des experts indépendants sélectionnés pour leur compétence en matière de radioactivité. Leurs travaux ont été supervisés par des observateurs du Comité scientifique des Nations Unies sur les effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), de l'Organisation internationale du Travail ainsi que du gouvernement du Japonais. L’évaluation de risque à été élaborée en quatre étapes distinctes :

  1. Identification des sources de rayonnement spécifiques et évaluation de leurs intensités relatives.
  2. Identification des effets nocifs pouvant résulter des expositions.
  3. Détermination des doses d’exposition pour les populations locales et internationales ainsi que pour les travailleurs à l’œuvre lors de l’incident.
  4. Détermination des risques.

Compte tenu du niveau d’exposition estimée par l’OMS, un risque accru de développer un cancer est rapporté comme l’effet sanitaire le plus probant. Dans les zones géographiques les plus affectées par la radiation, les risques évalués sont relativement faibles ; aucune augmentation de cas de cancer au-delà du taux d’incidence de base n’étant anticipée. Les doses reçues par la population de la préfecture de Fukushima étaient également jugées trop faibles pour avoir affecté le développement des fœtus ou l’issue de grossesses par l’entremise de l’exposition prénatale.

Sur le lieu du site le plus touché de la préfecture de Fukushima, la dose de rayonnement ionisant reçue par les résidents, estimée pour la première année suivant l’incident, atteignait 25 mSv. Sur la base de la méthode d’analyse de risque proposée, les experts ont estimé que l’augmentation du risque cancérigène à vie des populations exposées pourrait atteindre 7 % pour la leucémie, alors que pour le cancer du sein le risque à vie pourrait augmenter de 6 %. En ce qui a trait au risque associé au cancer de la thyroïde, il pourrait augmenter jusqu’à 70 % chez la population la plus vulnérable (assumant une très faible incidence régionale), alors que le risque à vie inhérent aux cancers des tissus solides augmenterait de l’ordre de 4 %. Pour ce qui est des travailleurs de la centrale nucléaire demeurés en poste lors de l’incident, les scénarios d’exposition retenus font état d’une augmentation du risque cancérigène. Les travailleurs ayant inhalé d’importantes quantités d'iode radioactif ont un risque de développer des problèmes non-cancéreux de la glande thyroïde.

Les experts de l’OMS mentionnent que les données présentées dans ce rapport doivent être considérées comme des indices de risque pour la santé plutôt que comme des valeurs prédictives précises. Puisque la relation entre l’exposition aux rayonnements ionisants et le risque cancérigène est tributaire de nombreux facteurs (dose, âge, sexe, hérédité, etc.), ceux-ci sont susceptibles d’engendrer des incertitudes lors de l’établissement des projections et plus particulièrement lors de l'évaluation des risques associés aux expositions à de faibles doses.

Cette évaluation sanitaire permet également de conclure qu'aucune augmentation perceptible des risques sanitaires suite à l'accident de Fukushima n’est prévue en dehors de l’archipel nippon. De plus, ce document rapporte des informations qui pourront être utilisées à des fins de gestion et de surveillance de la santé des populations concernées, notamment en ce qui concerne la nourriture et l’environnement. [PP]

Source :

World Health Organization (WHO) 2013.

Health risk assessment from the nuclear accident after the 2011 Great East Japan earthquake and tsunami, based on a preliminary dose estimation.