13 novembre 2012

Éclosion de légionellose dans la ville de Québec durant l’été 2012

Brèves d'actualité

La légionellose est une maladie causée par la bactérie Legionella spp, le plus souvent Legionella pneumophila. C’est une bactérie ubiquiste qui se retrouve naturellement dans les environnements aquatiques et qui se développe particulièrement dans les biofilms (dépôt de matières organiques et de microorganismes à l’intérieur de la tuyauterie). Elle attaque plus particulièrement le système respiratoire, causant deux formes de légionellose : la fièvre de Pontiac et la maladie du légionnaire. La première se manifeste par un syndrome pseudo-grippal, qui ne s’accompagne pas de pneumonie et qui se résorbe habituellement spontanément en moins de 5 jours. La maladie du légionnaire est une pneumopathie grave avec un taux de mortalité de l’ordre de 8 à 15 %. Les facteurs prédisposants de la maladie du légionnaire sont notamment le tabagisme, l’alcoolisme, la présence de maladies pulmonaires sous-jacentes ainsi que l’immunodéficience.

La contamination se fait essentiellement par inhalation de gouttelettes d’eau contaminée (aérosols) qui atteignent les alvéoles pulmonaires. Dans ce contexte, plusieurs sources de contamination ont été identifiées, notamment certains types de chauffe-eau, lesquels contaminent les personnes utilisant l’eau potable transitant par ces équipements. La manière dont l’éclosion de la ville de Québec s’est développée a cependant orienté les recherches vers un type d’équipement appelé tours aérorefroidissantes (TAR), le plus souvent localisé sur le toit de bâtiments industriels, commerciaux ou hôteliers de bonne dimension. De l’eau chaude ou réchauffée circulant dans le bâtiment est acheminée sur le toit, refroidie par dispersion en fines gouttelettes dans un courant d’air qui traverse l’installation de refroidissement, avant d’être remise en circulation. Des ventilateurs sur le toit sont alors capables de propulser dans l’atmosphère des gouttelettes contaminées. La température de l’eau qui circule dans ces TAR, de même que la présence de biofilm dans les canalisations et conduits représentent des conditions idéales pour le développement des légionelles.

À l’été 2012, à Québec, un total de 181 cas de légionellose, dont 13 décès, sont survenus. Les premiers cas de légionellose ont été signalés à la Direction régionale de santé publique (DRSP) vers la mi-juillet 2012. La majorité des cas était circonscrite dans un secteur de la Basse-Ville de Québec, comprenant notamment les quartiers St-Rock et St-Sauveur.

Un plan d’intervention en deux volets a été déployé par le DSP et son principal partenaire, la Ville de Québec, pour contrôler l’éclosion de légionellose. Le premier volet comprenait : des lettres aux propriétaires des bâtiments de trois étages et plus de la Basse-Ville pour qu’ils vérifient et optimisent l’entretien de leurs TAR; de nombreuses communications dans les médias pour sensibiliser ces propriétaires; des suivis téléphoniques individualisés.

Après une accalmie dans l’apparition de nouveaux cas, un nombre important de nouveaux cas de légionellose a été enregistré à la mi-août. Pour le deuxième volet du plan d’intervention, le DSP a alors mobilisé plusieurs ressources grâce à la Loi sur la santé publique pour intervenir sur 131 tours situées sur le territoire à l’intérieur duquel des cas étaient rapportés. Ces interventions comprenaient des prélèvements d’eau dans les TAR, des inspections, des mesures de désinfection et la prescription ciblée d’autres mesures de contrôle de la légionelle. Les prélèvements cliniques provenant de patients atteints de légionellose ont révélé la présence d’une souche particulière de Legionella pneumophila, la bactérie responsable de la maladie. Le 18 septembre, les résultats d’analyse reçus pour des prélèvements environnementaux ont permis d’associer cette souche à l’une des TAR, dont le fonctionnement fut immédiatement stoppé pour permettre une désinfection complète. Le 10 octobre, la DRSP a déclaré la fin de l’éclosion de légionellose, en l’absence de nouveaux cas pendant une période de 20 jours consécutifs. Cette éclosion a provoqué une prise de conscience quant à l’importance de contrôler le fonctionnement des TAR afin d’éviter la répétition d’une telle situation. Le rapport du directeur de santé publique sera rendu public le 6 décembre prochain.

Source : DSP Capitale-Nationale, collaboration spéciale