28 novembre 2014

Des efforts concertés pour prévenir les effets du bruit du transport sur la santé

Brèves d'actualité

En 2010, la Direction de santé publique (DSP) de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, en collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec, a mesuré sur l’île de Montréal l’intensité du bruit ambiant à partir de 87 sites différents. Pendant deux semaines, l’intensité du bruit a été mesurée toutes les deux minutes à chacun des sites situés en bordure de routes dans des zones résidentielles. Les résultats ont révélé que le bruit est souvent supérieur au seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui fixe à 55 dB(A) (décibel pondéré pour l’oreille humaine)[1] les niveaux sonores extérieurs afin de protéger des effets sur la santé. La modélisation des résultats a également permis de démontrer l’influence du transport routier, aérien et ferroviaire qui sont des sources mobiles de bruit.

L’OMS, comme plusieurs autres organisations scientifiques internationales, attribue au bruit des effets sur la santé tels que la gêne, la perturbation du sommeil et des problèmes cardiovasculaires comme l’hypertension. Le bruit étant susceptible d’engendrer de tels effets lorsqu’il se situe au-delà de 55 dB(A) pendant une période de 24 heures, la DSP, dans un avis de santé publique diffusé en juin 2014, a formulé des recommandations en vue de prévenir les effets du bruit émanant du transport sur la santé de la population. Ces recommandations, adressées à la Ville de Montréal, se résument essentiellement à définir une politique régionale de lutte au bruit provenant de sources mobiles et à mettre en place un comité de concertation afin de limiter les nuisances sonores dans les milieux de vie résidentiels.

À ces recommandations s’ajoutent celles formulées dans un avis de santé publique distinct émis par la DSP de Montréal plus tôt en 2014 et portant spécifiquement sur le transport aérien et qui rappelle notamment les recommandations de Transports Canada quant à « la nécessité de mettre en place une isolation acoustique dans les nouveaux bâtiments situés dans la zone délimitée par la courbe NEF25[2], là où la population risque d’être gênée par le bruit des avions, et de ne pas construire dans la zone NEF30, plus affectée par le bruit aérien ».

La Ville de Montréal accueille favorablement ces recommandations et exprime une volonté à mettre en place des mesures de prévention pour réduire l’exposition de la population au bruit provenant du transport. Selon ses représentants, cela pourrait se faire dans le cadre de l’élaboration du schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Montréal, dont l’adoption est prévue pour la fin 2014. L’intégration de critères d’aménagement et l’inclusion de normes d’insonorisations relatives au cadre bâti dans les secteurs qui présentent des niveaux sonores élevés, ainsi qu’un encadrement de certains usages par le biais des grandes affectations du territoire, sont parmi les dispositions envisagées.

La DSP entend, de son côté, poursuivre les études qu’elle a déjà amorcées, notamment le développement d’un modèle pour estimer le bruit provenant des sources mobiles sur l’ensemble de son territoire, ainsi qu’une enquête auprès de la population permettant d’estimer les effets du bruit environnemental sur la santé des Montréalais. [KC]

 

Références :

Le directeur de santé publique de Montréal et la Ville de Montréal s’unissent pour prévenir les effets du bruit du transport sur la santé de la population – Communiqué de presse, juin 2014

www.dsp.santemontreal.qc.ca/fileadmin/documents/4_Espace_media/Dossiers_de_presse/Bruit/FR_Comm_Bruit_Transport_19062014.pdf

Avis de santé publique sur le bruit du transport et ses impacts potentiels sur la santé des Montréalais

www.dsp.santemontreal.qc.ca/fileadmin/documents/4_Espace_media/Dossiers_de_presse/Bruit/Avis_Bruit_01e5_web.pdf

Avis de santé publique sur les risques sanitaires associés au bruit des mouvements aériens à l’Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau

www.dsp.santemontreal.qc.ca/fileadmin/documents/4_Espace_media/Dossiers_de_presse/Bruit/Avis_Bruit_Aeroport_PET_2014-06-19.pdf

Pour consulter l’article présentant l’approche de modélisation développée par la Direction de santé publique de Montréal, en collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec et l’Université de Montréal :

www.ccsenet.org/journal/index.php/ep/article/view/37895/22361

Référence complète :

Goudreau, S., Plante, C., Fournier, M., Brand, A., Roche, Y., Smargiassi, A. (2014) Estimation of Spatial Variations in Urban Noise Levels with a Land Use Regression Model. Environment and Pollution, 3(4): 48-58.


[1] La pondération A permet de tenir compte de la sensibilité de l’oreille humaine selon les différentes fréquences.

[2] Les courbes NEF (Noise Exposure Forecast ou Prévision de l’ambiance sonore) sont des indicateurs de gêne ou de désagrément perçu par la population. Les courbes NEF sont calculées à partir d’une équation qui intègre le nombre de vols de nuit et de jour [par avion] et la perception du bruit. L’importance de la gêne augmente selon la valeur numérique de la prévision NEF. Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. 2014. Avis de santé publique sur les risques sanitaires associés au bruit des mouvements aériens à l’Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, 34 p.