19 juin 2015

Enjeux de santé publique relatifs aux activités d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures gaziers et pétroliers

Publication

Le gouvernement du Québec ayant entrepris un processus d’exploration du potentiel d’exploitation des hydrocarbures, un comité chargé de piloter des études environnementales stratégiques (ÉES) a été créé en 2014. Un premier bilan des connaissances a été livré en avril 2015, ainsi que des rapports pour chacun des chantiers sectoriels (économie, aspects techniques, transport, environnement, société). Le présent résumé concerne spécifiquement le rapport de l’INSPQ, documentant les enjeux de santé, lequel peut aussi être consulté sur le site Web de l’Institut ou celui du comité chargé des évaluations environnementales stratégiques.

Le rapport Enjeux de santé publique relatifs aux activités d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures gaziers et pétroliers a été réalisé par une équipe de la Direction de la santé environnementale et de la toxicologie avec la collaboration de la Direction des risques biologiques et de la santé au travail. Les thèmes suivants y sont traités : contamination de l’eau souterraine et de surface, des sols et des sédiments, de l’air ambiant, événements accidentels (urgences) et enjeux relatifs à la santé des travailleurs.

Contamination de l’eau

L’exposition au pétrole brut à la suite d’une contamination de l’eau (de surface ou souterraine) résulte d’un contact direct des personnes avec le milieu pollué, habituellement les travailleurs ou les bénévoles impliqués dans la décontamination des sites souillés, souvent consécutif au naufrage ou à l’échouement de pétroliers. Divers symptômes ont été notés, surtout cutanés, qui s’avèrent transitoires. Par ailleurs, il n’existe pas de données particulières quant à l’exposition populationnelle aux fluides utilisés pour l’extraction du pétrole par fracturation du roc, ce qui inclut l’éventuelle contamination des nappes phréatiques. Ces éléments sont considérés comme des données manquantes à documenter.

Contamination des sols et des sédiments

En ce qui concerne la contamination des sols et des sédiments, il n’existe pas d’évaluation complète quant au risque populationnel puisqu’il s’avère difficile de distinguer entre les risques découlant de la contamination par les activités industrielles pétrochimiques et ceux découlant d’une exposition associée aux activités d’exploitation pétrolière. Quoi qu’il en soit, toutes ces activités sont responsables de contaminations par des métaux lourds ainsi que des substances volatiles organiques toxiques (notamment les BTEX, soit benzène, toluène, ethylbenzène et xylène). Des recherches ont mis en évidence une augmentation des radionucléides liée aux procédés d’exploitation pétrolière, mais le risque a été évalué comme étant négligeable. De nombreuses données manquantes empêchent ainsi une caractérisation adéquate du risque associé à la contamination des sols et des sédiments.

Contamination de l’air ambiant

L’exploitation pétrolière émet plusieurs types de polluants atmosphériques, comme des particules fines (PM2,5), des oxydes d’azote, du bioxyde de soufre ainsi que des composés organiques volatils (COV). La nature des émissions atmosphériques varie selon le procédé d’exploitation et le type de pétrole. Il existe peu d’information quant à l’exposition populationnelle, laquelle est fonction de la distance et de l’intensité des activités. Les polluants émis peuvent avoir des effets cardiorespiratoires et être parfois cancérogènes. En absence de données précises quant à la nature du pétrole potentiellement exploitable au Québec et celle des procédés utilisés, il est difficile d’être précis quant aux effets sanitaires attendus.

Urgences et sinistres

Les effets sur la santé associés aux urgences découlent d’accidents ou d’incidents lors de déversements dans l’environnement, de fuites, d’explosions, d’incendies, etc. La revue de littérature rapporte que les urgences se produisent dans diverses situations, notamment lors de rupture d’oléoducs et d’accidents ferroviaires, mais les accidents surviennent deux fois plus souvent lors du chargement et du déchargement aux installations de transport. S’ensuit alors la présence de produits pétroliers dans l’eau, l’air et le sol. Outre les effets physiques et physiologiques résultant de la présence de pétrole dans ces milieux (décrits précédemment), les effets psychosociaux sont prépondérants et perdurent longtemps. La prévention des accidents repose sur des plans d’urgence adéquats ainsi que par la connaissance des matières utilisées, des infrastructures d’exploitation et d’entreposage du pétrole. Ces éléments restent à être documentés dans le contexte d’une éventuelle exploitation pétrolière au Québec.

Risques chez les travailleurs

Quant aux travailleurs du secteur pétrolier, le rapport met en évidence un taux de mortalité élevé, principalement attribuable à divers accidents. Par ailleurs, il existe de nombreux risques de nature physique (bruit, vibrations, extrêmes de température), ergonomiques (postures de travail, manutention d’objets lourds) et psychosociaux (horaires de travail, travail en régions éloignées ou sur des plateformes en mer). De plus, l’exposition à un grand nombre de fluides (utilisés pour le forage) ou au pétrole brut constitue un risque accru d’atteinte à la santé.

Le rapport de l’INSPQ conclut que l’exploitation pétrolière constitue un risque potentiel pour la santé humaine, quel que soit le type d’exposition et que plusieurs informations ou données absentes ne permettent pas une évaluation adéquate du risque. Dans ce contexte, il importe de s’appuyer sur des cadres de références en matière de prévention et d’intervention en cas d’accidents ou de déversements accidentels, mais aussi d’utiliser des méthodes d’exploitation visant à limiter l’émission de substances dans l’environnement susceptible d’atteindre les populations environnantes. [PC]

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