Synthèse de publications scientifiques récentes

Évaluation des données canadiennes de biosurveillance selon une approche basée sur les risques

Santé Canada étudie l’exposition de la population aux contaminants environnementaux dans le cadre de son Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS). Des données concernant les concentrations de centaines de substances chimiques (ou de leurs métabolites) dans le sang et l’urine de milliers de participants canadiens y sont colligées. Si l’exposition environnementale est une préoccupation grandissante pour la population et les autorités de santé publique, l’interprétation des résultats de biosurveillance demeure un défi. En effet, les données toxicologiques et épidémiologiques sont, pour la majorité des contaminants mesurés chez l’humain, insuffisantes et il reste difficile de déterminer les concentrations au-delà desquelles des expositions chroniques sont susceptibles d’engendrer des effets sur la santé. À l’échelle populationnelle, il existe toutefois des outils qui permettent d’interpréter les données d’enquêtes comme celles de l’ECMS, notamment dans une perspective de priorisation des enjeux sanitaires et des orientations de gestion de risque. C’est donc avec l’objectif de faciliter la détermination des priorités de recherche et de surveillance en santé environnementale au Canada que St-Amand et al. (2014) ont analysé les données associées à l’exposition de la population canadienne aux contaminants de source environnementale issues de l’ECMS.

Qui sont les plus à risque dans les quartiers à risque élevé de chaleur dans les grands centres urbains du Québec?

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le nombre de journées et de nuits chaudes s’accroîtra presque certainement à l’échelle de la planète d’ici la fin du XXIe siècle. La durée, la fréquence ou l’intensité des périodes chaudes ou de vagues de chaleur augmenteront aussi très probablement. Or, ces événements affectent déjà la santé des populations les plus défavorisées et des populations des centres urbains, peu importe le niveau de développement des pays.

Cet article présente les principaux indicateurs de la prévalence d’impacts sanitaires néfastes autorapportés lorsqu’il fait très chaud et humide en été dans les aires de diffusion très défavorisées (AD-TD) des neuf villes du Québec comptant au moins 100 000 habitants, en 2011.

L’adaptation au changement climatique en zone côtière au Canada et au Sénégal, une comparaison Nord/Sud

D’après le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC)1, les pays ayant des ressources économiques limitées, un faible niveau de technologie, d’accès à l’information et de compétences, de mauvaises infrastructures, des institutions instables ou faibles et un accès inéquitable aux ressources, disposent de faibles capacités d’adaptation et sont extrêmement vulnérables aux changements climatiques (GIEC, 2001).

Dans le cadre de nos travaux de recherche doctorale, dont les principaux résultats sont présentés dans ce résumé, notre objet de recherche était d’interroger cette idée, couramment admise au sein de la communauté internationale, qui considère que les pays du Sud seraient plus vulnérables et moins capables de faire face aux impacts négatifs des changements climatiques que les pays du Nord (Noblet, 2015). Ceci nous conduit à nous poser deux questions :

  • En quoi un pays en développement est-il plus vulnérable au changement climatique qu’un pays développé?
  • En quoi un pays développé dispose-t-il de meilleures capacités d’adaptation qu’un pays en développement?

À travers une comparaison Nord/Sud entre un pays considéré comme « développé » : le Canada (Nouveau-Brunswick) et un pays dit « en développement » : le Sénégal (Petite Côte, Région de Thiès), notre thèse analyse la manière dont les problèmes du climat et de la vulnérabilité climatique en zone côtière sont perçus et gérés au sein de ces deux sociétés, ainsi que les actions mises en œuvre au titre de l’adaptation.

Appel à l’action du ministre de la Santé publique des États-Unis pour prévenir le cancer de la peau

Le cancer de la peau constitue le cancer le plus fréquemment diagnostiqué aux États-Unis. Chaque année près de 5 millions d’Américains en sont atteints. Malgré les efforts déployés pour prévenir ce type de cancer, son taux d’incidence continue d’augmenter. C’est dans ce contexte que le ministre de la Santé publique des États-Unis (Surgeon General) a lancé un appel à l’action en juillet 2014 afin d’encourager et de susciter l’engagement de divers acteurs en vue de réduire le nombre de cancers de la peau aux États-Unis.

Les recommandations contenues dans ce rapport gouvernemental s’appuient sur une revue de la littérature exhaustive et peuvent être très inspirantes pour les pays qui souhaitent établir leurs priorités d’action en matière de prévention des cancers de la peau. Ce rapport est le fruit d’une collaboration de plusieurs représentants d’organisations scientifiques reconnues : les Centers for Disease Control and Prevention, la U.S. Food and Drug Administration, le National Institute for Occupational Safety and Health, la Federal Trade Commission, le National Cancer Institute, la U.S Environmental Protection Agency et l’Agency for Healthcare Research and Quality.

Position des autorités de santé publique sur la gestion des champs magnétiques émis par les lignes électriques

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) a récemment publié un rapport présentant la position des autorités de santé publique sur la gestion des champs magnétiques émis par les lignes électriques (MSSS, 2014). Un comité scientifique, composé de représentants du MSSS, de directions régionales de santé publique (DSP) et de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), avait été mandaté en juin 2011 par la Table de coordination nationale de santé publique (TCNSP) pour rédiger cette position. Celle-ci comporte des recommandations devant notamment servir à harmoniser les évaluations d’impacts des DSP en lien avec des projets d’installation de lignes électriques.

