20 mai 2013

Émergence d’un nouveau virus de l’influenza d’origine aviaire

Brèves d'actualité

Depuis mars 2013, plusieurs rapports font état de plus d’une centaine de cas d’infection en Chine par un virus d’influenza d’origine aviaire, ayant entrainé plusieurs décès. À l’instar de la grippe causée par la souche H5N1, qui a attiré l’attention des autorités sanitaires il y a quelques années, celle découlant de la souche H7N9 peut se manifester par une évolution clinique particulièrement brutale, avec une dégradation rapide de l’état du malade et un taux de mortalité élevé (au moment de la rédaction de ce texte, la mortalité induite par la souche H7H9 était de l’ordre de 20 % (22 décès pour 108 cas confirmés). Dans ce contexte, la maladie évolue vers une pneumonie sévère et une détresse respiratoire.

Le virus H7N9 possède des caractéristiques très semblables au virus H5N1. C’est d’abord un virus influenza de type A particulièrement actif chez la volaille (poules, oies, dindes et autres volailles domestiques) et plusieurs oiseaux sauvages, notamment la sauvagine (canards, oies et cygnes). Les virus de type A sont habituellement les plus virulents, notamment chez l’humain (comparativement aux types B et C), parce qu’ils mutent plus fréquemment et qu’ils sont responsables des grandes épidémies et pandémies. Les virus aviaires peuvent entrainer des flambées épidémiques chez les oiseaux, mais ces animaux sont généralement asymptomatiques.

Selon les informations colligées, les personnes infectées ont été en contacts étroits avec des volailles ou des oiseaux (manipulations dans des fermes, des marchés, etc.). L’Asie du sud-est est souvent l’épicentre de ces grippes d’origine aviaire dans le contexte d’une promiscuité du milieu de vie des humains et des volailles. Depuis 1996, un certain nombre de personnes ont été infectées par des souches d’influenza H7, mais aucune rapportées par le H7N9; la sévérité de la maladie causée par ces souches était moindre.

À la fin du mois d’avril, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que cette souche est l’une des plus létales jamais détectée. Les autorités sanitaires de plusieurs pays, ainsi que de l’OMS espèrent que le virus ne puisse pas s’adapter à son nouvel hôte, l’humain, ce qui favoriserait la contamination de personne à personne; ce processus est une forme de « réassortiment génétique » appelé « cassure antigénique » (antigenic shift).

Il n’existe aucun vaccin contre le virus H7N9, mais ce micro-organisme est sensible aux antiviraux les plus récents contre la grippe et vraisemblablement résistant à d’autres classes d’antiviraux plus anciens comme l’amantadine et la rimantadine, qui ont perdu leur efficacité contre plusieurs souches d’influenza au fil des ans.

Les alertes aux virus influenza ayant un potentiel épidémique ou pandémique ont été nombreuses depuis plusieurs années, notamment avec la souche H5N1 ainsi que la souche H1N1, cette dernière ayant entrainé des vaccinations massives dans plusieurs pays (le H1N1 n’est pas un virus aviaire). Ces alertes des autorités sanitaires, qui ne sont pas traduites par l’épidémie « attendue », ont engendré un grand scepticisme chez plusieurs populations et ont même fait l’objet d’accusations de manipulation de l’information par l’OMS, voire de railleries. Dans le cas de la souche H7N9, l’information est à peine rendue publique que des attitudes similaires sont déjà véhiculées par certains médias ou groupes d’intérêts. La réalité est qu’il faut être vigilant et prudent car, comme de nombreux spécialistes de l’influenza le répètent depuis des années, la question n’est pas de savoir s’il y aura une pandémie, mais plutôt de savoir quand.

Il existe plusieurs sources officielles d’information concernant le virus H7N9. Parmi elles, voici quelques liens pertinents :

Un site dédié de l’OMS : www.who.int/influenza/human_animal_interface/influenza_h7n9/en/index.html

Le site de l’Organisation Mondiale de la santé animale (OIE) : www.oie.int/fr/pour-les-medias/communiques-de-presse/detail/article/questions-and-answers-on-influenza-ah7n9/

Le site de l’European Centre for Disease Prevention and Control dont la page d’accueil est mise à jour en lien avec de nouvelles informations sur le virus H7N9 : www.ecdc.europa.eu/en/Pages/home.aspx