Alimentation

Utilisation des jardins communautaires et alimentation bio – Étude exploratoire

Un engouement croissant pour les jardins communautaires et collectifs est observé au Québec depuis les dernières décennies. Cet article présente une étude réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec à l’automne 2014 qui visait à évaluer l’efficacité potentielle des jardins communautaires à réduire l’exposition aux pesticides chez leurs utilisateurs. Un sondage a été conduit auprès de 100 utilisateurs de 4 jardins communautaires de la région de la Capitale-Nationale afin de documenter leurs pratiques culturales, leur autonomie alimentaire en fruits et en légumes, de même que leurs sources d'approvisionnement alternatives pour ce qu'ils ne peuvent produire ou conserver. 

Changements globaux et sécurité alimentaire

Dans un contexte de changements globaux, des chercheurs s’intéressent de près à l’impact de la hausse anticipée du CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre, sur les concentrations de zinc et de fer provenant de ces sources alimentaires. L’article Increasing CO2 threatens human nutrition (Myers, S.S. et al. Nature, 7 May 2014) fait état des plus récentes analyses sur le sujet.

Les chercheurs émettent l’hypothèse que les concentrations de zinc et de fer des cultures végétales se développant dans une atmosphère élevée en CO2 seraient plus faibles que celles mesurées dans les conditions actuelles. Pour vérifier leur hypothèse, une méta-analyse des résultats de sept recherches réalisées au Japon, en Australie et aux États-Unis a permis de comparer les teneurs en nutriments de récoltes soumises lors de leur croissance à des concentrations de CO2 ambiantes et élevées. Les tests étaient effectués à l’aide d’une technique expérimentale (FACE ou free air CO2 enrichment) permettant d’évaluer la réponse des végétaux à des concentrations élevées de CO2. Les cultures étudiées comprenaient du riz, du blé, du maïs, du soya, des pois cultivés et du sorgo.

Évaluation risques/bénéfices de la consommation de fruits et légumes et l’exposition aux résidus de pesticides

La présence de pesticides dans les fruits et légumes inquiète beaucoup les consommateurs. L’ingestion de résidus de pecticide est associée à un risque accru de développer un cancer. Les scientifiques, pour leur part, considèrent que les risques associés à l’ingestion de pesticides par les fruits et légumes sont rarement significatifs d’un point de vue toxicologique. En contrepartie, plusieurs travaux de recherche semblent démontrer qu’une consommation accrue de fruits et légumes auraient un effet protecteur face à l’apparition de certains cancers. En 2007 une méta-analyse publiée par le Word Cancer Research Fund (WCRF) et de l’American Institute of Cancer Research (AICR) (WCRF/AICR 2007), a évalué le potentiel des fruits et légumes à protéger contre l’apparition de cancers. L’étude concluait à un effet protecteur « probable » pour différents sites de cancer : bouche, pharynx, larynx, œsophage, poumons, estomac.

Ces deux constats sont opposés au point de départ et il est…

Importance de l’exposition à l’acrylamide par l’alimentation chez des adolescents montréalais

En 2002, l’acrylamide, une substance cancérogène probable chez l’humain, a été détecté pour la première fois dans plusieurs types d’aliments cuits (EFSA, 2008). Cette substance peut se former dans les aliments d’origine végétale, en particulier les aliments riches en glucides et faibles en protéines, lors des processus de cuisson tels que la friture, la cuisson au four ou au gril et le rôtissage à des températures égales ou supérieures à 120°C (EFSA, 2008). En général, les croustilles de pommes de terre et les pommes de terre frites sont des aliments contenant de fortes teneurs en acrylamide, bien que les concentrations puissent varier considérablement d’un produit à l’autre. Becalski et al. (2003) ont observé que les concentrations d’acrylamide dans les croustilles de pommes de terre et les pommes de terre frites variaient respectivement entre 530 à 3 700 ng/g et 200 à 1 900 ng/g. Les biscuits, les céréales, le pain ainsi que d’autres aliments soumis à des températures élevées, comme les amandes grillées, sont aussi des produits susceptibles de contenir des concentrations variées d’acrylamide (Santé Canada, 2008). L’acrylamide a été également détecté dans le café, les olives noires et les pruneaux (CX/FAC, 2006).

Depuis sa détection dans différents types d’aliments, le Comité mixte FAO/OMS d’experts sur les additifs alimentaires (JECFA) a conclu que l’acrylamide constitue un risque pour la santé humaine (FAO/OMS, 2005). Des études ont donc été réalisées pour caractériser indirectement l’exposition à partir des concentrations mesurées dans les aliments. Les doses moyennes d’acrylamide dans la population générale ainsi estimées variaient de 0,3 à 0,8 μg/kg p.c.-jour (FAO/OMS, 2002).