Les auteurs du rapport ont résumé les principaux résultats des études portant sur les impacts potentiels des champs magnétiques d’extrêmement basses fréquences (CMEBF; 50 à 60 Hz) sur la santé humaine, en mettant l’accent sur le risque de…

Le radon dans l’eau souterraine de la région des basses-terres du Saint-Laurent; influence de la géologie locale et risque à la santé

Une équipe de chercheurs québécois s’est récemment penchée sur la présence de radon (222Rn) dans les eaux souterraines de la plaine des basses-terres du Saint-Laurent, afin d’estimer le risque sanitaire encouru par les populations établies dans ce secteur de la province. La région investiguée, sélectionnée en raison de sa forte densité de population, s’étend de la ville de Québec (au nord) à la frontière américaine (au sud), de la ville de Sherbrooke (à l’est) à la ville de Trois-Rivières (à l’ouest).

Le radon est un gaz radioactif incolore et inodore qui provient de la désintégration de l’uranium (238U) naturellement présent en concentrations variables dans la majorité des substrats géologiques. L’inhalation de radon et de ses descendants radiologiques présents dans l’air intérieur constitue un risque cancérigène pour la santé humaine clairement démontré. D’autre part, le risque associé à l’ingestion du radon par l’entremise de l’eau potable est, pour sa part…

Changements globaux et sécurité alimentaire

Dans un contexte de changements globaux, des chercheurs s’intéressent de près à l’impact de la hausse anticipée du CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre, sur les concentrations de zinc et de fer provenant de ces sources alimentaires. L’article Increasing CO2 threatens human nutrition (Myers, S.S. et al. Nature, 7 May 2014) fait état des plus récentes analyses sur le sujet.

Les chercheurs émettent l’hypothèse que les concentrations de zinc et de fer des cultures végétales se développant dans une atmosphère élevée en CO2 seraient plus faibles que celles mesurées dans les conditions actuelles. Pour vérifier leur hypothèse, une méta-analyse des résultats de sept recherches réalisées au Japon, en Australie et aux États-Unis a permis de comparer les teneurs en nutriments de récoltes soumises lors de leur croissance à des concentrations de CO2 ambiantes et élevées. Les tests étaient effectués à l’aide d’une technique expérimentale (FACE ou free air CO2 enrichment) permettant d’évaluer la réponse des végétaux à des concentrations élevées de CO2. Les cultures étudiées comprenaient du riz, du blé, du maïs, du soya, des pois cultivés et du sorgo.

Évaluation des risques liés à l’exposition des Canadiens aux cancérogènes environnementaux

CAREX Canada a récemment publié des estimations d’exposition aux cancérogènes reconnus chez l’humain et les évaluations de risque associé pour la population canadienne (voir référence). Ce résumé vise à en présenter les faits saillants, mais également à profiter de l’occasion pour faire connaître ce regroupement peu connu au Québec.

CAREX (CARcinogen Exposure) est un projet de recherche multiinstitutionnel canadien qui combine l’expertise de chercheurs universitaires et des ressources au niveau gouvernemental pour générer un programme de surveillance pragmatique et factuel des cancérogènes. Ses origines remontent au constat qu’avant la fin des années 90, le Canada n’avait aucun registre centralisant les informations sur l’exposition aux agents cancérogènes. Des informations telles que le type de cancérogènes auxquels les populations étaient exposées, le nombre d’individus exposés, et les lieux de ces expositions étaient inconnues. En réponse à cette importante lacune, un groupe de chercheurs de l’université de la Colombie-Britannique a mené une étude pilote pour estimer l’exposition aux agents cancérogènes en milieu de travail dans leur province. En 2003, grâce à l’appui de WorkSafe BC, le projet s’est étendu pour inclure les agents cancérogènes présents dans les collectivités. En estimant le nombre de Canadiens exposés aux substances associées au cancer, CAREX Canada offre un support important pour cibler les stratégies de réduction des expositions et les programmes de prévention du cancer.

Le rôle des professionnels de santé dans la construction des risques au XXIe siècle

Résumé d’une conférence donnée par Amélie Perron, inf., Ph. D., le 23 septembre 2013 à l’Université Laval

Amélie Perron est professeure agrégée à l'École des sciences infirmières de la Faculté des sciences de la santé de l'Université d'Ottawa. Elle axe ses travaux de recherche notamment sur les soins infirmiers psychiatriques et psycho-légaux, dont sur les questions de pouvoir et d’éthique. Elle s’intéresse également au risque et, notamment, au rôle des professionnels de la santé dans la production grandissante d’espaces de risque. Elle a présenté cette perspective critique lors d’une conférence donnée à l’Université Laval et intitulée : « (In)sécurité et art de gouverner : la communication de risques dans la production et la gestion contemporaines de sujets vulnérables ».

Selon la chercheure, le discours sur le risque s’exprime dans presque toutes nos sphères sociales, en s’articulant notamment avec la place accordée à la santé dans notre société. Cette conception…

Les matières dangereuses vues sous l’angle des activités industrielles et de transport

Le 8 septembre 2010, un incendie se déclare dans un entrepôt d’engrais et de pesticides situé à Lévis. Les risques de propagation de l’incendie et la dispersion d’un panache de fumées toxiques entraînent l’évacuation d’une cinquantaine de personnes résidant à proximité afin d’assurer leur sécurité et de protéger leur santé. Plus récemment, le 6 juillet 2013, un train transportant du pétrole brut déraille dans la ville de Lac-Mégantic. Quelques instants après, plusieurs explosions se produisent et un incendie violent embrase le centre-ville. Cet accident ferroviaire a causé 47 décès et entraîné l’évacuation de milliers de personnes. Il a occasionné des dommages matériels importants. De plus, des répercussions sanitaires, psychosociales, environnementales et socioéconomiques se sont manifestées sur le territoire de Lac-Mégantic, de même que dans les régions limitrophes.