Microbiologie environnmentale

Risques pour la santé associés à l’épandage de biosolides municipaux sur des terres agricoles

Le traitement des eaux usées municipales génère des quantités importantes de biosolides. Comme ces matières résiduelles fertilisantes (MRF) possèdent des propriétés agronomiques intéressantes, leur valorisation sur les terres agricoles s’inscrit bien dans les objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles qui prévoit recycler 60 % des matières organiques générées par les villes et l’industrie. Cependant, l’épandage de ces substances fertilisantes soulève des préoccupations sanitaires en raison de la présence de contaminants chimiques et de microorganismes pathogènes dans les biosolides. 

C’est dans ce contexte que RECYC-QUÉBEC a demandé à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) de documenter l’état des connaissances scientifiques concernant les risques pour la santé potentiellement associés à l’épandage de biosolides sur des terres agricoles. Comme les déjections des animaux de ferme représentent la principale source de matière résiduelle fertilisante utilisée au Québec, et qu’elles peuvent aussi représenter une source de contaminants chimiques et biologiques, un volet, de l’analyse a aussi porté sur la comparaison des risques potentiels découlant de leur utilisation avec ceux des biosolides.

L’analyse des informations obtenues à partir des différentes études scientifiques et de la littérature grise a permis de mettre en perspectives les facteurs contributifs au risque et de proposer des pistes de réflexion en ce qui a trait à l’usage sécuritaire des biosolides.

Le prion : un agent pathogène peu connu

Il y a quelques décennies, alors que l’agent étiologique était encore inconnu, des maladies neurodégénératives létales et apparemment transmissibles, touchant les humains et les animaux, furent regroupées sous le vocable des encéphalopathies spongiformes transmissibles, ou EST. À défaut de connaître la véritable identité de l’agent responsable, celui-ci fut nommé «agent transmissible non conforme» (ATNC). Ce n’est que dans les années 1980, sous les travaux de l’équipe du professeur Stanley Prusiner, que le caractère très particulier de l’agent étiologique présumé responsable des EST fut confirmé. Les études de ce professeur démontrèrent que des extraits purifiés de cerveaux de hamster, qui présentaient des anomalies à la suite d’une inoculation de la «tremblante», contenaient une glycoprotéine se révélant étroitement liée au pouvoir infectieux. Cette glycoprotéine fut nommée prion (de «proteina­ceous infectious particle») et notée «PrP», pour «protease resistant protein». Cette découverte valut au Docteur Prusiner le Prix Nobel de médecine en 1997.

Prévention des cas de brûlures et de légionelloses liés à l’eau chaude du robinet

Au Canada, la température de l’eau à l’intérieur des chauffe-eau et à la sortie des robinets est régie par le Code national du bâtiment et le Code national de la plomberie. Ayant fait l’objet d’une révision, ces codes ont été soumis à la consultation publique en 2003 à l’échelle nationale afin de permettre aux organismes ou aux individus intéressés de commenter les propositions à l’étude. L’une d’entre elles visait à réduire le risque de brûlures associé à l’eau chaude du robinet en diminuant à 49 °C la température maximale de l’eau qui alimente tout appareil sanitaire d’une habitation (ex. robinet).

Les recommandations formulées à ce jour par les autorités de santé publique québécoises sont en accord avec cet objectif de réduction des brûlures. En revanche, ces mêmes recommandations vont à l’encontre de l’une des trois mesures envisagées pour atteindre cet objectif, soit celle consistant à régler le thermostat du chauffe-eau à 49 °C, puisqu’une telle mesure est susceptible d’augmenter le risque de légionelloses (maladie du Légionnaire et fièvre de Pontiac). Cependant, cette inquiétude n’est pas partagée par plusieurs organismes canadiens reconnus dont Santé Canada, sauf peut-être pour les groupes à risque de contracter cette maladie.

Le contrôle de la température de l’eau chaude dans les habitations demeure donc un sujet controversé, particulièrement en ce qui concerne le seuil minimal à maintenir pour la température de l’eau à l’intérieur des chauffe-eau. Ce seuil est habituellement déterminé en fonction des besoins à combler en eau chaude et de l’évaluation combinée des risques de brûlures et de légionelloses. Les propositions étudiées dans le cadre de la présente révision des codes doivent être évaluées selon ces mêmes paramètres. Dans le but de procéder à un choix éclairé des propositions à l’étude, le présent article présente une analyse critique sur le sujet et propose une série de recommandations qui tiennent compte de ces deux problématiques.