L’utilisation de l’IRPeQ dépasse les frontières

Afin d’optimiser les rendements, les pesticides sont de plus en plus utilisés dans la production agricole des pays d’Afrique subsaharienne. Cependant, même si ces produits peuvent représenter des risques significatifs pour la santé et pour l’environnement, les agriculteurs de la commune rurale de Tori-Bossito, au Sud-Bénin, connaissent mal leur toxicité, ce qui peut avoir un impact réel sur l’utilisation sécuritaire des pesticides. 

C’est dans ce contexte que l’expertise québécoise a été sollicitée pour collaborer à une étude descriptive et analytique sur l’usage des pesticides en production maraîchère dans cette communauté située à 30 km de la ville de Cotonou. L’objectif de cette étude était de caractériser les risques environnementaux et sanitaires potentiels découlant de l’utilisation des produits phytosanitaires par les agriculteurs ruraux à l’aide d'indicateurs toxicologiques, écotoxicologiques et biologiques. L’intérêt de chercheurs africains pour l’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ), un outil de diagnostic et d’aide à la décision conçu pour optimiser la gestion des pesticides, a permis cette collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Alimentation locale et exposition au mercure en Amazonie brésilienne

L’exposition humaine au mercure (Hg) d’origine environnementale constitue un enjeu de santé publique depuis maintenant deux décennies en Amazonie. Les premières études menées à partir de la fin des années 1980 dans les bassins des rivières Madeira et Tapajós au Brésil suggéraient que l’utilisation de Hg dans les mines artisanales d’exploitation aurifère constituait la seule source de contamination environnementale au Hg. Toutefois, des études géochimiques subséquentes ont montré qu’en plus de l’orpaillage, le retrait de la couverture forestière occasionné par l’agriculture sur brûlis (technique traditionnelle pour cultiver la terre) rendait les sols plus vulnérables à l’érosion lors des pluies torrentielles qui s’abattent sur la région pendant plusieurs mois de l’année. Enfin, à ces sources de contamination au Hg, on reconnaît également aujourd’hui l’apport de la mise en eau de grandes surfaces de terres pour la construction de réservoirs d’eau à des fins hydroélectriques.

Une fois rendu dans le milieu aquatique, le Hg subit des transformations chimiques qui le convertissent en méthylmercure (voir encadré 1). Les racines des plantes aquatiques, qui sont très abondantes dans les lacs et les rivières de la région, constituent un lieu propice pour cette transformation. Le méthylmercure ainsi formé entre dans la chaîne trophique pour ensuite être assimilé par les poissons herbivores, puis par les espèces piscivores.

Exposition aux métaux d’origine environnementale au Nunavik

Les Inuits du Nunavik sont exposés aux métaux et aux polluants organiques persistants (POPs) transportés du sud au nord par les courants marins et atmosphériques, et bioamplifiés dans les chaînes alimentaires de l’Arctique. Comme leur régime alimentaire traditionnel comporte d’importantes quantités de mammifères marins, de poissons et de gibier, les Inuits sont davantage exposés à ces contaminants que les populations vivant dans les régions du sud du Québec.

Le mercure et le plomb affectent surtout le système nerveux et peuvent causer des déficiences intellectuelles, comportementales et motrices chez les enfants et les adultes1-9. Le principal risque pour la santé associé au cadmium est la toxicité rénale, tandis que l’exposition chronique peut aussi causer l’anémie, la perte osseuse et des maladies cardiovasculaires10. La présente étude a été menée dans le cadre de l’Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik en 2004 qui avait pour objectifs d’examiner les changements relativement à l’exposition des Inuits aux contaminants environnementaux en mettant à jour l’évaluation du degré d’exposition et de commencer à mesurer les contaminants environnementaux émergents.

Indicateurs de santé des océans et de santé humaine

Les rapports qui unissent les humains aux océans sont essentiels. Que ce soit comme apport nutritionnel, par les usages récréatifs ou l’exploitation de ressources médicinales, les océans contribuent au bien-être général des humains qui peuplent ses rives, c’est-à-dire environ 60 % de la population mondiale. Toutefois, la pression engendrée par le poids démographique qui s’ajoute à la dégradation des milieux côtiers, la variabilité climatique et l’industrialisation croissante, augmentent la contrainte sur les écosystèmes ainsi que les risques pour la santé humaine. Dans ce contexte particulier, la définition de la santé des océans est celle adoptée lors du panel sur la santé des Océans, organisé par l’UNESCO, soit le reflet des conditions de l’environnement marin et des impacts négatifs causés par les activités anthropogéniques, en particulier la destruction des habitats, la charge sédimentaire et la mobilisation des contaminants. La santé humaine correspond quant à elle à la définition de l’Organisation mondiale de la santé soit un état global de bien-être physique, social et psychologique.

