Pesticides

Portrait des appels au Centre antipoison du Québec de 2013 à 2015 par catégorie de pesticides : pertinence et implications

Les appels au Centre antipoison du Québec (CAPQ) pour intoxications réelles ou suspectées aux pesticides sont publiés à l’Infocentre de santé publique en considérant différentes variables. Cependant, ces données sont regroupées sans tenir compte des différentes catégories de pesticides. Le CAPQ possède toutefois les données pour certaines de ces catégories. Cet article dresse le portrait des appels au CAPQ pour intoxications de 2013 à 2015 au Québec selon les trois catégories suivantes : insecticides, herbicides et fongicides. Les données d’appels impliquant les trois catégories de pesticides ont été extraites, cumulées séparément, puis exprimées en fréquence relative d’appels pour chacune des variables d’intérêt. Des différences par catégorie de pesticides ont été observées pour l’âge, le sexe, la voie d’exposition, la toxicité potentielle et le lieu de traitement. Il appert qu’un portrait par catégorie de pesticides est pertinent et utile pour mieux caractériser les intoxications aux pesticides au Québec et dégager certaines pistes d’intervention et de recherche.

L’exposition professionnelle aux pesticides, à divers biocides et le risque de cancer thyroïdien

Le taux d’incidence du cancer de la thyroïde est celui qui augmente le plus rapidement parmi l’ensemble des principaux cancers, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Selon la Société canadienne du cancer (2016), au Canada on a observé une augmentation de 6,3 % par année chez les hommes, entre 2001 et 2010, et de 4,7 % par année chez les femmes, entre 2005 et 2010. Les causes de l'augmentation de l'incidence du cancer de la thyroïde ont fait l'objet de plusieurs débats. Cette augmentation pourrait être attribuable à une surveillance accrue ainsi qu’à l’utilisation de technologies permettant davantage de diagnostics de cancers asymptomatiques de la thyroïde à un stade précoce. Néanmoins, certains auteurs croient que d’autres facteurs pourraient expliquer ces tendances, notamment les expositions environnementales.

Parmi les facteurs de risques environnementaux suspectés, l’exposition aux pesticides pourrait avoir un impact dans le développement du cancer de la thyroïde. Leurs rôles en tant que perturbateur endocrinien et inducteur d’effets ou de cancers thyroïdiens sont en effet bien démontrés chez les animaux de laboratoire lors d’essais standardisés. Cependant, les études chez l’homme n’ont pas montré d’association entre l’exposition aux pesticides et l’apparition de ce type de cancer (Inserm, 2013). Par ailleurs, aucune étude n’a été menée concernant le risque des cancers thyroïdiens et l’exposition aux biocides. La question des risques des cancers thyroïdiens portant sur les facteurs de risques professionnels autres que les radiations demeurent donc entière et pertinente.

Évaluation risques/bénéfices de la consommation de fruits et légumes et l’exposition aux résidus de pesticides

La présence de pesticides dans les fruits et légumes inquiète beaucoup les consommateurs. L’ingestion de résidus de pecticide est associée à un risque accru de développer un cancer. Les scientifiques, pour leur part, considèrent que les risques associés à l’ingestion de pesticides par les fruits et légumes sont rarement significatifs d’un point de vue toxicologique. En contrepartie, plusieurs travaux de recherche semblent démontrer qu’une consommation accrue de fruits et légumes auraient un effet protecteur face à l’apparition de certains cancers. En 2007 une méta-analyse publiée par le Word Cancer Research Fund (WCRF) et de l’American Institute of Cancer Research (AICR) (WCRF/AICR 2007), a évalué le potentiel des fruits et légumes à protéger contre l’apparition de cancers. L’étude concluait à un effet protecteur « probable » pour différents sites de cancer : bouche, pharynx, larynx, œsophage, poumons, estomac.

Ces deux constats sont opposés au point de départ et il est…

Contamination au pentachlorophénol dans l’eau potable de puits privés au Vermont causée par des poteaux de service en bois traités

Le PCP est un pesticide organochloré notamment utilisé pour la préservation et la protection des pièces de bois afin d'en ralentir la dégradation biologique. Le PCP est homologué et utilisé aux États-Unis et au Canada depuis longtemps pour le traitement des poteaux de bois destinés aux services publics (ex. : lignes électriques ou téléphoniques).

Lors d’une exposition, le PCP est absorbé rapidement par ingestion, par inhalation ou par la peau. Il ne s’accumule pas dans le corps et sa demi-vie d’élimination (principalement par l’urine) est d’environ 33 heures. Les principaux effets à la santé associés au PCP sont : irritation de la peau, des yeux et du système respiratoire, toxicité hépatique ou rénale, perturbation de la phosphorylation oxydative, et l’hyperthermie pouvant mener à la mort. La US EPA a classé le PCP en 2010 comme étant « probablement cancérogène pour les humains » (likely to be carcinogenic to humans) par toutes les voies d’exposition.

