Consommation d’alcool
Alcohol Use Disorders Identification Test (AUDIT)
L’AUDIT à 10 items a été développé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) (Fiche 22, Questionnaire 19) (Barbor et al., 2001; Saunders et al., 1993). Trois domaines sont couverts par l’instrument, soit la consommation excessive d’alcool, la dépendance et la consommation pathologique. Ce qui le distingue du questionnaire CAGE (voir ci-dessous) est que l’AUDIT peut détecter des formes moins sévères de comportements problématiques à l’alcool (Bradley et al., 1998; Dhalla et Kopec, 2007). Cet instrument est critiqué pour certains aspects, tels que la répartition inégale des items au score total (p. ex. 3 items expliquent 90 % du score total) ainsi que pour identifier des personnes comme étant des consommateurs à risque alors qu’ils consomment souvent de l’alcool, mais ne présentent pas de signes problématiques (Bernards et al., 2007). De plus, il a tendance à sous-estimer la dépendance à l’alcool chez les femmes (Bradley et al., 1998). Son utilisation en clinique est tout de même recommandée pour effectuer le dépistage, mais cet instrument serait moins approprié dans des études populationnelles pour estimer des proportions de personnes à risque avec le seuil recommandé à sa conception (Bernards et al., 2007). Pour contourner ce problème, certaines études ont développé des sous-indicateurs (Fiche 22) (Bernards et al., 2007).
CAGE Questionnaire
Le questionnaire CAGE1 (ou le DETA, en français) permet d’identifier les personnes présentant des problèmes d’alcool, soit une consommation excessive d’alcool ou une dépendance (Fiche 23, Questionnaire 20) (Ewing, 1984). À seulement 4 items, il est un instrument court, facile à administrer et simple à compiler. Il est utilisé principalement en pratique clinique et ses qualités psychométriques sont bonnes (Dhalla et Kopec, 2007). Cependant, cet instrument fait l’objet de plusieurs critiques. Il estime la prévalence des troubles sur la vie entière, ce qui rend impossible la distinction entre les problèmes présents et passés. De plus, ses résultats ne sont pas satisfaisants chez les femmes et les adolescents (Bradley et al., 1998; Dhalla et Kopec, 2007; Knight et al., 2003). Il ne permet pas de faire le dépistage clinique des formes moins sévères de comportement problématique (Dhalla et Kopec, 2007). De plus, il ne serait pas un instrument efficace de dépistage en population générale. Cet instrument a été utilisé dans une enquête québécoise en 1992 et les tests de validité ont confirmé qu’il ne permet pas d’identifier les personnes qui consomment de l’alcool en excès (Bisson, Nadeau, et Demers, 1999).
Il existe une version qui permet de dépister les problèmes d’alcool et de drogues conjointement, soit le CAGE-AID. Ce sont les 4 mêmes items que l’instrument CAGE, mais chaque item doit être répondu en considérant la consommation d’alcool ou de drogues. Ainsi, le score ne permet pas de déterminer si le problème est causé par les drogues ou l’alcool. Cette version n’est donc pas conseillée, pas plus que la première, dans le contexte de surveillance post-sinistre.
Grille de dépistage de consommation problématique d'alcool et de drogues chez les adolescents et adolescentes (DEP-ADO)
La DEP-ADO est un instrument développé au Québec qui permet d’évaluer l’usage d’alcool et de drogues chez les adolescents (12 à17 ans) et de faire un dépistage de la consommation problématique. Développé principalement pour les intervenants, il est aussi utilisé dans les enquêtes populationnelles (RISQ, 2016). Relativement long, cet instrument de 27 items couvre toutefois l’alcool et la drogue (Fiche 24). Cet instrument permet de mesurer la consommation d’au moins 7 catégories de drogues au cours des 12 derniers mois, la consommation excessive d’alcool lors d’une même occasion et les conséquences négatives associées à leur consommation. Au Québec, il a été utilisé dans l’EQSJS (Tableau 3). Les qualités psychométriques de l’instrument sont acceptables; 80 % des jeunes sont classifiés correctement selon la DEP-ADO (Landry et al., 2005; Lécallier et al., 2012). Cet instrument est mis régulièrement à jour, ainsi, le questionnaire n’est pas intégré dans la boîte à outils, mais il est facilement disponible en ligne sur le site internet de Recherche et intervention sur les substances psychoactives – Québec (RISQ, 2016).
Autres questions en lien avec la consommation d’alcool
Puisque les instruments recommandés seraient moins efficaces pour estimer une différence dans la consommation d’alcool avant et après un événement, il peut être utile d’utiliser les questions en lien avec la consommation d’alcool déjà présentes dans les enquêtes populationnelles, même s’il ne s’agit pas d’instruments standardisés.
Dans l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), le module « Consommation d’alcool » permet de mesurer la fréquence de consommation (au moins 1 consommation et 4 ou 5 consommations lors d’une même occasion) au cours des 12 derniers mois. Une autre section du questionnaire permet de connaître le nombre de consommations chaque jour pour la dernière semaine (Questionnaire 21) (Statistique Canada, 2018). Ce module est disponible dans plusieurs cycles, ce qui facilite les comparaisons avant-après un événement (Tableau 4).
Une autre façon plus directe de mesurer la consommation d’alcool est de demander au répondant si sa consommation d’alcool a augmenté, diminué ou est restée stable après le sinistre. Un exemple de formulation pour estimer ce comportement est disponible au Questionnaire 21.
Citation suggérée : Canuel, M., Gosselin, P., Duhoux, A., Brunet, A., et Lesage, A. (2019). Boîte à outils pour la surveillance post-sinistre des impacts sur la santé mentale. Institut national de santé publique du Québec. Repéré à https://www.inspq.qc.ca/publications/2523.