Plus de deux milliards de personnes à travers le monde dépendent des ressources aquatiques comme source principale de protéines dans leur alimentation et, selon les données de la FAO, cette tendance ira en s’accroissant au cours des prochaines années. Dans un contexte de développement durable, la survie des populations côtières est largement dépendante des produits aquatiques non contaminés. Au cours des dernières années, plusieurs études épidémiologiques ont abordé la question de l’exposition humaine aux contaminants qui proviennent de la chaîne alimentaire aquatique. Toutefois, l'exposition cutanée et respiratoire peut également être impliquée dans l’exposition des populations maritimes à la contamination.

Évaluation des impacts sociosanitaires de la pêche au fleuve parmi la population défavorisée de Montréal-Centre

Cette étude a été rendue possible grâce à une subvention du Domaine d’intervention santé humaine de Saint-Laurent Vision 2000.

Contexte et problématique

Divers scientifiques et groupes environnementaux ont fait état, au cours des dernières années, de l’assertion suivante : les populations défavorisées des régions urbaines des Grands Lacs et du Saint-Laurent constitueraient un groupe particulièrement à risque du fait qu’elles seraient davantage exposées aux contaminants environnementaux par la consommation de poissons issus de la pêche de subsistance1-2. Une telle affirmation présume d’abord que ces populations pratiquent une pêche de subsistance dans les milieux pollués du fleuve, alors qu’à ce jour, cette pratique n’a jamais été démontrée de façon claire et aucune recherche n’a pu identifier à quel point la pêche dans le fleuve pouvait contribuer ou non à la sécurité alimentairea(voir encadré). Cette affirmation laisse également sous-entendre que les populations…

Aliments génétiquement modifiés et risques pour la santé

Le génie biotechnologique développe à rythme accéléré les techniques et les applications du transfert des gènes d’un organisme à un autre. Ce travail de précision à l’intérieur de la plus petite entité vivante crée, à partir de l’information génétique contenue dans l’ADN, de nouveaux agents actifs à l’intérieur de la cellule. Les aliments transgéniques sont le résultat de la technique de recombinaison d’ADN appliquée aux espèces vivantes comestibles. Cette technique permet la modification de plantes, d’animaux ou des micro-organismes par le transfert de gènes d’un organisme à l’autre. La manipulation consiste à isoler un gène étranger et à l’introduire dans une cellule hôte. Cependant, la compréhension des mécanismes d’adhérence et d’expression des gènes dans les cellules est limitée. Une nouvelle protéine se synthétise dans la cellule hôte à partir du code génétique du gène étranger. L’expression de nouvelles protéines confère de nouvelles propriétés à la cellule hôte. Les méthodes de recombinants d’ADN utilisent différents vecteurs pour effectuer le transfert de gènes, le vecteur étant un intermédiaire dans le processus de transfert génétique dont le rôle est de produire le gène en quantité importante en se multipliant. Les principaux vecteurs utilisés sont des virus, des bactéries ou des particules métalliques de tungstène ou d’or. Le choix du vecteur est spécifique à l’organisme hôte.

La dissémination des nouveaux gènes, leur évolution par mutation ponctuelle vers des résistances non souhaitables, leurs effets toxiques, allergènes ou cancérigènes potentiels inquiètent les membres de la communauté scientifique. Par contre, les possibilités de développement des organismes génétiquement modifiés (OGM) créent de nombreuses attentes (nouvelles cultures, médicaments, clonage de végétaux et d’animaux, amélioration de la valeur nutritionnelle, augmentation de la productivité pour des populations grandissantes, etc.); les enjeux sont ainsi d’ordre agricole, scientifique, social, politique, environnemental et économique.

Cet article s’intéresse particulièrement aux risques pour la santé que pourrait entraîner la consommation d’aliments génétiquement modifiés (AGM). Il est à noter qu’au Canada, les AGM se classent essentiellement en produits résistants aux herbicides ou insecticides, en produits résistant à certains virus végétaux, en produits dont la teneur en acide gras est différente de l’aliment déjà utilisé, et en produits dont le vieillissement est retardé. Les végétaux à caractères nouveaux sont notamment le canola, le maïs, la tomate, la pomme de terre, le soja, les graines de coton et les courges.