Les risques à la santé associés à l’utilisation de pesticides à des fins esthétiques

L’engouement de plus en plus marqué pour l’entretien paysager et l’horticulture ornementale est en grande partie responsable de l’utilisation accrue de pesticides à des fins esthétiques. Cette augmentation de l’utilisation domestique des produits de synthèse ne manque pas d’inquiéter de nombreux citoyens, les groupes environnementaux, de même que les intervenants du secteur public (santé publique et environnement). C’est dans ce contexte que le ministère de l’Environnement du Québec a créé le Groupe de réflexion sur les pesticides en milieu urbain dont le mandat était de dégager des recommandations visant à réduire l’utilisation des pesticides en milieu urbain (voir l'encadré). Le présent article présente d’abord un bref profil de l’utilisation des pesticides à des fins esthétiques, pour aborder ensuite la question des effets sur la santé associés à leur utilisation ainsi que les orientations proposées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

En mars dernier, le Groupe de réflexion sur les pesticides en milieu urbain déposait officiellement un rapport intitulé « Pour la protection de la santé et de l’environnement, la gestion environnementale en milieu urbain ». Ce rapport constitue la synthèse de 48 mémoires présentés par différents groupes ainsi que des points de vue exprimés lors des journées de consultation par divers organismes issus des milieux universitaires et environnementaux, d’ordres professionnels, du monde municipal, d’associations de professionnels de fabricants et d’utilisateurs de pesticides. Dans la démarche entreprise par le groupe, deux principes ont orienté les recommandations du groupe soit le principe de précaution et celui d’exemplarité. Le premier indique qu’en l’absence de certitude scientifique, il faut observer une certaine prudence tandis que le second suggère que pour favoriser le changement d’attitudes chez les citoyens, les autorités gouvernementales et les institutions publiques doivent donner l’exemple. De plus, la gestion environnementale est identifiée comme point central tel qu'en témoignent les recommandations suivantes:

  • Interdire les pesticides sur les espaces verts publics et municipaux et également sur tous les autres espaces verts lorsqu’ils sont appliqués par un service d’entretien, sauf lorsque des seuils d’intervention sont atteints.
  • Limiter l’accès aux pesticides dans les points de vente.
  • Former les intervenants qui gravitent autour du citoyen (vendeurs de pesticides, professionnels qui offrent des services, professionnels des lieux publics et parapublics) afin qu’ils puissent les conseiller en matière de gestion environnementale.
  • Mettre sur pied des campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation de la population aux risques inhérents aux pesticides, à la gestion environnementale et aux méthodes alternatives.
  • Favoriser la mise en disponibilité des méthodes alternatives et de produits moins nocifs.
  • Créer un encadrement réglementaire adéquat, comprenant l’adoption prochaine d’un Code de gestion des pesticides, qui pourra accélérer l’implantation de la gestion environnementale.
  • Favoriser la recherche relative aux effets sur la santé et l’environnement ainsi que sur les solutions alternatives aux pesticides.

Choix d’un adulticide pour le contrôle de la transmission du virus du Nil occidental au Québec

Le contrôle des insectes piqueurs au moyen d’insecticide constitue, en situation épidémique, une alternative employée par plusieurs états dans la lutte contre la transmission du virus du Nil occidental. Or, l’utilisation d’insecticides chimiques à cette fin n’est pas sans présenter certains risques pour la santé humaine. Dans ce contexte, il devient essentiel de choisir, au cas où un tel usage s’avérerait nécessaire au Québec, le produit qui offre la meilleure innocuité, tant pour la population que pour les travailleurs qui auront à effectuer les traitements. Dans le cadre de cet avis, les principaux indices de toxicité des insecticides homologués au Canada pour le contrôle des populations d’insectes adultes, soit le malathion, la resméthrine, la perméthrine, le propoxur et le dichlorvos, ont été évalués.

Cet exercice de comparaison des données toxicologiques disponibles a entre autres servi à faire une première sélection d’insecticides en fonction de leur innocuité et à orienter les priorités d’évaluation des risques toxicologiques associés à l’utilisation d’adulticides dans le cadre d’un programme de contrôle vectoriel de la transmission du virus du Nil occidental.

Le larvicide Bti pour le contrôle du virus du Nil occidental : une alternative aux pesticides chimiques

Les propriétés de l’insecticide biologique Bacillus thuringiensis subsp. israelensis (Bti) en font un produit de choix pour contrôler la transmission du virus du Nil occidental. Au Québec, il est employé depuis 1984 dans des programmes de lutte contre les insectes piqueurs comme les moustiques et les mouches noires. Cependant, l’utilisation d’un insecticide, même biologique, dans l’environnement et la possible exposition de la population humaine vient poser la question de sa sécurité pour la santé publique. En 1995, à la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS), le Comité de santé environnementale du Québec (CSE) avait produit un avis scientifique sur l’utilisation du Bt en milieux forestier, agricole et urbain. Dans le contexte de l’arrivée possible du virus du Nil occidental au Québec dans les prochaines années, la mise à jour de cet avis s’avère essentiel. Notons cependant que, puisqu’il existe peu de documentation spécifique sur les effets sur la santé humaine et animale du Bti, l’information présentée dans cet article discute en général de l’innocuité du Bt et de ses différentes souches.