Lymphogranulomatose vénérienne : avis sur le dépistage, la prise en charge clinique et la surveillance au Québec
Selon le Portrait des ITSS au Québec - Année 2014 (et projections 2015), un total de 10 cas de lymphogranulomatose vénérienne (LGV) a été déclaré entre 1990 et 2004; 25 cas l’ont été en 2005 et 44 en 2006. Entre 2008 et 2012, une période d’accalmie a été observée, le nombre de cas fluctuant entre 2 (2009) et 13 (2011) par année, pour une moyenne de 9 cas annuellement. À partir du printemps 2013, le nombre de cas déclarés augmente, atteignant un total de 49 pour l’ensemble de l’année 2013. En 2014, un nombre record de 62 cas a été observé au Québec. Selon les projections, le nombre de cas déclaré en 2015 sera près du double de celui de 2014 (115 vs 62). La presque totalité (99 %) des cas masculins pour lesquels le sexe des partenaires est connu sont des HARSAH.
- Jusqu’à récemment, la LGV était considérée comme une infection presque toujours symptomatique. La rectite est maintenant la manifestation clinique la plus rapportée chez les patients symptomatiques. Or, de plus en plus d’études démontrent un nombre significatif de cas asymptomatiques de LGV.
- En octobre 2014, l’Agence de la santé publique du Canada a élargi les indications de typage de LGV en présence d’un résultat C. trachomatis positif pour tout site de prélèvement, en recommandant « d’envisager » un génotypage LGV chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes asymptomatiques qui remplissent certains critères de risque spécifiques.
- Les recommandations québécoises en vigueur au moment de la rédaction de cet avis sont de procéder à un génotypage de la LGV lorsque demandé par un clinicien dans un contexte de syndrome compatible avec une LGV ou en présence d’un contact LGV documenté.
- Le présent avis avait comme objectif initial d’analyser la littérature et de formuler des recommandations quant à la pertinence et aux indications de procéder à un génotypage LGV chez des personnes asymptomatiques infectées par C. trachomatis. Au moment de la réalisation des travaux, d’autres besoins du réseau ont été exprimés et le mandat a été élargi.
Les recommandations principales décrites dans cet avis sont les suivantes :
- privilégier le test d’amplification des acides nucléiques comme analyse de laboratoire pour le dépistage et le diagnostic de la LGV. Par conséquent, la sérologie doit être retirée de la définition nosologique LGV, car elle ne devrait plus être utilisée.
- génotyper tous les échantillons rectaux positifs pour C. trachomatis (hommes et femmes, dans toutes les régions du Québec), pour une période de deux ans. Une analyse des résultats obtenus mènera alors à une réévaluation de la recommandation.
- réduire le temps-réponse pour l’obtention du résultat de génotypage LGV afin d’améliorer la prise en charge clinique et le traitement, de même que l’intervention auprès des partenaires. En ce sens, il est recommandé que cette analyse soit réalisée dans un laboratoire québécois.
- définir et documenter certains indicateurs afin d’établir si la stratégie proposée est efficace et devrait être implantée à plus long terme. Si la recommandation proposée est retenue, un devis détaillé devra être rédigé, dont la mise en œuvre dépendra des ressources disponibles.
- maintenir la vigie rehaussée des cas déclarés de LGV, afin de caractériser les cas. À cet effet, assurer la révision et la bonification du formulaire d’enquête épidémiologique afin de différencier les personnes infectées avec symptômes de LGV des personnes avec symptômes non spécifiques et des personnes asymptomatiques.
Au moment de la rédaction de cet avis, les guides d’usage optimal sur le traitement des infections transmissibles sexuellement et par le sang de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux n’incluaient pas de recommandations spécifiques pour les infections rectales. L’avis inclut une revue de la littérature et des lignes directrices, ainsi que des recommandations de traitement des personnes atteintes de LGV, de rectite et d’infections rectales à C. trachomatis, ainsi que de leurs partenaires sexuels.